Le régime syrien s'est dit prêt à prendre part à des négociations prévues fin janvier pour résoudre la guerre qui ravage le pays, mais attend de savoir quels groupes de l'opposition y seront conviés, Damas considérant la plupart d'entre eux comme des « terroristes ».
« La Syrie est prête à participer au dialogue intersyrien de Genève sans interférence étrangère », a déclaré hier le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem, lors d'une visite officielle en Chine. « Notre délégation sera prête dès que nous aurons reçu la liste de la délégation de l'opposition », a-t-il souligné.
La Jordanie, chargée par les 17 pays du Groupe de soutien à la Syrie de préparer une liste des groupes considérés comme terroristes à exclure des négociations, avait indiqué le 21 décembre qu'il y avait un « consensus absolu » pour écarter le Front el-Nosra et le groupe État islamique (EI). Le 10 décembre, une centaine de représentants des principaux groupes de l'opposition politique et armée réunis à Riyad avaient annoncé leur accord pour des négociations avec Damas, mais exigé le départ du président avec le début d'une éventuelle période de transition.
Parmi les autres points d'achoppement, celui justement de la mise en place d'une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs prévue par l'Onu. M. Moallem fait référence à un simple « gouvernement d'union nationale » qui, selon la Constitution actuelle, est présidé par le chef de l'État. « Ce gouvernement (d'union nationale) formera un comité constitutionnel chargé de réfléchir à une nouvelle Constitution avec une nouvelle loi électorale afin que des élections législatives puissent se tenir dans les 18 mois », a assuré M. Moallem.
(Repère : Retour sur quatre ans d'efforts pour tenter de régler le conflit en Syrie)
C'est la montée en puissance du groupe État islamique qui avait poussé, pour la première fois en près de cinq ans de conflit, les 15 membres du Conseil de sécurité, y compris la Russie, à adopter le 19 décembre une feuille de route pour une solution à la guerre en Syrie.
Avancée de l'EI dans l'Est
Sur le terrain, l'EI s'est emparé du quartier industriel de la ville de Deir ez-Zor (Est), après une violente offensive lancée mercredi matin, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'attaque a été déclenchée après que trois kamikazes de l'EI se furent introduits dans le quartier en faisant exploser leurs voitures piégées, tuant au moins 11 membres des forces loyales au régime d'Assad, a indiqué l'ONG. Les violents affrontements qui ont suivi ont alourdi le bilan, avec au total 26 combattants prorégime et 12 jihadistes tués.
(Repère : Les places fortes gagnées ou perdues par l'EI en Irak et en Syrie)
Mais sur le front nord, une coalition militaire arabo-kurde, appuyée par les raids de la coalition internationale conduite par les États-Unis, a gagné du terrain hier face aux jihadistes de l'EI, a indiqué le porte-parole du groupe. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont lancé leur offensive mercredi soir dans la province d'Alep (Nord), près de Kobané, a affirmé à l'AFP Talal Sello, le porte-parole de cette coalition formée principalement par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) et des combattants arabes.
« La bataille vise à libérer les régions situées entre le sud de la localité de Sarrine et le barrage de Tichrine », sur l'Euphrate, a précisé M. Sello, indiquant que les combattants des FDS étaient arrivés jeudi à 12 km du barrage. Ce barrage fournit en électricité de vastes régions dans la province d'Alep, selon l'OSDH. « Les violents combats se poursuivent, sur la rive est de l'Euphrate », a précisé M. Abdel Rahmane, confirmant l'avancée des FDS mais affirmant que les territoires repris à l'EI concernaient de petits villages.
Des violences qui continuent d'alimenter le flux de migrants syriens vers l'Europe. Hier, dix-huit migrants, dont plusieurs enfants, sont morts au large des côtes occidentales de la Turquie lors du naufrage, à l'aube en mer Égée, de leur embarcation qui se dirigeait vers l'île grecque de Lesbos, a rapporté l'agence de presse Dogan.
Lire aussi
"Quand le Hezbollah est arrivé, la fête de Noël est revenue"
Poutine assure que les frappes russes aident Assad, mais aussi l'opposition modérée
L'Onu adopte une résolution pour tarir le financement des jihadistes
« La Syrie est prête à participer au dialogue intersyrien de Genève sans interférence étrangère », a...
commentaires (4)
Négocier avec un Président qui a été plus de 250.000 fois assassin je ne vois pas comment c'est possible
FAKHOURI
12 h 08, le 27 décembre 2015