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Moyen Orient et Monde - Lutte antiterrorisme

L’Onu adopte une résolution pour tarir le financement des jihadistes

Tous les pays sont appelés à resserrer les mailles du filet.

Le ministre britannique des Finances George Osborne et son homologue espagnol Luis de Guindos Jurado, hier, à New York ont voté pour la résolution visant à assécher les ressources financières de l’EI. Mike Segar/Reuters

Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté hier à l'unanimité une résolution qui a pour but de frapper les jihadistes du groupe État islamique (EI) au portefeuille en tarissant leurs sources de financement. Le Conseil avait adopté en février une première résolution permettant de sanctionner les individus ou entités qui financent l'EI en lui achetant du pétrole de contrebande ou des objets archéologiques volés en Syrie et en Irak.

Pour la première fois, ce sont les ministres des Finances des 15 pays du Conseil qui se sont réunis hier à New York pour le faire. La résolution, un texte technique de 28 pages mis au point conjointement par Washington et Moscou, cible directement l'EI. Elle s'efforce de resserrer l'étau autour des millions de dollars que l'EI tire de trafics en tous genres sur les vastes territoires qu'il contrôle en Syrie et Irak. Elle demande aux pays « d'agir de manière énergique et décisive pour couper les fonds et autres ressources économiques » de l'EI, dont la contrebande de pétrole et d'antiquités, et pour sanctionner « de manière plus active » les soutiens financiers du groupe.

Ce texte « complète de précédentes mesures et renforce les outils existants », a souligné le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew qui présidait la séance. « C'est un pas important mais le vrai test sera d'agir résolument pour l'appliquer », a-t-il ajouté, appelant notamment à « une coopération en profondeur avec les partenaires privés ».
Un comité de l'Onu est aussi chargé depuis quinze ans de geler les avoirs financiers de tous ceux qui financent des groupes liés à el-Qaëda. Sa liste comprend déjà 243 individus et 74 entités. Le comité sera rebaptisé « Comité des sanctions EI-Daech et el-Qaëda ». Chaque pays est censé remettre dans un délai de quatre mois un rapport sur les mesures qu'il aura prises pour appliquer la résolution.
L'Onu devra aussi produire dans les 45 jours un « rapport stratégique » sur la menace jihadiste et sur les sources de financement de l'EI.

(Éclairage : Triple front diplomatique pour couper les vivres à Daech)

 

« Pression internationale »
La résolution « demande à tous les pays de criminaliser pleinement le financement du terrorisme (...) même en l'absence de tout lien avec un acte terroriste précis », souligne Adam Szubin, haut responsable du Trésor américain. Quand une banque détecte une transaction suspecte, celle-ci doit pouvoir être croisée avec des données sur les déplacements de suspects ou des informations de services de renseignements, explique-t-il.

De son côté, le ministre français des Finances Michel Sapin compte sur la « pression internationale » pour que tous les pays resserrent les mailles du filet. Par l'intermédiaire du Groupe d'action financière (Gafi), organisme intergouvernemental basé à Paris, rappelle M. Sapin, « chaque pays sera soumis à un examen pour savoir s'il a bien pris toutes les mesures nécessaires ».

Selon des experts, l'EI engrange 80 millions de dollars de revenus par mois dans les vastes territoires sous son contrôle en Syrie et en Irak. La moitié vient de taxes prélevées sur les entreprises et les commerces et du pillage des ressources (dont les antiquités) et 40 % environ de la contrebande du pétrole et du gaz. Ces millions de dollars servent aussi à gérer le territoire que l'EI contrôle et à fournir à ses habitants un minimum de services.

C'est le talon d'Achille de l'EI, explique M. Szubin. Le groupe « a besoin de transférer régulièrement de larges sommes pour payer les salaires, acheter des armes, maintenir les infrastructures et il doit donc accéder au système financier international », s'exposant aux contrôles. Ainsi, en Irak, le gouvernement a coupé les liens entre la Banque centrale et 90 agences bancaires opérant dans les territoires tenus par l'EI.

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commentaires (4)

Je suis d'accord avec les commentaires de vos lecteurs qui doivent réfléter la pensée de tout le monde. Pourquoi ne dénonce-t-on pas ceux qui profitent de l'enrichissement de Daesh ? C'est comme chez nous, chaque député menace de dénoncer un collègue ou l'autre, mais il se garde bien de dévoiler un nom quelconque. F. MALAK

Rotary Beyrouth

12 h 18, le 18 décembre 2015

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Commentaires (4)

  • Je suis d'accord avec les commentaires de vos lecteurs qui doivent réfléter la pensée de tout le monde. Pourquoi ne dénonce-t-on pas ceux qui profitent de l'enrichissement de Daesh ? C'est comme chez nous, chaque député menace de dénoncer un collègue ou l'autre, mais il se garde bien de dévoiler un nom quelconque. F. MALAK

    Rotary Beyrouth

    12 h 18, le 18 décembre 2015

  • FALLAIT LE FAIRE DÈS LE DÉBUT... MAIS MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 14, le 18 décembre 2015

  • Il n'est jamais trop tard mais on a envie de demander pourquoi voir attendu si longtemps???? Pour donner le temps a certaines familles mafieuses de s'en foutre plein les fouilles comme celle erdocon et de ses alliés.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 56, le 18 décembre 2015

  • "Le Conseil avait adopté en février une première résolution permettant de sanctionner les individus ou entités qui financent l'EI en lui achetant du pétrole de contrebande ou des objets archéologiques volés en Syrie et en Irak." Pourrait-on avoir une liste officielle de ces acheteurs qui sont si riches qu'ils peuvent fournir des millions tous les mois à l'EI? Je ne pense pas que ce soit les pays producteurs de pétrole, ni l'Iran, ni la Syrie, car cela aurait fait la une de la presse... Et qui sont ces individus/entités??? Pour ne pas qu'on les nomme, ils doivent bénéficier d'une haute protection...

    NAUFAL SORAYA

    08 h 23, le 18 décembre 2015

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