Gouvernement en suspens en Espagne: la Bourse de Madrid dans le rouge

Les marchés ont sanctionné lundi l'incertitude politique en Espagne, la Bourse de Madrid plongeant dans le rouge au lendemain des législatives qui ont laissé le parti conservateur sortant sans majorité.
Quelques minutes après l'ouverture, l'indice vedette Ibex 35 a chuté de 3%.

A 16h43, sa chute était de 2,28% et toutes les valeurs bancaires étaient en forte baisse.
Les analystes ont souligné que les cours les plus touchés, outre ceux des banques, étaient ceux des entreprises les plus dépendantes de l'Etat.

L'action de Banco Santander, première banque européenne en termes de capitalisation perdait 2,98% à 4,56 euros; la Caixa chutait de 7,05 % (3,36 euros) et Banco Popular de 6,40% (3,03 euros) notamment.
Le groupe d'aéroports Aena subissait aussi une chute de son cours de 5,19 % à 103,30 euros.

Seuls trois valeurs n'évoluaient pas en territoire négatif: le groupe de construction FCC (+3,55% à 7,38), le groupe aérien hispano-britannique IAG (+1,30% à 8,19) et le groupe d'infrastructures et de services Ferrovial, stable (0,05% à 20,69).

Le chef du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, a annoncé lundi qu'il allait "tenter de former un gouvernement", alors que son parti a recueilli le plus de votes mais seulement 123 sièges, loin de la majorité absolue.

La politique d'austérité et la corruption qui éclaboussait le Parti Populaire de M. Rajoy ont favorisé l'émergence de deux nouveaux partis, Podemos de gauche radicale et le libéral Ciudadanos, qui envoient respectivement au parlement 69 et 40 députés.

"La composition du nouveau parlement rend très difficile la gouvernance du pays", a commenté un analyste marché chez IG, Daniel Pingarron, selon lequel "l'hypothèse de nouvelles élections est de plus en plus évoquée". "C'est pourquoi l'Ibex 35 accuse aujourd'hui un écart de 3% avec d'autres sélections européennes", a-t-il dit.

Selon Daniel Pingarron, les investisseurs auraient été bien plus tranquilles si le petit parti Ciudadanos avait pu jouer un "rôle décisif dans un nouveau gouvernement" mais cette formation libérale n'est arrivée que quatrième.

Dans un communiqué, les analystes de l'entité financière Renta 4 s'inquiètent du "résultat encore plus fragmenté que prévu" des législatives. Pour eux, cela "va rendre plus difficile la poursuite des réformes nécessaires pour étayer une croissance durable" et "cette incertitude devrait se traduire par des chutes à la Bourse et des hausses de la prime de risque".

Face à une situation "imprévisible", les analystes de la banque Natixis redoutent ce qu'ils appellent un "scénario à risque", "une coalition PSOE-Podemos et d'autres partis", même s'ils l'estiment "hautement incertain".