Rechercher
Rechercher

Liban - Social

Leur premier enfant est né en voiture....

Nombreux sont les Libanais qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Aux dernières statistiques de la Banque mondiale, ils étaient estimés en 2011 à près de 28,5 % de la population. La situation ne s'est pas améliorée depuis. Les cas, non pas de pauvreté mais d'extrême pauvreté, ne se comptent plus.

Dans les locaux de l’association, des étagères remplies de denrées de première nécessité, comme dans un vrai supermarché. Sauf qu’ici, personne ne paie...

Très peu de Libanais sont conscients des situations d'extrême pauvreté qui les entourent. Soit parce qu'ils ne les voient pas, soit parce qu'ils ne se considèrent pas concernés. Il reste que certains des nôtres vivent ou plutôt survivent dans la précarité. C'est à ce niveau qu'intervient l'association Enfants de lumière. « Certaines familles sont plus démunies que d'autres », explique Ghada Abela, chef du comité de l'association dont la mission consiste à subvenir aux besoins alimentaires des familles en détresse, suivant un système qui les aide à préserver leur dignité.

Sammy H. et ses trois enfants font partie de ceux qui n'ont même pas le strict minimum. Pas de logement. Pas d'école. Pas de travail fixe. Ils manquent cruellement de tout. Ils ont parfois été obligés de vivre dans leur voiture, le seul bien qui leur est resté après avoir tout perdu, voire même dans une grotte. « Un de leurs enfants est d'ailleurs né en voiture, parce qu'à l'époque, le couple n'avait pas d'autre choix », raconte Ghada Abela.
Sa vie était ainsi faite de très peu de hauts et de beaucoup de bas. L'épouse de Sammy est morte d'un cancer du sein, il y a quelques années, laissant derrière elle trois enfants dont un souffrant d'un retard mental. N'ayant pas de travail fixe, Sammy H. n'a pas les moyens de payer les frais de scolarité des enfants. « Il se voit donc obligé de les déposer dans un orphelinat en cours de semaine et de les récupérer en week-end. Il effectue de petits travaux pour gagner sa vie. Tantôt il fait du jardinage, tantôt il devient chauffeur », ajoute-t-elle.
« À un moment de sa vie, il vivait dans une grotte à la montagne avec sa famille. Ils en avaient fermé l'entrée avec un drap. Quand la situation financière de Sammy s'améliore, il se permet de louer une chambre de bonne dans laquelle il installe ses enfants », poursuit Mme Abela.

L'histoire de Sammy est une parmi tant d'autres. Enfants de lumière est confrontée quotidiennement à la misère des familles, comme celle de cette femme que l'association aide tous les mois parce qu'elle n'a pas les moyens d'acheter du lait à son bébé. « Elle lui donne de l'eau et du sucre à boire dans son biberon pour qu'il arrête de pleurer lorsqu'il a faim », raconte encore la responsable de l'association.
Pour pouvoir lutter contre cette précarité, Enfant de lumière a déposé des boîtes en plexiglas à la sortie d'une trentaine de supermarchés. Elles permettent aux consommateurs de faire des donations en y déposant un ou plusieurs articles non périssables lors de leurs courses. Ces articles sont ensuite réorganisés sur les étagères des locaux de l'association, formant un semblant de supermarché où les familles dans le besoin viennent faire leurs courses gratuitement une fois par mois comme dans un vrai supermarché.
Chaque famille a son caddie et choisit les aliments qu'elle préfère ou dont elle a besoin. Ce système est très performant, explique Ghada Abela, et permet aux familles de recevoir de l'aide tout en préservant leur dignité. Aujourd'hui, Enfants de lumière nourrit 200 familles libanaises tous les mois.

Les donations faites par les consommateurs couvraient, il y a quelques années, 80 % des besoins des protégés de l'association. Elles sont cependant tombées à 20 % de leurs besoins aujourd'hui à cause de la situation économique. Des campagnes de collecte de fonds sont, depuis, organisées pour rassembler l'argent nécessaire à l'achat des produits alimentaires manquants. Des âmes charitables font parfois des dons considérables qui font une grande différence, mais cela reste insuffisant, précise Mme Abela. « Les familles qui ont besoin d'aides sont très nombreuses au point que nous n'arrivons pas à subvenir de manière adéquate à leurs besoins, faute de ressources financières », dit-elle, en expliquant qu'une « petite contribution de chacun, ne serait-ce que le dépôt d'un sac de riz ou d'un sac de sucre à la sortie du supermarché, pourrait faire une différence ».

Des boîtes en plexiglas se trouvent dans les supermarchés suivants :
Spinneys : Achrafieh, Jnah, Hazmieh, Dbayé.
Le Charcutier Aoun : Rabieh, Achrafieh, Jisr el-Bacha, Saloumé, Sed el-Bauchrieh, Antélias, Jeïita, Jbeil, Dekwaneh.
Fahed : Furn el-Chebback, Nahr el-Mott, Jounieh et Rabieh.
Bou Khalil : Antélias, Mkallès.
Béchara : Broummana.
Storium Saliba : Mazraet Yachouh.
Caliprix : Jounieh.
Métro : Maameltein.
Supermarket Jbeil : Jbeil.

 

Lire aussi
Des Tripolitains, jeunes et moins jeunes, prêts à tout pour rejoindre l'Europe

Au Liban, des enfants des rues se rêvent en fleuristes et boulangers

Les camps de réfugiés palestiniens au Liban, entre radicalisation et médiation

Très peu de Libanais sont conscients des situations d'extrême pauvreté qui les entourent. Soit parce qu'ils ne les voient pas, soit parce qu'ils ne se considèrent pas concernés. Il reste que certains des nôtres vivent ou plutôt survivent dans la précarité. C'est à ce niveau qu'intervient l'association Enfants de lumière. « Certaines familles sont plus démunies que d'autres »,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut