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Moyen Orient et Monde - Religion

« Cette décision anti-femmes est contraire à l’islam »

À Bombay, Noorjehan Niaz bataille contre les interdits imposés par une mosquée.

La mosquée Haji Ali Dargah est l’un des lieux les plus symboliques de Bombay et elle attire des milliers de visiteurs chaque semaine. Punit Paranjpe/AFP

Un groupe de femmes musulmanes a entrepris d'obtenir l'accès au sanctuaire d'une mosquée renommée de Bombay, une démarche qui pourrait ouvrir une brèche dans les restrictions d'accès des femmes aux lieux de culte en Inde. L'organisation qui soutient ces femmes est engagée dans un conflit judiciaire avec les gérants de la mosquée Haji Ali Dargah, construite au XVe siècle et fréquentée non seulement par des musulmans mais également par des hindous et des touristes. Les femmes sont interdites d'entrée dans le mausolée de la mosquée depuis 2011 quand la fondation qui gère l'édifice a estimé que la proximité de femmes avec la tombe d'un saint était un « péché grave » dans l'islam.
Bharatiya Muslim Mahila Andolan (BMMA) a déposé une requête auprès de la Haute Cour de Bombay pour qu'elle juge cette interdiction contraire à la Constitution. « Une décision favorable créerait un précédent et aurait un impact plus large à long terme », souligne la cofondatrice de BMMA Noorjehan Niaz. « Cela pousserait les femmes de toutes les religions empêchées d'entrer dans un lieu de prière à se tourner vers la justice avec des demandes similaires », ajoute-t-elle.
La mosquée est située sur un îlot accessible par une digue uniquement à marée basse. Elle a été construite en 1431 en mémoire d'un riche marchand qui a abandonné ses biens pour effectuer un pèlerinage à La Mecque. La légende veut que Pir Haji Ali Shah Bukhari, devenu un saint soufi, soit mort durant son voyage et que son corps ait été retrouvé au large de la mer d'Arabie au large de Bombay. La mosquée fut construite à cet endroit et sa tombe, ou « dargah », repose dans le sanctuaire. Une série de temples et de mosquées en Inde interdisent l'accès aux femmes. Le mois dernier, un temple du Maharashtra, l'État dont Bombay est la capitale, a suspendu sept gardes de sécurité parce qu'une femme avait marché sur une plate-forme pour prier une divinité, selon les médias locaux.

« Les femmes sont impures »
La mosquée Haji Ali Dargah est l'un des lieux les plus symboliques de Bombay et elle attire des milliers de visiteurs chaque semaine. Niaz explique que la fondation gérant les lieux a décidé d'interdire le mausolée aux femmes il y a quatre ans, mais qu'elles sont toujours autorisées dans les autres parties de la mosquée. Pour justifier leur décision, les dirigeants ont invoqué la menstruation, raison souvent invoquée par les responsables religieux conservateurs pour empêcher l'accès aux lieux saints. « Ils disent que les femmes sont impures. Mais les règles sont naturelles et ont permis à l'humanité entière de naître. Comment cela peut-il être sale ? C'est un argument ridicule et méprisant », dit-elle.
Après s'être plainte auprès de la fondation et de la commission pour la défense des minorités de l'État, elle s'est lancée dans une bataille judiciaire. « Ce sanctuaire est un symbole pour les gens de toutes les castes, religions et pays. C'est un lieu symbolique qui attire des gens du monde entier. » « Comment peut-on empêcher quelqu'un d'entrer dans un sanctuaire simplement car il s'agit d'une femme ? Cette décision antifemmes est contraire à l'islam et nous n'avons pas eu d'autre choix que les poursuites judiciaires. C'était notre dernier recours », dit Niaz. Un membre de la fondation a refusé de s'exprimer sur ce sujet, se contentant d'espérer une issue au différend lors de l'audience le 15 décembre. Maulana Mustaqeem Azmi, membre de l'ONG All India Muslim Personal Law Board, souligne quant à lui que cette règle est également appliquée dans d'autres mosquées. « Exiger d'entrer dans une tombe est contraire à la religion », dit-il.
Des avocats de défense des droits de l'homme soutiennent la cause des femmes mais sont dubitatifs sur leurs chances d'obtenir gain de cause. Ils plaident plutôt pour une loi interdisant à toute fondation d'empêcher l'entrée dans un lieu de culte sur la base du sexe. « Les femmes sont interdites dans de nombreux temples. Si vous menez le combat sur chaque cas, ce sera une bataille sans fin. Il faut donc que l'État intervienne », dit l'avocat Mihir Desai. En outre, « les tribunaux préfèrent ne pas intervenir sur les questions religieuses », souligne-t-il.

Peter HUTCHISON/AFP

Un groupe de femmes musulmanes a entrepris d'obtenir l'accès au sanctuaire d'une mosquée renommée de Bombay, une démarche qui pourrait ouvrir une brèche dans les restrictions d'accès des femmes aux lieux de culte en Inde. L'organisation qui soutient ces femmes est engagée dans un conflit judiciaire avec les gérants de la mosquée Haji Ali Dargah, construite au XVe siècle et...

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