Informations concordantes sur la libération imminente des militaires détenus en otages par al-Nosra

Plusieurs informations concordantes ont fait état hier soir d'une libération imminente des militaires otages retenus par le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, dans le cadre d'un échange avec des islamistes détenus dans la prison de Roumieh et dont l'organisation jihadiste réclame la libération.
Les soldats libanais avaient été kidnappés en août 2014, durant la bataille d'Ersal.
Selon la chaîne al-Jadeed, près de seize prisonniers auraient été transférés de Roumieh au siège de la Sûreté générale avec un passage obligé au Palais de justice, en prévision de l'échange qui pourrait avoir lieu dans les prochaines 24 heures. L'annonce concomitante du report de 24 heures également de la visite du Premier ministre, Tammam Salam, à Paris devait être un indicateur sur le sérieux de cette opération.
En tête de liste des prisonniers « libérés », Saja al-Doulaimi, l'ancienne épouse d'Abou Bakr el-Baghdadi, l'émir de l'État islamique, détenue à Roumieh après son arrestation depuis près d'un an.
Pour la première fois, les parties engagées dans la négociation depuis plusieurs mois ont réussi à préserver, relativement, la confidentialité de l'échange, à l'exception d'une fuite parvenue à la chaîne de télévision proche du régime syrien, al-Mayadeen, qui était la première à annoncer l'opération.
Sitôt la nouvelle relayée par les médias en soirée, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a indiqué que le dossier des militaires otages n'était toujours pas réglé. « Le dossier des militaires otages n'est toujours pas arrivé à son terme », a précisé l'officier lors d'une intervention télévisée, appelant les médias à ne pas se « lancer dans des conjectures » et à « cesser de donner de faux espoirs ».
Selon al-Jadeed, parmi les noms des détenus islamistes qui auraient été libérés, Mohammad Y, Mohammad H. Mohammad N., Ihab H., Abdel Majed Gh. D'autres devaient suivre en soirée. À noter que le médiateur qatari a joué un rôle majeur aux côtés de la Sûreté pour la réussite de cet échange, assure encore la chaîne.
Plus tôt dans la soirée, le cheikh Nabil Rahim, membre du Comité des ulémas musulmans qui a joué le rôle de médiateur dans ce dossier, avait indiqué que « plusieurs prisonniers ont été transférés de la prison de Roumieh vers le siège central de la Sûreté générale à Beyrouth », ajoutant que l'échange aura lieu samedi.
Des médias ont même indiqué que la libération allait intervenir dans la nuit, précisant qu'un convoi de la Sûreté générale, composé de 20 voitures, serait arrivé à Ersal pour accueillir les otages.
Vingt-cinq militaires libanais sont toujours aux mains des jihadistes d'al-Nosra et de l'EI, dont seize aux mains d'al-Nosra depuis leur capture. Quatre ont déjà été assassinés, dont Mohammad Hamiyé, tué par balle le 19 septembre 2014. Dans la journée, les services de renseignements de l'armée ont annoncé l'arrestation, lundi dernier, du bourreau de Hamiyé, Ali Ahmad Lakkis, alias Abou Aïcha, membre influent du Front al-Nosra au Qalamoun. Il a été arrêté à l'aéroport de Beyrouth alors qu'il tentait de fuir le pays muni d'un faux passeport syrien au nom de Imad el-Ghabra, pour se rendre en Turquie. Ce dernier était un artificier, proche d'Abou Malek Tallé, le commandant du front islamiste dans le Qalamoun. Le prévenu a indiqué lors de son interrogatoire que des explosifs qu'ils avaient confectionnés avaient été utilisés dans le cadre d'attentats au Liban. Il a également affirmé qu'il se trouvait avec les militaires otages et a reconnu avoir abattu le jeune Hamiyé.
Réagissant à l'annonce de son arrestation, le père du soldat, Maarouf, a remercié les forces de l'ordre, soulignant toutefois que c'est à Moustapha Hojeiri, alias Abou Takiyeh (accusé par les familles d'être responsable de l'opération de la prise d'otages), que nous demanderons justice en définitive.