Yémen : missile de fabrication britannique utilisé dans un raid contre une usine (HRW et Amnesty)

La coalition militaire arabe intervenant au Yémen a utilisé un missile de croisière de fabrication britannique dans un récent raid aérien contre une usine de céramique dans ce pays, ont annoncé mercredi Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué.

Ces deux organisations de défense des droits de l'Homme précisent, dans les conclusions d'une enquête conjointe, que la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite avait tiré le 23 septembre un missile de croisière sur la Radfan Ceramics Factory dans le village de Matna (province de Sanaa), faisant un mort.

Cela est contraire aux affirmations de Londres selon lesquelles "l'utilisation par la coalition (...) de matériel militaire britannique est compatible avec le droit humanitaire international et que le Royaume-Uni surveille très attentivement le respect" de ce droit, ajoute le communiqué.

Déplorant l'absence d'"enquête crédible", les deux ONG pressent le secrétaire au Foreign Office, Philip Hammond, de demander "d'urgence à la coalition une enquête crédible sur ce raid ainsi que sur d'autres raids qui semblent avoir violé les lois de la guerre", a déclaré Lama Fakih, conseillère pour les situations de crise à Amnesty International.

"Les dernières révélations montrent que la politique britannique est trompeuse et inefficace", a renchéri David Mepham, directeur de HRW pour la Grande-Bretagne, estimant que Londres devrait "suspendre les ventes de munitions aériennes à des membres de la coalition dans l'attente d'une enquête approfondie sur cette affaire".

La coalition arabe est intervenue fin mars au Yémen contre les rebelles houthis --issus de la minorité chiite zaïdite et accusés de liens avec l'Iran-- et en soutien au gouvernement reconnu par la communauté internationale. Elle a été à plusieurs reprises accusée d'avoir bombardé des cibles civiles. Le camp des Houthis, qui sont soutenus par une partie de l'armée restée fidèle à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, a également été accusé d'avoir visé les civils.

Depuis mars, le conflit a fait plus de 5.700 morts et quelque 27.000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Parmi ces victimes, près de 2.700 civils ont été tués et plus de 5.300 blessés, selon des estimations d'une agence humanitaire de l'Onu.