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Économie - Finance

Les banques grecques sauvées, mais toujours fébriles

Les quatre principales banques grecques achèvent leur recapitalisation après avoir réussi à lever cinq milliards d'euros (5,32 milliards de dollars) sur le marché privé, mais le manque de liquidités reste un casse-tête tant qu'une solution sur les créances douteuses n'est pas trouvée.
Prévue dans l'accord sur le prêt de 86 milliards d'euros (91 milliards de dollars) signé entre Athènes et ses créanciers en juillet, la recapitalisation de Banque nationale de Grèce (BNG), Alpha, Eurobank et Banque du Pirée doit parer aux massifs retraits de capitaux depuis décembre dernier, liés aux craintes entourant l'arrivée au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras, puis à la mésentente initiale avec les créanciers.
De décembre à juillet, ménages et entreprises ont retiré un quart de leur épargne, faisant passer le stock de 160 à 121 milliards d'euros (170 à 128 milliards de dollars). L'argent ne revient, très doucement, que depuis août, au prix d'un sévère contrôle des capitaux instauré fin juin.
La Banque centrale européenne (BCE) a chiffré le 31 octobre à 14,4 milliards d'euros (15,37 milliards de dollars) le capital supplémentaire nécessaire à ces quatre banques pour affronter un éventuel scénario économique négatif. Après différentes opérations financières, le total a été revu à 13,75 milliards (14,64 milliards de dollars). Finalement, « le montant rassemblé s'est élevé à 8 milliards d'euros (8,51 milliards de dollars) », observe auprès de l'AFP Panayotis Petrakis, professeur d'économie financière à l'université d'Athènes, et ces banques n'auront besoin que « d'environ 5,7 milliards » d'argent public pour faire le compte, selon la porte-parole du gouvernement Olga Gerovassili. Cette somme sera répartie à peu près par moitié entre BNG et Banque du Pirée, Alpha et Eurobank ayant réussi à s'en sortir seules sans injection publique.
L'État a désormais les moyens de ce financement, puisque le plan d'aide prévoyait 25 milliards d'euros (26,61 milliards de dollars) pour renforcer les banques, dont 10 milliards (10,64) viennent d'être transférés au Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) par le Mécanisme européen de stabilité (MES). La part du FHSF tombe selon les banques de 2,4 % à 30 % environ, contre une fourchette de 35,4 % à 67,3 % précédemment. Le Premier ministre Alexis Tsipras a jugé que « l'objectif de recapitalisation avait été atteint à temps. » Plus de risque de bail-in – renflouement des banques par leurs propres clients, NDLR – a confirmé hier le gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras.
Les 8 milliards levés se répartissent entre des opérations sur obligations existantes (LME), et levée de capitaux frais à hauteur de 5 milliards d'euros, chiffre dans lequel une source gouvernementale grecque voit le signe que « la confiance revient dans les perspectives de l'économie grecque et du système bancaire du pays ».
Mais parmi ces nouveaux investisseurs, attirés par des actions à prix ridiculement bas (entre 0,3 centime et 4 centimes) après des rabais massifs par rapport aux dernières cotations (-34,4 % à -93,8 %), figurent beaucoup de fonds spéculatifs, souligne le quotidien financier grec Naftemporiki. Et pour M. Petrakis, malgré ces prix bradés, la participation s'est montrée « hésitante », ce qui atteste encore d'une « certaine incertitude » sur la situation politico-économique du pays. M. Tsipras ne peut en particulier compter depuis jeudi que sur une majorité rabotée de 155 à 153 députés, sur 300, après le vote d'un nouveau train de mesures de rigueur, réclamé par les créanciers du pays avec lesquels il affiche sa volonté de s'entendre. M. Petrakis relève que gouvernement et banques doivent aussi trouver « une solution sur les créances douteuses qui plombent le secteur et constituent une menace » pour la reprise du crédit : au moins un tiers des remboursements de crédits sont en retard de plus de trois mois. Sous la pression des créanciers et des banques, le gouvernement vient d'inclure dans la loi votée jeudi des mesures réduisant la protection de la résidence principale des ménages endettés contre les saisies.
Pour M. Petrakis, le contrôle des capitaux imposé fin juin « a eu lieu très tard ». Selon lui, « le manque de liquidités est désormais un problème majeur ». Une source proche du ministère des Finances souligne aussi que la reprise du financement de la Grèce par ses créanciers n'a pas fait disparaître « le risque de liquidités » dans le pays.
Hélène COLLIOPOULOU / AFP

Les quatre principales banques grecques achèvent leur recapitalisation après avoir réussi à lever cinq milliards d'euros (5,32 milliards de dollars) sur le marché privé, mais le manque de liquidités reste un casse-tête tant qu'une solution sur les créances douteuses n'est pas trouvée.Prévue dans l'accord sur le prêt de 86 milliards d'euros (91 milliards de dollars) signé...

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