Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Scrutin

À une semaine des législatives, le parti d’Erdogan en campagne frénétique

L'AKP a « poussé la Turquie au bord de la guerre civile, à un point tel que les gens se haïssent », a accusé hier Selahattin Demirtas, leader du HDP.

« Ne me laissez pas entre les mains de (Devlet) Bahçeli (le chef des nationalistes) et (Kemal) Kiliçdaroglu (le dirigeant des sociaux-démocrates) ! » a lancé hier Ahmet Davutoglu à ses partisans. Bulent Kilic/AFP

À une semaine des législatives, le parti du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan met les bouchées doubles pour reconquérir sa majorité absolue perdue il y a cinq mois, dans un climat de tensions attisées par l'attentat d'Ankara et le conflit kurde.
Devant plusieurs milliers de ses partisans réunis à Istanbul, le Premier ministre et chef du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), Ahmet Davutoglu, a exhorté hier le pays à faire mentir les sondages qui lui prédisent un nouvel échec et à lui confier seul les rênes du pouvoir. « Le 1er novembre, nous serons de nouveau seuls (à gouverner) », a-t-il lancé à la foule, « ne me laissez pas entre les mains de (Devlet) Bahçeli (le chef des nationalistes) et (Kemal) Kiliçdaroglu (le dirigeant des sociaux-démocrates) ! »
Seul maître du pays depuis treize ans, l'AKP a subi le 7 juin un sérieux revers en ne recueillant que 40,6 % des suffrages, en recul de près de dix points par rapport à son score de 2011, et perdu le contrôle absolu du Parlement. Ce résultat a sonné comme une défaite personnelle pour M. Erdogan, qui avait pesé de tout son poids sur l'élection avec l'espoir que son camp réussisse le raz-de-marée nécessaire pour imposer la « superprésidence » de ses rêves. Et faute d'avoir réussi à former un cabinet de coalition, M. Davutoglu est reparti en campagne en se posant en garant de l'unité et de la sécurité du pays.
Depuis la fin juillet, des affrontements meurtriers ont repris entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont fait voler en éclats le fragile processus de paix engagé à l'automne 2012.
Trois mois après une attaque-suicide similaire dans la ville de Suruç frontalière de la Syrie, la Turquie a également été frappée le 10 octobre par l'attentat le plus meurtrier de son histoire. Attribuée aux jihadistes du groupe État islamique (EI), cette double attaque-suicide a tué 102 militants de la cause kurde, au cœur de sa capitale Ankara. « Mes chers frères, on essaie de briser notre nation, notre union, notre fraternité (...) mais nous allons avancer sans baisser les bras, nous ne tomberons pas dans leurs pièges », a répété hier M. Davutoglu.

Traîtres à la nation
M. Erdogan a lui aussi fustigé hier les « ennemis » de la Turquie. « Le 1er novembre est important. Vous donnerez la réponse qui convient à ceux qui veulent nous mettre en pièces, nous séparer », a-t-il lancé devant les militants d'un syndicat de fonctionnaires.
Comme il fait désormais à chacun de ses discours, M. Davutoglu a réservé ses coups les plus durs au principal parti prokurde du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP), présenté comme le « complice » des « terroristes » du PKK.
« Les traîtres à la nation (...) ont brisé la paix de notre pays », a-t-il dit hier. « Ça n'existait plus, tout ça (le conflit kurde), on avait nettoyé tout ça. Mais maintenant que le HDP a progressé, ça a recommencé, a déploré une militante de l'AKP, Makbule Cengiz, venue écouter M. Davutoglu. Il n'y a pas de stabilité possible sans l'AKP. »
En raflant 13 % des suffrages le 7 juin, le HDP a largement contribué à priver le parti de M. Erdogan de sa majorité absolue et est devenu son ennemi numéro un. Contraint d'annuler ses grandes réunions publiques par crainte d'un nouvel attentat, son chef de file Selahattin Demirtas rend coup pour coup au pouvoir, qu'il accuse d'être responsable de la reprise du conflit kurde et d'encourager les jihadistes. « Ils (l'AKP) ont poussé la Turquie au bord de la guerre civile, à un point tel que les gens se haïssent », a accusé M. Demirtas hier.

Polarisation... même au Japon
Nouvel exemple de la polarisation extrême du pays, douze personnes ont été blessées hier devant l'ambassade de Turquie à Tokyo lors d'échauffourées entre Kurdes et Turcs, où les expatriés turcs étaient appelés à voter par anticipation pour les élections législatives du 1er novembre. La police a dû intervenir pour ramener le calme.
Malgré ses efforts pour séduire l'électorat nationaliste, le pari de l'AKP est en passe d'échouer. Les dernières enquêtes d'opinion le créditent de 40 et 43 % des intentions de vote, mais de moins de la moitié des 550 sièges du Parlement.
Un tel scénario contraindrait à nouveau le parti de M. Erdogan à partager le pouvoir ou, en cas d'échec, d'organiser un nouveau scrutin.
(Source : AFP)

À une semaine des législatives, le parti du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan met les bouchées doubles pour reconquérir sa majorité absolue perdue il y a cinq mois, dans un climat de tensions attisées par l'attentat d'Ankara et le conflit kurde.Devant plusieurs milliers de ses partisans réunis à Istanbul, le Premier ministre et chef du Parti de la justice et du...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut