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Liban - Forêts

Adapter le reboisement au changement climatique

Une étude récente préconise la création d'un centre de semences au ministère de l'Agriculture et une approche participative dans les opérations de reforestation.

Les opérations de reboisement étant nombreuses au Liban, la mise en place d’un centre de semences pourrait permettre une plus grande coordination. Dans cette photo d’archives, des routiers plantant des arbres. Photo fournie par Jouzour Loubnane

Le changement climatique risque, dans les décennies à venir, de modifier la nature ambiante et, de ce fait, de bouleverser les habitudes et entraîner une modification des comportements. Cela est d'autant plus vrai dans le domaine du reboisement, qui va devoir prendre aujourd'hui en compte les changements de demain. Les résultats d'une étude intitulée « Les meilleures pratiques de reboisement au Liban pour améliorer la résilience climatique dans les régions montagneuses » ont été présentés hier par l'équipe qui en avait la charge, lors d'une conférence organisée à Beyrouth.
Traçabilité des graines, création d'un centre de semences pour une meilleure organisation des opérations de reboisement et introduction de l'approche participative en vue d'inclure tous les acteurs sont les points mis en valeur dans cette étude. Celle-ci a été effectuée à l'initiative du ministère de l'Agriculture, financée par le Programme sur les forêts (Profor) de la Banque mondiale (BM), avec une contribution de la FAO, et exécutée par le Centre technologique forestier de Catalogne (CTFC).
« Nous avons développé plsieurs programmes à la demande du ministère, précise à L'Orient-Le Jour Patricia Sfeir, directrice à Seeds-Int et consultante nationale dans le cadre de l'étude. Le premier porte sur l'enregistrement des semences, en d'autres termes un programme informatique qui permet de stocker les informations sur les graines afin que ces données soient disponibles au sein du futur Centre de semences. Il s'agira surtout de déterminer d'où proviennent les espèces et leur conférer une certaine traçabilité. Nous veillerons, par le même processus, à préserver la qualité des semences. »
Dans le cadre de cette étude, a également été conçu un modèle du futur Centre de semences, qui produira les graines d'espèces locales devant être utilisées pour le reboisement. « Il sera nécessaire de déterminer la provenance des graines et l'endroit où elles devront être plantées », poursuit-elle.
Mais le plus important reste, pour Patricia Sfeir, le plan participatif pour le reboisement au Liban. Comme son nom l'indique, il intégrera tous les acteurs concernés par cette activité. « Nous avons mis au point un manuel qui comporte les différentes étapes nécessaires pour la mise en place d'un plan de reboisement dans les régions, explique-t-elle. L'approche participative consiste à rapprocher les municipalités et les habitants pour que les décisions soient prises par consensus. Cette méthodologie a déjà été testée en deux sites pilotes au Liban : à Niha et Anjar, dans la Békaa. Les résultats sont encourageants : ce processus a poussé les municipalités de ces régions à avoir l'audace de soulever cette question avec les habitants, à les écouter, même s'ils ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde. Le dialogue à ce niveau est très important afin d'éviter le parachutage de techniques et de projets de reboisement, et les réactions négatives potentielles. Les habitants doivent être intégrés à ce dialogue et aux prises de décision. »
Un plan bien conçu déterminerait quel est le rôle de chacun des acteurs sur le terrain, comporterait une étude socio-économique et permettrait aux habitants de traverser sereinement la période de reboisement, selon elle.

Une différence d'approche
Quels changements la mise en application d'une telle étude permettrait-elle de réaliser, notamment dans une perspective de changement climatique ?
« C'est notre approche du reboisement qui sera modifiée, répond Patricia Sfeir. Le changement climatique va survenir, il faudra s'y adapter et lutter contre ses impacts les plus dévastateurs. Pour cela, il faut une entente sur la voie à suivre et il convient de réduire les résistances sur le terrain. Ainsi, quand les experts suggéreront de planter telle ou telle espèce parce que le changement climatique aura rendu d'autres espèces plus vulnérables, la décision ne se heurtera pas à l'incompréhension de gens habitués aux cultures précédentes. Nous avons, au contraire, besoin de la protection que peuvent apporter les habitants. »
Maurice Saadé, représentant de la FAO au Liban, rencontré sur place, estime qu'une telle étude contribuera à la réussite de projets futurs, tels que le projet de reboisement envisagé par cette organisation onusienne, avec un financement du Fonds mondial de l'environnement (GEF).
« L'approche participative sera essentielle pour notre projet de reboisement, affirme-t-il. Le Centre de semences sera également très utile pour déterminer la provenance des graines. Les donateurs se concertent et nous coordonnons avec le ministère de l'Agriculture pour réaliser ce projet. Il en ira de même pour le programme d'enregistrement des semences : la FAO lancera bientôt une unité de coordination pour le reboisement, située au ministère, afin de mieux faire circuler l'information entre les acteurs. » En effet, selon le représentant de la FAO, le manque de coordination et d'échange d'expériences était le point faible du secteur du reboisement au Liban. De telles mesures pourraient y remédier.

Le changement climatique risque, dans les décennies à venir, de modifier la nature ambiante et, de ce fait, de bouleverser les habitudes et entraîner une modification des comportements. Cela est d'autant plus vrai dans le domaine du reboisement, qui va devoir prendre aujourd'hui en compte les changements de demain. Les résultats d'une étude intitulée « Les meilleures pratiques de...

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