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Liban - Anarchie

Baalbeck livrée à l’insécurité et l’impunité

Cri d'alarme du mufti de la ville après la mort de quinze personnes en un mois dans des incidents divers.

Un angle de la ville de Baalbeck. Photo Reuters

C'est un cri du cœur qu'a lancé hier le mufti de Baalbeck, cheikh Bakr Rifaï, par le biais de L'Orient-Le Jour, à l'adresse des dirigeants politiques et des forces de l'ordre les incitant à intervenir pour sauver la ville et la Békaa. Baalbeck est livrée selon ses habitants à toutes les formes d'insécurité. En un mois, 15 personnes sont mortes victimes d'accidents de la route pour conduite irresponsable, de tirs en l'air ou alors de chutes d'obus lors de heurts entre clans rivaux.

« C'est devenu invivable à Baalbeck, nous sommes menacés de perdre notre vie par une balle perdue, par l'explosion d'un obus, pour une priorité de passage ou pour des incidents anodins qui dégénèrent rapidement en des rixes armées depuis quelques semaines », explique le mufti.
« Chaque incident entre deux individus ne se limite pas au jour même. Il a des retombées les jours suivants, et cela va des actes de vandalisme dont sont victimes les commerçants du souk principal de Baalbeck jusqu'aux tirs d'obus sur des quartiers de la ville, causant des dégâts aux magasins et tuant des passants innocents, tout ceci face à une absence totale des forces de l'ordre », se plaint le dignitaire sunnite.

« La semaine dernière, une dispute a éclaté pour une priorité de passage et a entraîné la mort de deux jeunes gens à dix mètres d'un poste des Forces de sécurité intérieure (FSI), qui n'ont pas levé le petit doigt pour arrêter les coupables », explique le cheikh. « Dans les jours suivants, un magasin a été saccagé et des vitres brisées, et un obus a été tiré dans un magasin plus loin en réaction à cet incident. Les commerçants ont alors décidé de protester en bloquant pour quelques heures l'accès au souk et les écoles ont fermé leurs portes afin de dénoncer cette situation devenue insupportable pour les habitants qui se plaignaient déjà des répercussions négatives de la guerre en Syrie et des événements de Ersal sur leurs finances », dit-il.

« Des voitures aux vitres sombres et des individus armés circulent librement dans la ville, suscitant la peur chez l'habitant, des criminels comme les auteurs de la fusillade de Btedaai (en 2014, au cours de laquelle deux personnes âgées, Nadima et Sobhi Fakhri, ont été tuées) sont toujours libres et les agents des FSI ou de l'armée ne pensent qu'à arrêter les gens pauvres et vulnérables qui construisent une maison sans permis ou qui creusent un puits au fin fond du jurd pour arroser quelques arbres », s'indigne-t-il.
« Nous exhortons toutes les forces de sécurité à intervenir auprès de nous en toute urgence car la situation risque de s'aggraver encore davantage, provoquant une fermeture définitive du souk de Baalbeck qui est devenu un champ idéal pour les règlements de comptes en toute impunité », lance le cheikh Rifaï.

« De deux choses l'une, ou bien les habitants seront contraints de quitter la ville ou bien ils choisiront de s'armer chacun comme il peut afin d'organiser leur propre défense, et à ce moment-là nous serons tous perdants! » souligne-t-il. « Par son laxisme, l'État semble encourager ces exactions et imposer l'impunité comme un fait accompli, ce qui est dommage! » conclut-il.
Hier encore, un habitant a été touché par une balle perdue dans le village de Taybé, dans la banlieue de Baalbeck.


(Pour mémoire : Les brigands sévissent et attaquent en toute liberté à Ras Baalbeck)

 

De Freige : Mettre fin à la situation de non-droit
Interrogé par L'Orient-Le Jour, le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, a considéré que « les forces de l'ordre devraient intervenir et mettre fin à cette situation de non-droit qui prévaut à Baalbeck et qui ne date pas d'hier ». Selon le ministre, « les repris de justice sont protégés et profitent d'une couverture politique, populaire et même communautaire dans cette région où la mentalité reste tribale ».
« Les services de renseignements de l'armée ainsi que ceux des FSI savent très bien où les trouver, mais leur nombre est devenu tellement important qu'une décision d'appliquer la loi dans cette région vaste et dont l'accès n'est pas de tout repos nécessite un effort considérable et des sacrifices colossaux mais non pas impossibles, de la part des forces de l'ordre », dit-il.

« La seule bonne nouvelle dans cette affaire, c'est la réaction des commerçants du souk de Baalbeck qui ont affiché enfin leur ras-le- bol, chose que nous n'avons pas l'habitude de voir dans cette partie du pays qui est contrôlée par des gangs organisés et armés jusqu'aux dents. Ceci encouragerait éventuellement d'autres régions à suivre l'exemple et dénoncer des exactions commises par des voyous en toute impunité sous prétexte qu'ils relèvent d'un certain parti politique ou d'un zaïm local quelconque », ajoute-t-il.

D'après le ministre, le Hezbollah, qui est de toute évidence la force politique omniprésente dans cette région, ne semble pas vouloir s'immiscer dans ces affaires, tout en invitant à chaque occasion l'État à réagir ! « Les coupables des crimes répétés dans cette région sont issus des tribus locales qui sont une force non négligeable que le Hezb cherche à ménager », explique-t-il.
« Mais, cela dit, le Hezb devrait commencer à changer de stratégie de non-ingérence et prêter main-forte à l'État », souligne M. de Freige. Dans le cas contraire, poursuit le député, « les habitants de ces régions qui se font agresser au quotidien remettraient en question la confiance aveugle qu'ils avaient » dans le parti chiite.

 

Pour mémoire
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commentaires (3)

Ne seraient-ils pas "ces takfiristes" dont on nous bassine les oreilles avec tout le temps ? !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 38, le 16 octobre 2015

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Commentaires (3)

  • Ne seraient-ils pas "ces takfiristes" dont on nous bassine les oreilles avec tout le temps ? !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 38, le 16 octobre 2015

  • Cela préfigure la vie libanaise si, par malheur, MA et HN prennent le pouvoir !!! Si les libanais ne sont convaincus des capacités de nuire de ces deux personnes, alors nous allons tous dans le mur

    FAKHOURI

    15 h 08, le 15 octobre 2015

  • Très cher Cheikh bidule, VOUS les aviez choisis et VOUS aviez voté pour eux et pour leur projet qui est tout sauf Libanais. Eh bien ou est votre Fakih pour régler vos problèmes maintenant! Vous n’êtes pour lui que de la chair a canon! Si vous voulez voir la ville de Baalbeck sécurisé par l’armée et la police, faite campagne contre les voyous d'Amal et du Hezbollah et formez une nouvelle base électorale pour préparer l'avenir! Ne votez plus jamais pour l'un de leur représentant. Pour finir, que les gens de la région arrêtent de fournir les mafias du parti de Dieu et d'Amal en argents, hommes et partisans. Devenez les indics de l’état pour dénoncer les criminels et ou ils se cachent et soutenez les forces de l'ordre afin qu'elle puisse agir sans vous avoir sur le dos dès qu'elle le font! Alors seulement vous aurez la paix et pourrez enfin vivre libre et respecté.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 39, le 14 octobre 2015

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