Les brigands sévissent et attaquent en toute liberté à Ras Baalbeck

Deux incidents se sont produits dans la nuit de lundi à mardi dans le nord de la Békaa. Les victimes sont des habitants de Ras Baalbeck, village grec-catholique à la frontière avec la Syrie.
Des hommes armés ont barré le chemin, au niveau de village de Makné, à un véhicule à bord duquel se trouvaient Fady Wakim, Tony Francis et Samir Nasrallah, un officier de la Sûreté générale. Les trois hommes rentraient chez eux, à Ras Baalbeck, en provenance de Beyrouth.
Les hors-la-loi ont ouvert le feu en direction de l'automobile qui ne s'est pas arrêtée. Fady Wakim, qui était derrière le volant, a été grièvement blessé. Après avoir reçu les premiers soins dans un établissement hospitalier de Baalbeck, il a été transféré dans un hôpital de la capitale.
Une demi-heure plus tard, un autre véhicule à bord duquel se trouvaient Rifaat Nasrallah et Khalil Chébaan, également de Ras Baalbeck et proches des hommes qui étaient à bord de la première voiture, et qui empruntait le même chemin de Beyrouth vers Ras Baalbeck, a été arrêté par des individus armés au niveau de Talia.
Les brigands les ont obligés de descendre du véhicule. Ils ont pris la voiture, qui appartient à Rifaat Nasrallah, et ont volé toutes les affaires personnelles des deux hommes, les laissant en pleine nuit sur le chemin.
À l'appel de l'évêque grec-catholique de Baalbeck, Mgr Élias Rahal, un sit-in a été organisé hier, à 16 heures, sur la route menant au village et auquel ont pris part également des notables et des habitants des localités voisines, notamment de Qaa, de Makné et de Laboué.
Dans un entretien téléphonique avec L'Orient-Le Jour, Mgr Rahal a appelé le président de la Chambre Nabih Berry, le Premier ministre Tammam Salam et le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah à « agir et à ne plus protéger les bandits et les brigands ».
« Cela a commencé il y a presque deux ans. Des malfaiteurs armés barrent régulièrement la route aux habitants des villages, leur volent argent et voitures. Les chrétiens des villages de Baalbeck-Hermel ne sont pas uniquement leurs cibles. Toutes les localités de la région vivent sous leur menace », a-t-il dit.
Ces bandits « relèvent de parties connues », a-t-il poursuivi sans pour autant préciser quelles sont ces parties. « Ils circulent à bord de voitures aux vitres fumées et sans plaques d'immatriculation et personne ne les arrête », a-t-il martelé.
« Ce sont ces groupes qui sont derrière le crime de Btedii (où deux personnes – un couple âgé – avaient été tuées chez elles en novembre dernier, par des malfaiteurs de la région, lors d'une course-poursuite, et qui jusqu'à présent n'ont pas été arrêtés) ou encore l'interception du convoi de l'évêque maronite Khalil Alwan, qui se rendait à Deir el-Ahmar, le mois dernier », a-t-il dit.

Deux kalachnikov dans chaque voiture ?
Le convoi, qui venait du siège patriarcal de Dimane, par le col de Aïnata, avait été intercepté par trois voitures et les bandits avaient pour leader un repris de justice qui jusqu'à présent n'a pas été inquiété. « Il faut que l'État agisse et nous protège. C'est lui seul qui devrait assurer la sécurité des citoyens. Dans le cas contraire nous aurons recours à l'autodéfense même si c'est une mauvaise option », a-t-il poursuivi. « Que voulez-vous ? Que nous nous promenions avec deux kalachnikov dans chacune de nos voitures pour pouvoir assurer notre sécurité ? » a-t-il demandé.
De son côté, le secrétaire général du Conseil supérieur melkite, le général à la retraire Charles Atta, a souligné qu'il fait assumer « ce laisser-aller sécuritaire dans la nord de la Békaa à tous les officiers, qu'ils appartiennent à l'armée ou aux FSI, qui sont présents dans la région ». « Ces bandits ont un passé lourd et il existe de nombreux mandats d'arrestation à leur encontre. De par ma propre expérience militaire sur le terrain, leur arrestation ne nécessite donc aucune autorisation de quiconque », a-t-il ajouté. Mettant en garde contre « une sécurité consensuelle », il a dit : « Au lieu d'arrêter les malfaiteurs, nous négocions avec eux pour libérer des otages. Nous assistons à des libérations d'otages, au paiement de rançons mais jamais nous n'avons été témoins de l'arrestation d'une bande de kidnappeurs. Le nombre de militaires dans la Békaa est de loin plus élevé que celui des hors-la-loi. Il n'existe donc aucune raison de laisser les bandits agir en toute liberté », a-t-il souligné.
Émile Rahmé, député maronite de Baalbeck-Hermel, a indiqué, pour sa part, que « les habitants du caza ne se tairont plus. Les brigands portent atteinte à la réputation des habitants de la région et des héros de la Résistance », a-t-il dit.