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Économie - Hydrocarbures

Moscou revoit à la baisse ses ambitions pour le gazoduc TurkStream

Un an seulement après que le projet de gazoduc TurkStream eut été dévoilé, le géant public gazier Gazprom semble se résoudre à un projet bien plus modeste. Archives AFP

La Russie, dont les relations avec la Turquie se crispent depuis le début de ses frappes en Syrie, revoit nettement à la baisse ses ambitions pour son projet de gazoduc TurkStream censé lui permettre d'approvisionner l'Europe en évitant l'Ukraine.
TurkStream a été dévoilé fin 2014 à la suite de l'abandon surprise, en pleine crise ukrainienne, du projet South Stream, bloqué par l'Union européenne. Il vise à développer les livraisons vers le marché turc mais aussi à servir de base à de futures livraisons vers le Sud de l'Europe. Le calendrier comme la taille du projet se voulaient ambitieux : début des travaux dès la mi-2015, premiers approvisionnements fin 2016 et, à terme, une capacité considérable de 63 milliards de m3 par an, soit environ 40 % de ce qu'exporte la Russie actuellement vers l'Europe.
Un an après, non seulement le projet semble au point mort, mais le géant public gazier Gazprom semble se résoudre à un projet bien plus modeste. Mardi, son directeur général Alexeï Miller a indiqué que ses capacités maximales seraient moitié moindres, à 32 milliards de m3 par an. Et hier, son numéro deux Alexandre Medvedev a reconnu que le dossier ne serait pas débloqué rapidement : « Dans la mesure où il n'y a pas d'accord intergouvernemental, les délais sont repoussés. » « Si ces délais s'allongent d'un an, cela ne sera pas un drame », a-t-il poursuivi.
L'horloge tourne : le contrat avec l'Ukraine encadrant le transit de gaz russe vers l'Europe (environ 15 % de la consommation du Vieux Continent) expire en 2019 et Moscou compte avec ses nouveaux projets se passer de ce voisin avec qui les conflits gaziers se multiplient depuis dix ans. Jusqu'à présent, Moscou met ces retards sur le compte de la politique intérieure en Turquie, où le parti au pouvoir a perdu en juin la majorité absolue au Parlement, et espère plus de clarté après les législatives du 1er novembre.
Mais Ankara a invoqué en septembre « un manque de confiance mutuelle » et depuis le contexte semble de moins en moins propice au dialogue. Les tensions entre les deux pays se sont nettement intensifiées depuis le début des frappes russes en Syrie, la Turquie dénonçant des violations de son espace aérien par l'aviation russe. Mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu : « Si la Russie perd un ami comme la Turquie avec laquelle la coopération est très développée, alors elle perdra beaucoup. »
Au-delà des brouilles actuelles, si Gazprom revoit actuellement sa copie, c'est surtout parce que « ses prévisions n'étaient pas réalistes : le groupe revient petit à petit à une position plus pragmatique », explique à l'AFP Valeri Nesterov, analyste à la banque Sberbank CIB, pour qui « le sud de l'Europe n'a pas besoin » des volumes prévus au départ.
Le groupe russe semble avoir changé son fusil d'épaule. Alors que TurkStream s'enlisait ces derniers mois, il a sorti de son chapeau fin juin un renforcement du gazoduc Nord Stream approvisionnant déjà l'Allemagne via la mer Baltique. Deux mois plus tard, il signait un pacte d'actionnaires pour ce « Nord Stream 2 » réunissant à ses côtés les grands énergéticiens européens : les groupes allemands BASF et E.ON, le français Engie, l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell.
L'option nord évite de devoir se mettre d'accord individuellement avec chaque pays, sous l'œil désapprobateur de Bruxelles qui veut diversifier les sources d'approvisionnement, sur un tracé terrestre. Pour l'instant, seule la Grèce s'est dit intéressée pour prolonger TurkStream en échange d'un financement russe. Ensuite, cela permet de viser des zones où la concurrence s'annonce moins violente que le « corridor sud » que rêvent d'alimenter l'Azerbaïdjan, des pays d'Asie centrale, le Qatar et pourquoi pas l'Iran.
Germain MOYON/AFP

La Russie, dont les relations avec la Turquie se crispent depuis le début de ses frappes en Syrie, revoit nettement à la baisse ses ambitions pour son projet de gazoduc TurkStream censé lui permettre d'approvisionner l'Europe en évitant l'Ukraine.TurkStream a été dévoilé fin 2014 à la suite de l'abandon surprise, en pleine crise ukrainienne, du projet South Stream, bloqué par...

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