La justice allemande a ouvert hier une enquête pour fraude concernant l'ancien président du directoire de Volkswagen Martin Winterkorn, en raison de la manipulation des tests sur les émissions polluantes des moteurs diesel du groupe.
Le constructeur allemand, devenu au premier semestre leader mondial des ventes, a pour sa part suspendu les responsables des activités de recherche et développement (R&D) de la marque Volkswagen, de la marque haut de gamme Audi et de la marque de voitures de sport Porsche.
Le scandale a déjà fait fondre la capitalisation boursière de Volkswagen de plus d'un tiers en l'espace d'une semaine et nombre d'observateurs doutent que les mesures annoncées jusqu'à présent par le géant allemand, notamment la nomination vendredi d'un nouveau président du directoire en la personne de Matthias Müller, suffisent à le sortir de la crise. L'action perdait encore plus de 8 % vers 14h45 GMT (18h45) à la Bourse de Francfort, soit la plus forte baisse de l'indice EuroStoxx 50 de la zone euro.
Cette affaire, qui ternit l'image de fiabilité de l'industrie allemande, ébranle l'ensemble du secteur automobile européen, objet d'une suspicion généralisée. L'organisation non gouvernementale Transport & Environment a affirmé hier que les nouveaux modèles de voitures des constructeurs automobiles européens rejetaient en moyenne 40 % de dioxyde de carbone de plus que ne le montrent les tests en laboratoire.
Le parquet de Brunswick, dont dépend la ville de Wolfsburg (Basse-Saxe), siège historique de Volkswagen, a précisé que l'instruction sur Martin Winterkorn, contraint à la démission mercredi dernier, portait sur « des allégations de fraude dans la vente de voitures avec manipulation des données d'émissions ». Selon des sources proches du groupe, Volkswagen a suspendu Heinz-Jakob Neusser, responsable du développement de la marque Volkswagen, Ulrich Hackenberg, responsable R&D d'Audi qui chapeaute le développement technique de l'ensemble du groupe, et Wolfgang Hatz, son homologue chez Porsche, chargé du développement des moteurs et des systèmes de transmission du groupe.
Une source proche du conseil de surveillance de VW a déclaré que le comité exécutif de cette instance se réunirait demain pour décider de confier une enquête externe au cabinet juridique américain Jones Day.
La crise ne manifeste toujours aucun répit, 10 jours après les révélations des autorités américaines.
Volkswagen, qui a reconnu avoir triché lors des tests pratiqués aux États-Unis, a déclaré que 11 millions de ses véhicules à travers le monde étaient équipés du logiciel à l'origine de la manipulation, sans préciser toutefois combien devraient être rappelés et reconfigurés. Audi a annoncé hier qu'il était concerné à hauteur de 2,1 millions de véhicules sur le total de 11 millions tandis que Skoda, autre marque du groupe Volkswagen, s'est dit affecté à hauteur de 1,2 million de voitures.
Deux journaux allemands ont rapporté dimanche que des employés de Volkswagen et l'un de ses fournisseurs l'avaient mis en garde depuis plusieurs années contre l'utilisation potentiellement frauduleuse du logiciel en cause.
Plus globalement, le doute est désormais jeté sur l'ensemble des procédures de vérification des émissions polluantes des voitures européennes. D'après l'ONG Transport & Environment, le scandale Volkswagen n'est que « la partie émergée de l'iceberg ». Elle affirme que certains modèles de Mercedes, BMW et PSA Peugeot Citroën consomment environ 50 % de plus de carburant que ne l'affirment les constructeurs et produisent donc davantage d'émissions toxiques.
Dans une lettre adressée aux employés de Porsche, dont il était le patron jusqu'à vendredi, et consultée par Reuters, Matthias Müller écrit : « VW est dans une situation dramatique. Ce sera loin d'être facile de rétablir la réputation de l'entreprise et de regagner la confiance des clients. »
(Source : Reuters)
Économie - « Dieselgate »
La pression continue de monter sur Volkswagen
OLJ / le 29 septembre 2015 à 23h39