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Moyen Orient et Monde - Reportage

« On attend désespérément un train. Il est où ce train ? »

Des milliers de migrants attendent un train qui doit les acheminer vers l’eldorado de l’Union européenne. Antonio Bronic/Reuters

Ils se lèvent pour se ruer sur le quai de la petite gare de Tovarnik égarée en sol croate au milieu de champs de maïs, tout près de la frontière avec la Serbie.
Mais ce n'est qu'une nouvelle fausse alerte pour les milliers de migrants qui sont dans l'attente d'un train qui tarde à venir ici, dans l'est de la Croatie, pour les acheminer vers l'eldorado de l'Union européenne. Certains portant des bébés dans les bras, ils cherchent ensuite à regagner leurs places à l'ombre de quelques arbres, alors qu'un soleil de plomb s'acharne à la mi-journée. Béret bleu foncé sur la tête, engoncés dans des gilets pare-balles, une vingtaine de policiers croates des forces antiémeute, matraque à la ceinture, avancent d'un pas lent mais ferme le long du quai. Les rails sont désormais « zone interdite ». « On attend désespérément un train. Il est où ce train ? » interroge d'une voix fatiguée Mohammad, un Afghan âgé de 27 ans. « Je suis sur les routes depuis deux mois, je veux arriver enfin à bon port », dit cet homme maigre, chemise blanche et barbiche bien soignée, qui voyage avec son épouse avec pour destination « l'Autriche ou l'Allemagne ».
Non loin, au milieu de cette foule bigarrée, une femme, la seule portant un tchador noir, les yeux dissimulés par des lunettes de soleil, joue avec ses trois enfants. Près d'elle, son époux lit. Un carton posé sur le trottoir en guise de tapis de prière, un homme d'une trentaine d'années s'agenouille, pose son front sur la terre avant de se lever les yeux fermés et les paumes orientées vers le ciel. Il est le seul à prier, au cœur de cette foule du Moyen-Orient, formée essentiellement de musulmans, certains fuyant des zones de conflit en Syrie et Irak.

Après deux heures de marche...
Casquette de base-ball sur la tête, Sara, une Syrienne de Damas, est tout sourire. Heureuse de pratiquer son anglais, elle remercie les volontaires locaux qui viennent d'offrir un minimum de nourriture et de compassion. « Je viens de manger du pain et de "La Vache qui rit" », un très connu fromage français, s'esclaffe-t-elle. Avant de devenir sérieuse : « J'étais étudiante en médecine. Deuxième année, tient-elle à préciser. Avec ma mère, nous sommes arrivées ce matin en autobus à la frontière serbo-croate. » « Puis nous avons marché pendant deux heures à travers les champs avant d'arriver ici. Mon oncle nous attend à Brunswick » (Basse-Saxe), en Allemagne, précise la jeune femme. Comme elle, des centaines d'autres migrants sont arrivés dans la nuit de jeudi à vendredi à Sid, dans le nord de la Serbie, à la frontière avec la Croatie, en face de Tovarnik.
Et le flot est loin de s'être tari dans ce pays membre de l'UE, sur le territoire duquel plus de 13 000 migrants sont entrés depuis mercredi matin, à la recherche d'un nouvel itinéraire vers l'Europe occidentale après que la Hongrie eut fermé sa frontière avec la Serbie. Des journalistes de l'AFP ont vu hier en milieu de journée de petits groupes de migrants s'avancer à travers les champs, en territoire croate, depuis la Serbie. T-shirt mouillé de sueur, mégaphone à la main, un homme gros, arabophone travaillant pour les autorités croates, se promène parmi les migrants excédés et donne des consignes que personne ne veut écouter. « Non, je ne sais pas quand le prochain train va arriver », admet-il, alors que le précédent a quitté cette gare dans la nuit.
Sur le parvis de la gare, une dizaine de tentes sont dressées tout près d'une demi-douzaine de toilettes mobiles installées par les autorités. Des bambins jouent dans la poussière, trébuchant insouciants dans un tas d'immondices. Un camion-citerne arrive. Hommes et femmes, jeunes et vieux se réjouissent comme des enfants en s'aspergeant d'eau fraîche.

Calin NEACSU/AFP

Ils se lèvent pour se ruer sur le quai de la petite gare de Tovarnik égarée en sol croate au milieu de champs de maïs, tout près de la frontière avec la Serbie.Mais ce n'est qu'une nouvelle fausse alerte pour les milliers de migrants qui sont dans l'attente d'un train qui tarde à venir ici, dans l'est de la Croatie, pour les acheminer vers l'eldorado de l'Union européenne....

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