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Culture - BD

L’Arabe du futur va à l’école

Riad Sattouf livre, à nouveau, une bande dessinée autobiographique réussie. Ses aventures espiègles charment, mais n'apprendront rien de neuf aux Libanais francophones – il n'a toujours pas été traduit en arabe...

Radios, télévisions, couvertures d'hebdomadaires, en tête de gondoles dans les supermarchés comme des librairies indépendantes, il était partout. Pendant les quelques semaines de promotion de son nouvel ouvrage, beaucoup de Français – et de francophones – ont eu l'impression de vivre avec Riad Sattouf. Il faut dire que le premier album (L'Arabe du futur 1, publié chez Allary éditions) avait été un immense succès en 2014 : plus de 200 000 exemplaires vendus.
Une véritable performance pour une bande dessinée autobiographique qui a autant charmé le quidam que les spécialistes. L'artiste a d'ailleurs été adoubé par la profession au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême en 2014 en recevant le Fauve d'or du meilleur album de l'année. Depuis, le premier opus a fait du chemin. Il a été traduit en quatorze langues, dont le coréen, le norvégien ou, plus surprenant encore, le catalan. Pas de traduction en langue arabe jusqu'ici. La question reste, pour l'instant, sensible. L'auteur souhaiterait attendre que la série soit terminée pour être traduite dans « des pays de langue arabe (...) démocratiques », comme il le confiait au quotidien Le Monde.

Sans surprises
Les lecteurs ayant plongé dans le premier tome ne seront pas surpris de retrouver le monde décrit par les yeux naïfs du petit Riad, au milieu des années 80. Les connaisseurs, le peuple du Moyen-Orient n'y découvriront certainement rien de nouveau, ayant vécu la plupart de ces désagréments du quotidien.
La Syrie de Hafez el-Assad vivait tellement en autarcie qu'il y était impossible de trouver une seule marque étrangère dans les supermarchés. D'ailleurs, lorsque le petit Riad part en vacances en Bretagne avec ses grands-parents maternels, ce n'est pas un hasard si son lieu préféré s'avère être un hypermarché. Ce « magasin immense où il y avait tout (...) c'était le meilleur endroit sur Terre », dit l'enfant. En contraste avec le blocus qui rendait les étals des supermarchés syriens vides. Il en était de même pour l'électroménager, que son père Abdel-Razak faisait venir en contrebande en provenance du Liban. Le contexte de la guerre froide et la force de persuasion de l'URSS sur la Syrie deviennent encore davantage tangibles dans cette suite de L'Arabe du futur. Enfin, les Libanais ne s'étonneront certainement pas des coupures d'électricité décrites par le Franco-Syrien...
Aussi, Riad Sattouf ne s'en cache pas. Avec sa série L'Arabe du futur comme avec ses précédents ouvrages – dont l'hilarant Pascal brutal –, l'artiste fait de la BD pour toucher un large public. Il cite par exemple Hergé comme modèle d'inspiration. Durant sa « promotion marathon », l'auteur a répété à l'envie qu'il avait imaginé cet ouvrage afin que sa « grand-mère maternelle puisse le lire ». Et sa famille paternelle alors ? L'homme, qui compte aussi à son palmarès les 900 000 entrées pour son film Les Beaux Gosses, travaille déjà sur son troisième tome, avant qu'un quatrième ne suive. Il se démène actuellement afin de faire connaître L'Arabe du futur à l'étranger, au Brésil, au Canada et aux États-Unis. Pourtant, Riad Sattouf ne devrait pas faire d'apparition au Salon du livre de Beyrouth en octobre prochain. Peut-être lorsqu'il aura fait la paix avec le Moyen-Orient, sa langue et son peuple ?

*disponible à la librairie Antoine

Baisse de régime pour « L'Arabe du futur 2 » ?
Ils sont tous là. Le père maladroit et adorateur du panarabisme, la mère aimante et attentionnée, le violent cousin Anas ou encore la grand-mère maternelle marquée par la Seconde Guerre mondiale. Riad a grandi, il a désormais six ans. Le petit garçon est terrorisé à l'idée de faire sa première rentrée en Syrie. Pour cause, la maîtresse frappe – de toutes ses forces – les élèves avec un bâton à la moindre faute. Derrière ses « cheveux blonds d'actrice californienne qui volent dans le vent », comme il se décrit dès la première vignette, Riad Sattouf continue à mettre en images, avec un humour doux-amer, les stigmates et souvenirs heureux d'une jeunesse passée sous la dictature assadienne. Les vignettes sont toujours autant expressives, mais le rythme se ralentit, l'histoire stagne parfois. L'envie de lire les futurs épisodes reste cependant intacte.

Radios, télévisions, couvertures d'hebdomadaires, en tête de gondoles dans les supermarchés comme des librairies indépendantes, il était partout. Pendant les quelques semaines de promotion de son nouvel ouvrage, beaucoup de Français – et de francophones – ont eu l'impression de vivre avec Riad Sattouf. Il faut dire que le premier album (L'Arabe du futur 1, publié chez Allary...

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