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L'ultime tentative d'Obama pour fermer Guantanamo

Le principal obstacle est le sort qui doit être réservé aux détenus, jugés trop dangereux pour être remis en liberté mais dont l'inculpation se révèle extrêmement épineuse.

"Vous ne pouvez pas simplement changer le code postal de Guantanamo et espérer que cela mette fin aux problèmes de droits de l'homme et efface la tâche que Guantanamo a laissé sur la réputation des Etats-Unis", affirme Naureen Shah d'Amnesty International. AFP PHOTO/Jim WATSON / FILES

Entré dans la dernière ligne droite de son mandat, Barack Obama prépare une ultime tentative pour fermer la prison de Guantanamo. Mais pour tenir cette promesse de campagne, il devra vaincre de farouches résistances et se résoudre à de difficiles compromis.

Lorsque le Congrès fera sa rentrée début septembre, Lisa Monaco, conseillère du président américain pour l'antiterrorisme, et Ash Carter, chef du Pentagone, présenteront un nouveau plan pour fermer cette prison hautement controversée, créée il y a 13 ans sur l'île de Cuba dans la foulée des attentats du 11 Septembre 2001.
Obama a promis de fermer ce camp de prisonniers, jugeant incohérent de "conserver une prison que le monde condamne et que les terroristes utilisent pour recruter". Mais une fois dans le Bureau ovale, il s'est enlisé dans un imbroglio juridique et politique. Le projet vise à lever les restrictions qui pèsent sur le transfert des détenus vers les Etats-Unis. Deux lieux sont à l'étude: la prison militaire de Fort Leavenworth (Kansas, centre) et celle de Navy Brig à Charleston, en Caroline du Sud (sud-est).

 

(Lire aussi : Torture et faux aveux : un détenu de Guantanamo publie son journal intime)


L'initiative pourrait susciter des réticences au niveau local. Mais le principal obstacle est d'abord et surtout le sort qui doit être réservé à ces détenus, jugés trop dangereux pour être remis en liberté mais dont l'inculpation se révèle extrêmement épineuse. Certaines voix s'élèvent déjà pour mettre en garde contre la tentation de pérenniser sur le sol américain un système de détention illimitée objet de toutes les critiques. Une telle solution, affirment-ils, reviendrait à déplacer, plutôt qu'à fermer la célèbre prison. "Vous ne pouvez pas simplement changer le code postal de Guantanamo et espérer que cela mette fin aux problèmes de droits de l'homme et efface la tâche que Guantanamo a laissé sur la réputation des Etats-Unis", résume Naureen Shah d'Amnesty International.

Pour que le Congrès à majorité républicaine accepte de lever les restrictions sur les transferts de prisonniers, M. Obama sait qu'il va devoir faire des compromis. Et l'administration Obama pourrait considérer qu'accepter une forme de détention provisoire étendue est le prix à payer pour tourner cette page sombre.

 

(Lire aussi : Guantanamo, 12 ans d'existence et toujours 154 détenus)

 

'Sentiment d'urgence'

Le sénateur John McCain, qui a ouvert la porte à l'examen du projet d'Obama par le Congrès, est favorable à la fermeture mais veut des garanties pour s'assurer que ses détenus n'obtiendront pas de droits supplémentaires. 

Quelque 116 prisonniers sont écroués à Guantanamo contre près de 700 en 2003. Sur ce total, 52 détenus ont été déclarés transférables, souvent en raison du manque de preuves à leur encontre, et sont appelés à être renvoyés dans leur propre pays ou dans un pays tiers. Mais nombre d'entre eux sont originaires du Yémen, qui est en proie à une guerre civile sanglante. "Personne ne va envoyer des individus vers le Yémen aujourd'hui", reconnaît Cliff Sloan, ancien envoyé spécial pour la fermeture de Guantanamo au sein du département d'Etat. Cependant, insiste-t-il, cela ne doit pas empêcher de poursuivre les efforts, de nombreux pays alliés ayant offert leur aide sur ce dossier. "Il devrait y avoir des transferts tous les mois", estime-t-il. "Il devrait y avoir un sentiment d'urgence à agir".

Le sort de plusieurs hommes dont le transfert a été approuvé de longue date mais qui sont toujours dans le camp a suscité des interrogations sur l'attitude du ministère de la Défense, soupçonné de traîner des pieds.
Le Yéménite Tariq Ba Odah, actuellement en grève de la faim, est libérable depuis 2009. Selon des sources proches du dossier, le Pentagone s'inquiéterait qu'un éventuel transfert ne pousse d'autres détenus à se lancer à leur tour dans une grève de la faim.

La Maison Blanche assure que "l'ensemble de l'équipe de sécurité nationale du président travaille dans l'unité pour tenir l'engagement du président à fermer Guantanamo". Entre la difficile recherche d'un compromis au sein du Congrès et les tensions au sein de sa propre administration, M. Obama est loin d'avoir partie gagnée.
Guantanamo, l'un des premiers dossiers qu'il a trouvé sur son bureau en arrivant en janvier 2009, pourrait bien aussi être l'un de ceux qu'il devra transmettre à son successeur, en janvier 2017.

 

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