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Liban - Tradition

Le nouvel ambassadeur de France évoque « la responsabilité historique » à l’égard du Liban souverain

À la messe annuelle à l'intention de la France, Mgr Paul Matar a insisté sur la nécessité de l'élection d'un président de la République avant d'entamer toute réforme, aussi justifiée soit-elle.

Mgr Matar célébrant la messe, en présence de l’ambassadeur de France et de son épouse, ainsi que de nombreuses personnalités. Photo Marwan Assaf

La France « a une responsabilité historique » envers le Liban et elle s'engage en sa faveur « pour lui seulement » et « sans arrière-pensée ». Ces mots sont ceux du nouvel ambassadeur de France au Liban, Emmanuel Bonne, qui s'exprimait au cours du déjeuner offert par l'archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Paul Matar, à la suite de la messe annuelle à l'intention de la France. Mgr Matar, au cours de la même occasion, s'est demandé jusqu'à quand le Liban devrait encore souffrir de la vacance présidentielle.
La messe annuelle à l'intention de la France, qui coïncide avec la fête de l'Assomption, a été célébrée hier par Mgr Paul Matar au siège estival de l'évêché à Aïn Saadé, en présence de M. Bonne et de son épouse. De nombreuses personnalités étaient présentes, notamment les députés Fouad el-Saad, Nadim Gemayel, Élie Aoun, Salim Salhab, Nagi Gharios, Hikmat Dib et Ghassan Moukheiber, l'ambassadeur du Liban à l'Unesco Khalil Karam, les anciens ministres Michel Eddé et Wadih el-Khazen, le président de la Ligue maronite Samir Abillamaa, le conseiller près l'ambassade de l'Ordre souverain de Malte François Abi Saab, et le secrétaire général du Comité de dialogue islamo-chrétien Hareth Chéhab.
L'homélie de Mgr Matar tout comme les discours qui ont été prononcés au cours du déjeuner qui a suivi ont tout naturellement été axés sur la solidité des relations franco-libanaises, sur la crise que traverse le Liban en écho à la crise régionale, et sur la protection des chrétiens d'Orient.
Dans son homélie, Mgr Matar a rendu hommage à « cette France (qui) a assumé, au cours de son histoire, la mission d'aider, de protéger et d'accueillir des hommes et des femmes en détresse ». « Elle s'est fait championne des libertés et des droits de l'homme, a-t-il poursuivi. Que cette France continue ce témoignage par lequel elle honore Dieu et sert l'humanité entière. »
Le prélat s'est aussi attardé sur la paix malmenée au Moyen-Orient. « Pourtant, la vraie paix est à portée de nous : si visible sur le visage des enfants et de leurs mères, si audible dans le chant des oiseaux, si transparente dans la nature revêtue de sa parure printanière, a-t-il poursuivi. Mais elle ne peut être goûtée que par un cœur qui s'est réconcilié avec son frère, son voisin ou même l'étranger. »

Initiative française pour les chrétiens d'Orient
Au cours du déjeuner, M. Bonne a prononcé un discours qui, a-t-il rappelé, est le premier discours officiel de son mandat d'ambassadeur de France au Liban. Un pays qu'il connaît, se disant « fier et ému de servir aujourd'hui la France au Liban ».
« Je dois beaucoup à votre pays : j'en ai des souvenirs d'enfant, j'y ai voyagé lorsque j'étais tout jeune encore, j'y suis revenu pour étudier, a-t-il déclaré. Je n'ai jamais cessé d'aimer le Liban et de vouloir y revenir. Me voilà donc de retour. Quinze ans après. Je mesure l'ampleur des défis auxquels les Libanais sont aujourd'hui confrontés. Je mesure aussi l'ampleur des attentes à l'égard de la France. »
Pour lui, aujourd'hui, « le Liban (...) a une valeur plus grande que jamais ». « Son destin nous importe, a-t-il ajouté. La France le sait : elle a une responsabilité historique à l'égard de votre pays. Quand elle s'engage pour le Liban, c'est pour lui seulement qu'elle le fait. Elle n'a pas d'arrière-pensée. Elle ne fait pas de calculs compliqués et n'échange rien au Liban contre quelque chose ailleurs. »
L'ambassadeur de France affirme que son pays « s'engage pour ce Liban-là, souverain, celui des libertés et de la diversité, celui qui appartient à tous les Libanais ». « Et je peux apporter le témoignage personnel que ce sont toujours les Français qui – sur la scène internationale et à tous les niveaux – prennent l'initiative de parler du Liban à ceux qui ont une influence ici, a-t-il insisté. C'est nous qui avons voulu mettre en place un Groupe international de soutien au Liban. C'est nous qui menons aujourd'hui la négociation pour renouveler, au Conseil de sécurité, le mandat de la Finul au sein de laquelle servent 850 soldats français. C'est nous encore qui allons à Téhéran, à Riyad et ailleurs dans la région dire qu'il faut protéger les Libanais des guerres à leurs frontières et les aider à résoudre leurs différends. »
M. Bonne décèle trois priorités de la France aujourd'hui : la première est de « créer sur la scène internationale les conditions pour que les Libanais restent maîtres de leur destin et résolvent – en toute indépendance et dans le respect de la souveraineté de ce pays – la crise politique qui menace aujourd'hui de paralyser les institutions de l'État ». La deuxième est de contribuer à la sécurité du Liban. À cet égard, l'ambassadeur évoque l'engagement français dans la Finul et le contrat franco-saoudien pour l'armée libanaise. La troisième est de soutenir le Liban dans la prise en charge des réfugiés syriens sur son sol. M. Bonne précise, à cet égard, que « 98 % des demandes d'asile que (les réfugiés syriens) nous adressent reçoivent aujourd'hui une réponse favorable ».
Abordant le sujet des crises au Moyen-Orient, l'ambassadeur de France a souligné l'engagement de son pays contre le terrorisme, notamment contre Daech. Tout en reconnaissant que toutes les communautés souffrent de la violence, il s'attarde sur les exactions commises contre les communautés chrétiennes d'Orient. « La France veut alerter le monde sur la spécificité des crimes commis par les terroristes contre les minorités – notamment les chrétiens – parce qu'elles sont visées en tant que telles », dit-il. Et d'ajouter : « C'est dans ce contexte que – fidèle encore à son histoire – la France prend l'initiative pour que les chrétiens d'Orient et l'ensemble des communautés minoritaires dans la région y gardent leur place légitime et soient protégées des violences que les groupes terroristes exercent contre elles. C'est le sens de la réunion que le ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, a convoqué au Conseil de sécurité des Nations unies au mois de mars dernier. Et c'est aussi l'objectif de la conférence internationale que la France organise à Paris le 8 septembre prochain sur la protection des victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient. »

« Le Liban peut-il souffrir davantage de la vacance présidentielle ? »
Mgr Matar, qui s'est également exprimé au cours de ce déjeuner, a plaidé pour l'élection d'un président de la République. Il a commencé par reconnaître que « la participation au pouvoir est une exigence inhérente à la structure même du Liban comme à sa vocation : il n'est ni juste ni tolérable qu'une partie de la population se sente lésée dans ses droits fondamentaux ».
« Cependant, a-t-il poursuivi, il faut discuter entre nous des voies à suivre et du timing opportun pour procéder à chaque réforme voulue et nécessaire. Faut-il engager toutes nos réformes avant l'élection d'un nouveau président de la République, ou bien élire un chef de l'État avant d'entreprendre les réformes nécessaires, qui bénéficieront de son concours et de sa contribution ? Le Liban peut-il patienter davantage et souffrir de l'absence d'un président à la tête de ses institutions ? Que faire si des années se passent sans qu'un nouveau président ne soit élu ? (...) Faut-il rappeler qu'il est de notre intérêt de préserver notre "légalité" qui, à son tour, nous protègera de tout dérapage imprévu, voire dangereux ? »
L'archevêque maronite de Beyrouth a également abordé la problématique des chrétiens d'Orient. « Nous, chrétiens du Liban et d'Orient, nous n'avons nullement la volonté de nous désolidariser de nos frères musulmans, a-t-il dit. Ensemble, nous devons forger un destin commun et lutter pour une vie meilleure, pour les droits et la liberté de tous. Bien sûr, les chrétiens d'Orient ont le droit de réclamer une citoyenneté entière. Personne ne peut leur demander de renoncer à leur dignité d'hommes. Cependant, nous ne cherchons pas à nous isoler mais à progresser avec tous nos concitoyens. Toutefois, il faut aussi que nos partenaires suivent le même chemin avec nous. »

La France « a une responsabilité historique » envers le Liban et elle s'engage en sa faveur « pour lui seulement » et « sans arrière-pensée ». Ces mots sont ceux du nouvel ambassadeur de France au Liban, Emmanuel Bonne, qui s'exprimait au cours du déjeuner offert par l'archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Paul Matar, à la suite de la messe annuelle à l'intention de la France....

commentaires (3)

"La France n'est pas la France sans la grandeur". "La grandeur de la France est indispensable à la liberté du monde". Charles de Gaulle

Un Libanais

14 h 47, le 09 septembre 2015

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Commentaires (3)

  • "La France n'est pas la France sans la grandeur". "La grandeur de la France est indispensable à la liberté du monde". Charles de Gaulle

    Un Libanais

    14 h 47, le 09 septembre 2015

  • dans la situation actuelle de la France sur le plan économique, financier, intervention en Afrique, inféodé à Obama, faut-il espèrer une aide efficace pour construire le Liban ? Le Hezbollah n'a que faire de la France, M.Aoun également Alors, il faut éviter de leurrer le peuple libanais abandonné par tous les pays composant l'ONU, ne serait-ce pour soutenir et aider le Liban qui a accueilli un nombre de réfugiés syriens bien au dessus de ses capacités d'accueil. Faire espérer dans ces conditions manque d'honnêteté intellectuelle et surtout d'honnêteté tout court

    FAKHOURI

    13 h 20, le 17 août 2015

  • La générosité de la France envers le Liban n'aurait-elle pas un moyen d'emporter certains chefs politiques de ce pays ? Il y aurait alors des solutions pour ses énormes problèmes.

    Halim Abou Chacra

    05 h 17, le 17 août 2015

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