Ils sont en voie de disparition. Il n'y a pas si longtemps, les spectateurs attentifs sortaient leurs briquets afin de communier avec l'artiste sur scène. De petites flammes ondulaient et quelques-uns se brûlaient même le bout des doigts. Le geste, un brin suranné, avait néanmoins son charme. Et puis un petit malin a eu la terrible idée d'activer l'écran lumineux de son smartphone ou de faire scintiller sa torche numérique. Terminée l'angoisse de mettre le feu à la chevelure du fan qui se trouve à vos côtés. Mais voilà. La chaleur qui émanait de la flamme n'est désormais plus là.
Depuis l'avènement des smartphones hautement pixellisés, un pas supplémentaire a été franchi. Que ce soit dans un lieu clos ou pendant un festival, lors d'une représentation classique ou d'un concert de rock, il y a toujours quelqu'un qui souhaite figer l'instant. Les spectateurs se transforment ainsi en caméramen bas de gamme, improvisés et irrespectueux. Au festival de Jounieh en juillet dernier, la pop star Jessie J a même demandé à son public de lâcher les smartphones afin de se concentrer sur sa prestation. La supplique n'avait eu que très peu d'écho parmi le très jeune public.
S'il n'y a rien de gênant à vouloir immortaliser quelques secondes d'un concert afin de rendre jaloux son entourage, il est tout de même nécessaire de demander jusqu'où cela va aller ? Souvent, les chansons s'enchaînent et le poing reste levé. Les malheureux des rangs de derrière assistent donc au concert à travers un miniécran baladeur. Sympathique, étant donné le prix souvent prohibitif des affiches.
Trop occupé à réaliser sa vidéo (afin de récolter des likes en cascade), le spectateur n'est plus vraiment là. Son souvenir se résumera à un écran. Et la magie du direct ? Effacée. Pourquoi ne troquerions-nous pas ces vidéos de piètre qualité contre un souvenir de concert qui nous marquerait à vie ? La prochaine fois, ouvrons bien grands les yeux et les oreilles, cela suffira amplement. Et pitié, rangez ces perches à selfie.
Culture - Billet
Recherche spectateurs désespérément
OLJ / Par Brice LAEMLE, le 10 août 2015 à 00h00