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Lifestyle - La mode

Azzedine Alaïa dans l’écrin de la villa Borghese

Depuis le 11 juillet et jusqu'au 25 octobre prochain, la Galleria Borghese accueille parmi ses peintures et sculptures une exposition des créations du grand couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa. « Il ne s'agit pas d'une exposition de mode », insiste la directrice de l'émouvant musée romain, Anna Coliva.

Azzedine Alaïa, un créateur discret.

Le discret Azzedine Alaïa, qui n'a jamais fait de publicité pour ses collections, qui s'est même permis de disparaître huit ans des défilés, entre 2002 et 2010, et qui tient par-dessus tout à rester en marge des modes et des tendances, livre dans une installation à la villa Borghese la vision de « sculptures souples » faisant écho aux marbres et peintures baroques et néoclassiques de la galerie. Dirigée en collaboration avec Alaïa par le commissaire néerlandais Mark Wilson (qui a déjà travaillé avec le couturier sur d'autres expositions muséales, au Groninger Museum aux Pays-Bas, en 1998, à la Brant Foundation, New York, en 2002 et de nouveau au Groninger en 2011), cette exposition a ceci de particulier qu'elle est cette fois intégrée dans un contexte, celui d'une maison patricienne du XVIIe siècle peuplée d'œuvres appartenant au patrimoine artistique de l'humanité. D'ailleurs, Mark Wilson relève qu'Azzedine Alaïa est un « artiste classique » avant d'être un styliste. Un « classicisme » qui s'allie aux collections de la villa.

Des « sculptures souples »
« Ceci n'est pas une robe », pourrait aisément dire Alaïa de tout vêtement qui sort de ses ateliers. Car le créateur taille dans le matériau, se laisse dicter son geste par la résistance, la résilience ou la souplesse du tissu, du cuir ou de la peau qui file entre ses doigts. À la manière d'un sculpteur, il creuse une taille, trace une courbe, peaufine un drapé et livre avec la complicité des textures une célébration pure et simple du corps féminin. Et sa sensualité répond avec bonheur aux corps nus du Bernin et d'autres sculpteurs prestigieux, taillés dans un marbre de carrare transformé par leur art en une matière souple et docile, posés dans ce musée romain « qui exalte le triomphe de la beauté des corps », comme l'indique le communiqué de présentation de l'exposition. Communiqué qui souligne par ailleurs qu'« Alaïa a choisi un moyen subversif d'habiller le corps ».

Dans l'écrin de la Galleria Borghese, sous l'intitulé Couture/Sculpture, « ce n'est pas une exposition de mode qui est donnée à voir, mais une exposition sur la sculpture, et plus précisément sur la statue », a donc précisé Anna Coliva. Et de fait, « le grand couturier franco-tunisien y propose des "sculptures souples" faites d'un matériau différent du bronze et du marbre : le tissu dans toutes ses textures », a ajouté la directrice du musée. Selon l'AFP, « dans toutes les salles, sur deux étages, des silhouettes mystérieuses se détachent en douceur du riche décor polychrome : des robes longues, de toutes les nuances sombres et intenses, viennent s'allier, comme pour le plaisir, aux marbres. Elles ont été disposées là par Azzedine Alaïa en vertu d'une alliance subtile avec le style de chaque pièce. De chaque salle, ces robes rehaussent une couleur secrète et dominante – or, gris, noir, pourpre, vert d'eau, jaune... qu'on ne perçoit pas au premier abord – et correspondent souvent avec les œuvres qu'elles côtoient. Ainsi, de chaque côté de la gracieuse "Jeune Maure avec un enfant et un chien", au vêtement de marbre blanc, œuvre de la "bottega" de Giovanni Battista della Porta, deux tuniques immaculées d'Alaïa semblent l'éclairer de l'extérieur ».
Toutes sans visage, les robes d'Alaïa semblent pourtant vivantes en même temps que figées aux côtés des marbres qui les entourent. Sans tête, leur mystère et leur pouvoir de fascination sont également dus au fait qu'elles sont présentées sur des mannequins invisibles, en plexiglas parfaitement moulés à leur taille.

Selon les organisateurs des expositions de la Galerie Borghese, cette exposition s'intègre dans une suite conçue «pour exprimer les aspects historiques, philologiques et contemporains de la collection, avec l'objectif d'explorer au-delà de ses propres sphères. Pour cette raison, la galerie, comme une entité fluide, entend adopter une autre forme à chaque exposition, son histoire se poursuivant dans le monde contemporain ». Azzedine Alaïa est devenu en un demi-siècle, sans publicité ni promotion pour ses vêtements qu'il présente le plus souvent de façon privée, internationalement reconnu avec ses robes sculpturales. Depuis Diana Vreeland, papesse de la mode du XXe siècle et pionnière des expositions de mode, la mode n'a jamais été aussi présente au musée. L'année 2015 aura été marquée par les brillantes expositions de Jean-Paul Gaultier au Grand Palais, à Paris, Alexander McQueen au V&A, à Londres, et Karl Lagerfeld au Centre national d'art et d'expositions de Bonn, en Allemagne. En 2014, l'exposition Dries Van Noten au Musée des arts décoratifs, à Paris, avait attiré non moins de 180 000 visiteurs.

Le discret Azzedine Alaïa, qui n'a jamais fait de publicité pour ses collections, qui s'est même permis de disparaître huit ans des défilés, entre 2002 et 2010, et qui tient par-dessus tout à rester en marge des modes et des tendances, livre dans une installation à la villa Borghese la vision de « sculptures souples » faisant écho aux marbres et peintures baroques et néoclassiques...

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