Abdallah Taleb a 62 ans. À l'âge de la retraite pour certains, ce natif de Taybé, Marjeyoun, a décidé de présenter le brevet libanais sur un banc d'école, aux côtés d'adolescents de 14 ans et plus. Une première au Liban où le décrochage scolaire laisse de nombreux élèves sur le pavé. Les réactions n'ont pas tardé. Solidaires, les médias ont salué le courage, la détermination et la persévérance du candidat Taleb. Ils lui ont souhaité de réussir et d'aller plus loin. Assurément, le sexagénaire est un exemple à suivre pour les jeunes et pour toutes les personnes qui peinent à poursuivre leur éducation pour une raison ou pour une autre.
Les félicitations étaient unanimes... ou presque. Car un média télévisé, par la voix d'un humoriste, a pris la mauvaise direction, celle d'ironiser sur l'âge avancé du candidat, sur ses projets d'avenir, et même sur ses risques d'échec. Une voix discordante de bien mauvais goût, indécente, accompagnée de rires gras à la limite de l'insulte, qui a fait l'effet d'une bombe sur les réseaux sociaux. Poussant les internautes à critiquer vertement le présentateur, et la victime à réclamer des excuses officielles à la chaîne en question.
N'en déplaise à certains, Abdallah Taleb est aujourd'hui l'exemple. L'exemple que le citoyen admire et salue bien bas, car il touche au droit à l'éducation, à l'égalité des chances pour tous, indépendamment de l'âge, de l'appartenance, du statut, de la nationalité, du parcours de vie, des handicaps... Un droit sacré pour chaque enfant, pour chaque femme, pour chaque homme, sans exception. Un droit reconnu par le ministère de l'Éducation, lequel s'emploie à rendre l'éducation plus accessible, même aux marginaux, avec les moyens du bord bien évidemment. Il faut dire que la société civile veille, tenace et intraitable.
Les belles initiatives sont alors applaudies. Comme celle de H.N., une détenue de 26 ans, ancienne toxicomane soutenue par Dar al-Amal, qui présente les épreuves du bac libanais scientifique depuis la prison de Baabda. Ou celles d'enfants malades, qui poursuivent leur éducation et présentent leurs examens scolaires depuis leur lit d'hôpital, avec l'assistance de Myschoolpulse.
Au lendemain de la Journée mondiale contre le travail des enfants, ces quelques belles leçons d'espoir ne peuvent plus rester des exceptions. Mais elles doivent se généraliser à travers le pays et jusqu'aux confins des différences. L'éducation pour tous n'est-elle pas le moyen par excellence pour faire évoluer les sociétés et pour lutter contre le travail des enfants ?
Liban - Citoyen grognon
Le brevet à 62 ans
OLJ / Par Anne-Marie El-HAGE, le 13 juin 2015 à 01h07
commentaires (3)
Bravo!!!! Toujours plus haut!!!!
Nicolas Bassili
20 h 39, le 13 juin 2015