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Liban - TSL

Yeux bandés, mains ligotées et absence d’avocat : un témoin raconte les méthodes d’interrogatoire des FSI

La chambre de première instance du Tribunal spécial pour le Liban a entendu de nouveau hier le témoignage du vendeur de la Mitsubishi Canter qui avait servi pour le transport des explosifs dans l'attentat du 14 février 2005, un Libanais travaillant dans une salle d'exposition de voitures usagées à Tripoli, principalement importées du Golfe. Le témoin, qui bénéficiait de mesures de protection – voix altérée et visage flouté –, a livré son récit par vidéoconférence à partir de Beyrouth. Le vendeur avait décrit la semaine dernière les deux hommes qui s'étaient présentés à lui pour acheter la Mitsubishi et la manière dont s'est faite – un peu à la va-vite – la transaction.
Hier, il a été longuement questionné par le président de la chambre, le juge David Re, sur l'interrogatoire qu'il avait subi en avril 2006 au siège des Forces de sécurité intérieure libanaises, soit 15 mois après la vente du véhicule qui avait ciblé le convoi de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Les questions du juge Re, survenues un peu par surprise durant le témoignage du vendeur, ont fait ressortir plusieurs irrégularités procédurales, voire légales, commises par les agents des FSI au plan des droits du suspect. On apprend ainsi que le vendeur – malade à l'époque et suivant un traitement médical – a été amené de chez lui les mains menottées, interrogé à deux reprises les yeux bandés, privé de médicaments et de nourriture durant toute une journée. Il n'avait pas non plus été informé de ses droits, notamment celui d'appeler sa famille ou de bénéficier d'un avocat. Le témoin a indiqué avoir été terrifié durant son arrestation et n'avoir appris que bien plus tard la raison pour laquelle il avait été arrêté. Ces méthodes, tristement célèbres au cours des interrogatoires au Liban, sont de toute évidence en violation des standards internationaux, notamment ceux appliqués par le TSL. Autant d'irrégularités qui risquent de rendre nul son témoignage devant les FSI.
La défense, qui avait commencé à interroger le témoin en début d'audience, a saisi l'occasion au vol pour enfoncer le clou et revenir notamment sur certaines « failles » apparues dans le récit du vendeur, notamment le fait que ce dernier ne se souvenait pas de la date exacte de la vente mais du seul détail qu'elle avait eu lieu en janvier 2005. Est également ressorti le fait qu'il avait omis d'inscrire le numéro d'immatriculation de la Mitsubishi sur le document de vente, des pratiques que la défense a qualifiées d' « extrêmement lacunaires ». En effet, un simple reçu rédigé au nom de l'un des acheteurs, qui s'était présenté comme étant Ahmad Masri, lui avait été délivré. L'argent avait été payé en liquide. Également consigné dans le reçu, le numéro de téléphone de l'acheteur s'est avéré par la suite être un faux. L'accusation a toutefois conclu l'interrogatoire en rappelant à la cour que le témoin avait été interrogé plus de douze fois, dont à plusieurs reprises par les enquêteurs internationaux, ce qui devrait en principe rectifier le tir en matière de procédure au cas où l'enquête menée par les FSI serait rejetée.

Je. J.

La chambre de première instance du Tribunal spécial pour le Liban a entendu de nouveau hier le témoignage du vendeur de la Mitsubishi Canter qui avait servi pour le transport des explosifs dans l'attentat du 14 février 2005, un Libanais travaillant dans une salle d'exposition de voitures usagées à Tripoli, principalement importées du Golfe. Le témoin, qui bénéficiait de mesures de...

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