Inondations, explosion : à Accra, des morts, des dégâts et des intérêts libanais touchés

Au moins 100 personnes ont péri à Accra dans un incendie qui s'est déclaré mercredi soir près d'une station-service où les victimes étaient venues s'abriter de pluies diluviennes. L'incendie a ravagé la station-service située dans le centre de la capitale ghanéenne, à proximité du rond-point Kwame Nkrumah qui était complétement inondé à cause des travaux de construction dans la capitale. Il se serait déclenché dans une résidence à proximité puis se serait propagé aux pompes à essence qui ont explosé, selon des témoins.

« La majorité des victimes, dont le nombre a dépassé la centaine, s'étaient réfugiées dans la station-service pour s'abriter de pluies torrentielles qui s'abattaient sur la capitale depuis deux semaines déjà, mais dont l'intensité s'était anormalement accrue quelques heures avant la catastrophe », explique Karim Ibrahim, ingénieur libanais résidant au Ghana, dans un entretien téléphonique avec L'Orient-Le Jour. « Les Libanais résidant dans la capitale sont tous sains et saufs, mais ce sont leurs entreprises, situées principalement dans la zone industrielle au nord de la capitale, qui ont été gravement touchées par les inondations : des dépôts d'usines, des agences de voitures, des usines de peinture et d'autres de produits alimentaires ont subi des dégâts s'élevant à des millions de dollars », indique l'ingénieur. Ces pluies ont également été à l'origine d'importantes inondations de plusieurs habitations de Ghanéens et d'ouvriers libanais installés à Accra, explique-t-il.

« Urgence nationale »
« Pour le moment, le chiffre confirmé (des victimes de l'incendie) atteint environ 90 (morts), mais je sais que ce sera plus que cela. Les agences concernées sont en train de faire le décompte », a déclaré le porte-parole de la police nationale, Arthur Cephas.
Le président du Ghana, visiblement très ému, s'est rendu sur place et n'a pu que déplorer le très lourd bilan du sinistre. « Ces pertes humaines sont catastrophiques et presque sans précédent », a déclaré le chef de l'État, John Dramani Mahama.

Sur place, des dizaines de motos calcinées étaient visibles jeudi et témoignaient de la violence de l'incendie. Le sinistre semble même s'être propagé à un bus plein de passagers stationné à proximité immédiate de la station-service, a constaté un journaliste de l'AFP.
« Cela faisait plusieurs jours que cette station était remplie en permanence de gens cherchant à s'abriter des pluies torrentielles, et le trafic était congestionné à son niveau au moment des faits », reprend M. Ibrahim.

Ces pluies torrentielles ont fait déborder les égouts, et la chaussée longeant la station-essence de la Ghana Oil Company (Goil) était entièrement inondée lors de l'incident.
Quand l'incendie s'est propagé au niveau des pompes à essence, qui ont explosé, les passants avaient de l'eau jusqu'aux genoux, ont rapporté des témoins. Une partie des victimes seraient ainsi mortes noyées en tentant de s'enfuir. La déflagration, très puissante, a été entendue et vue dans plusieurs quartiers de la ville.

Le président Mahama a promis que des « mesures préventives » seraient prises à la suite de cette catastrophe pour éviter de nouvelles inondations, un problème récurrent dans la région au moment de la saison des pluies.
Ces inondations ont provoqué d'importantes perturbations dans la ville, paralysant des quartiers entiers. De nombreux axes étaient rendus impraticables pour les voitures, dont certaines étaient même charriées par les flots.

Selon le ministre de la Communication, Edward Omane Boamah, qui a évoqué une situation d'« urgence nationale », l'armée, la police, les pompiers et l'agence nationale de secours ont été déployés pour venir en aide aux victimes. « La population est appelée à éviter les torrents causés par la pluie et les quartiers qui abritent des égouts importants. Restez sur des terrains surélevés quand c'est nécessaire pour éviter d'autres pertes humaines », a-t-il ajouté.
De nouvelles précipitations sont attendues à Accra aujourd'hui.