Le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun, a réitéré samedi son opposition à la prorogation des mandats des responsables sécuritaires, s'en prenant au ministre de la Défense, Samir Mokbel, tenu, selon lui, d'appliquer la loi et de nommer un commandant de l'armée.
"Le ministre de la Défense commet une énorme erreur et nous espérons qu'il ne poursuivra pas sur la même voie et qu'il ne sera pas suivi par d'autres, a déclaré M. Aoun devant une délégation populaire à Rabieh. Le pouvoir au Liban ne peut être soumis à la volonté du ministre. Chaque ministre doit respecter les lois qui régissent son travail".
Le mandat du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, arrive à expiration en septembre prochain et celui du directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI) Ibrahim Basbous vient à son terme en juin. Le 20 mars, le ministre de la Défense a prorogé jusqu'au 20 septembre 2015 le mandat du directeur général des renseignements militaires, le général Edmond Fadel. Pour le chef du CPL, deux autres officiers devront être nommés à la tête de l'armée et des FSI quand les mandats en question auront expiré.
Une séance du Conseil des ministres sera consacrée lundi à la situation à Ersal et aux nominations aux postes sécuritaires.
Le chef du CPL a dit espérer que ses avertissements seront pris en compte lors de la séance du lundi. "Sur les dossiers qui concernent les chrétiens et les maronites, nous avons le droit de choisir les gens qui méritent et qui renforcent les institutions", a-t-il poursuivi. D’après M. Aoun, "ils refusent de nommer telle personne sans expliquer les raisons et des fois ils ont recours à des mensonges". "Nous avons donc le droit de penser qu'un complot est en train de se tramer contre nous et contre le pays par un groupe au sein du gouvernement", a-t-il souligné.
Et de marteler en s'adressant à la délégation : "Aujourd'hui, nous sommes en train de mettre en garde car un jour nous pourrions avoir besoin de vos pieds pour descendre dans la rue, comme vous l'aviez fait à Baabda par le passé".
"Libérer le jurd de Ersal"
Sur un autre plan, Michel Aoun a estimé que si l’armée ne libère pas le jurd de Ersal ou du moins participe à sa libération, "elle perdrait son rôle". "Il faut libérer les 400 kilomètres carrés qui entourent Ersal. C'est à ce moment là que la ville sera rendue à ses habitants", a-t-il ajouté. Il a indiqué qu'il ne s'agit pas d'entrer dans la localité de Ersal, soulignant néanmoins que le jurd est à 20 kilomètres de la ville et que des habitants n'ont pas accès à leurs richesses.
L'opération de déploiement de l'armée dans la ville de Ersal s'est poursuivie vendredi pour la deuxième journée consécutive. La troupe, qui a pris position dans les secteurs de Wadi el-Hosn et de Rass el-Sarj, a été accueillie par une liesse populaire qui en dit long sur la position des habitants en faveur de l'Etat et de ses institutions.
En août 2014, Ersal a été le théâtre de violents combats entre l'armée libanaise et des jihadistes venus majoritairement de Syrie. Depuis, des accrochages réguliers ont lieu à chaque fois que les combattants extrémistes, localisés sur les hauteurs de Ersal, tentent de s'infiltrer dans la ville. Ils ont jusqu'à présent été repoussés par les militaires libanais.
Le secrétaire général du Hezbollah, qui combat les jihadistes sunnites d'al-Nosra et de l'EI, avait évoqué la situation à Ersal et dans son jurd, lors de sa dernière allocution. Hassan Nasrallah avait indiqué que les habitants de Baalbeck et du Hermel "ne toléreront la présence d'aucun takfiriste (combattant jihadiste sunnite)" dans la région, invitant l'État à intervenir. "À défaut, le Hezbollah le fera", avait martelé le chef de la formation chiite.
Lire aussi
En pleine surenchère politique et militaire, arrive une colombe
Contacts tous azimuts de Salam pour circonscrire tout dérapage lundi en Conseil des ministres, l'éclairage de Philippe ABI-AKL
Kahwagi : L'armée sortira victorieuse de sa bataille contre le terrorisme
"Le ministre de la Défense commet une énorme erreur et nous espérons qu'il ne poursuivra pas sur la même voie et...
commentaires (10)
Paranoïa aiguë doublée de mégalomanie dans toutes ses diatribes! Les comploteurs agissent partout contre lui! Grave!
Dounia Mansour Abdelnour
02 h 00, le 01 juin 2015