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Moyen Orient et Monde - Quatre questions à... Nabil Masarweh, ambassadeur de Jordanie au Liban.

« Un pays qui a surmonté tant d’épreuves n’est certainement pas des plus faibles, mais parmi les plus forts »

La Jordanie célèbre sa soixante-neuvième année d'indépendance. Considéré par beaucoup d'observateurs comme le maillon faible de la région, le royaume a réussi à surmonter jusqu'à présent tous les obstacles avec succès : des guerres avec Israël au printemps arabe, en passant par le Septembre noir, la guerre contre l'Irak, jusqu'à la crise économique et la guerre syrienne... Comment expliquez-vous ce succès ?
Je suis tout à fait d'accord pour dire que le royaume hachémite a une histoire remplie de succès dont on peut même faire l'éloge. Mais je suis en désaccord avec l'argument du maillon faible de la région, surtout que ces réussites confirment que la Jordanie est un pays avec une histoire remarquable ayant remporté des succès constants à différents niveaux. Un pays qui a surmonté tellement d'épreuves et accompli toutes ces réalisations n'est certainement pas des plus faibles, mais au contraire parmi les plus forts.
Il est évident que le secret de cette réussite n'est autre que la politique éclairée de la monarchie qui est parvenue à accomplir d'énormes réalisations. Celles-ci ont resserré les rangs du peuple derrière son roi en approfondissant chez lui le sens de la participation positive au niveau étatique et la défense de l'intérêt national ainsi que la fierté de son appartenance à ce pays.
Par conséquent, le peuple jordanien est attaché à la monarchie qui constitue la soupape de sécurité pour notre patrie. Les Jordaniens sont d'ailleurs unis derrière le pays et la vision réformatrice de Abdallah II dans la construction institutionnelle de la vie démocratique dans ses divers aspects pour arriver à un niveau élevé de liberté, d'égalité, de justice et la primauté du droit qui ont, ensemble, contribué à la consolidation du système institutionnel du régime, sans oublier sa capacité d'adaptation. En résumé, tout cela a favorisé l'histoire d'une réussite qui s'appelle la Jordanie.

Comment les autorités jordaniennes ont-elles réussi, ces dernières années, à gérer et à contenir les mouvements islamistes, sans tomber dans la répression policière et la violence comme c'est le cas dans d'autres pays ?
Les autorités jordaniennes sont connues pour leur sagesse et leur tolérance dans la résolution des conflits loin de la répression. La monarchie n'a jamais imposé son pouvoir par la force des chars, et n'a jamais essayé d'éliminer ses adversaires. Au contraire, connue pour son abnégation, elle a toujours été proche du peuple et de ses aspirations.
Il y a par ailleurs une spécificité jordanienne pour les mouvements islamistes. Ces derniers n'ont jamais travaillé dans la clandestinité, et ce depuis 1946. Ce qui leur a permis d'avoir une relation stable avec le régime politique, et une participation continue au sein du Parlement, parfois dans l'opposition et d'autres fois en collaboration avec les gouvernements en place, le tout en harmonie avec le système politique jordanien.
La politique d'exclusion que certains régimes de la région ont appliquée a eu pour résultat de renforcer l'aile la plus radicale des mouvements islamistes vers plus d'extrémisme, et de leur donner plus de légitimité dans la société qui s'est radicalisée et s'est renfermée sur elle-même, entraînant par conséquent un rapport confus avec la modernité et ses valeurs.

La Jordanie a toujours joué un rôle prépondérant dans le conflit israélo-palestinien. Qu'en est-il aujourd'hui ?
La politique jordanienne a été liée historiquement, et ce depuis la création de la Transjordanie en 1921, à la Palestine. Et la cause palestinienne a été depuis 1948 la priorité dans l'agenda politique jordanien aux niveaux régional et international. La monarchie hachémite a joué un rôle crucial à ce niveau, en dépit des circonstances, ce qui a conduit à la pérennité de cette cause en tant que sujet primordial pour les Arabes.
Rappelons le discours historique du roi Abdallah II devant le Congrès américain, lors duquel il a insisté sur l'importance de la cause palestinienne et le risque du statu quo actuel sur le mode ni paix ni guerre et son impact sur la paix mondiale, prenant la défense des droits des Palestiniens d'une manière explicite et forte.
L'événement s'est répété récemment au Parlement européen et dans nombre de capitales influentes à travers le monde visitées par le roi actuel. Son discours représente la voix de la raison, un argument fort pour soutenir la création d'un État pour les Palestiniens sur les frontières de juin 1967. L'intérêt des Palestiniens est une priorité pour la Jordanie.
Ajoutons à cela le rôle continu de la Jordanie dans la préservation des lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem. En outre, la Jordanie offre toutes les formes d'aide, d'assistance médicale et alimentaire, acheminées à travers le comité hachémite de charité.

La Jordanie participe actuellement à deux coalitions militaires : contre l'organisation État islamique et contre les houthis. Comment expliquez-vous cette politique ?
Concernant d'abord Daech (acronyme arabe de l'EI, NDLR), cette organisation terroriste ne fait pas partie de notre civilisation et de l'humanité que nous connaissons aujourd'hui. Les jihadistes de l'EI n'appartiennent à aucune religion ou culture, même s'ils essayent de ternir l'image de l'islam et son noble message. Ils ciblent les musulmans autant que les fidèles d'autres religions. Ils ont tué plus de musulmans que de fidèles d'autres religions. Il est donc naturel que nous participions à une coalition internationale de plus de 65 pays qui ont compris le danger de cette organisation.
Au Yémen, la situation est tout à fait différente. La Jordanie a annoncé depuis le début de la crise son soutien au pouvoir légitime et au processus politique englobant tous les acteurs dans le pays. Et de ce point de vue, la participation de la Jordanie est en concordance avec sa politique de soutien au Yémen, à sa sécurité et à sa stabilité, et ce en réponse à l'appel du président yéménite Hadi pour intervenir et protéger le pays. Il s'agit aussi d'une concrétisation des relations historiques entre la Jordanie, d'une part, et l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, d'autre part. La sécurité et la stabilité de l'Arabie et des monarchies du Golfe sont en outre d'un intérêt stratégique pour la Jordanie.

La Jordanie célèbre sa soixante-neuvième année d'indépendance. Considéré par beaucoup d'observateurs comme le maillon faible de la région, le royaume a réussi à surmonter jusqu'à présent tous les obstacles avec succès : des guerres avec Israël au printemps arabe, en passant par le Septembre noir, la guerre contre l'Irak, jusqu'à la crise économique et la guerre syrienne......

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