Rechercher
Rechercher

Économie - Développement

Quand l’Inde cherche des recettes, Pékin lui vend son parti unique

New Delhi veut s'inspirer du modèle économique chinois pour accélérer sa croissance. Mais la centralisation politique vantée par la Chine paraît bien éloignée des aspirations de la plus grande démocratie du monde.

La vingtaine d’accords annoncés durant la récente visite de Modi impliquent surtout des financements chinois dans des projets d’infrastructures indiens. Raveendran/AFP

Il y a 35 ans, la Chine et l'Inde étaient à PIB égal. Depuis, le « miracle » économique chinois – dont le Premier ministre indien Modi admire volontiers les réussites – a creusé l'écart, dopé par les capitaux étrangers mais surtout par son régime de parti unique, soutient Pékin.
En 1980, les produits intérieurs bruts (PIB) des deux géants asiatiques étaient identiques : 189,6 milliards de dollars pour l'Inde, 189,4 pour la Chine, selon la Banque mondiale. Un abysse les sépare désormais : en 2013, le PIB chinois représentait 9 240 milliards de dollars. Cinq fois plus que celui de l'Inde.
Une divergence entamée à la fin des années 1970 lorsque la Chine a rompu avec l'économie planifiée du maoïsme en lançant un programme de « réformes et d'ouverture » aux forces du marché et aux investissements extérieurs. Shanghai, dont Narendra Modi admirait les gratte-ciel le week-end dernier au terme de sa première visite en Chine, se veut la vitrine de ce « modèle » chinois dopé à coups de capitaux étrangers, qui ont très tôt bénéficié d'un traitement de faveur.

La démocratie ? « Inadaptée »
« La Chine a d'abord ouvert grand ses portes aux investissements étrangers, et ne s'est inquiétée qu'ensuite de leur assurer une assise légale », observe Wen Fude, de l'Université du Sichuan. « À l'inverse, chaque fois que l'Inde s'ouvre, c'est de quelques centimètres seulement. » Désormais, Delhi recherche l'aide des Chinois dans les secteurs où ceux-ci ont remporté de solides succès : construction de lignes ferroviaires et de centrales électriques, industries manufacturières.
« Nous avons beaucoup à apprendre de vous », a lâché M. Modi à Shanghai, citant le climat favorable aux investissements étrangers, les efforts d'infrastructures, l'essor des exportations qui dynamisent toute l'activité chinoise. Narendra Modi soigne lui-même son image de réformateur, partisan d'une libéralisation de l'économie indienne après avoir assuré le décollage de sa province du Gujarat.
Mais le contraste entre Inde et Chine est devenu l'objet, pour les responsables et experts chinois, d'un discours idéologique inlassablement répété qui justifie l'insolent succès économique par le « socialisme aux caractéristiques chinoises », soit un régime dominé par le Parti communiste. Avec l'idée que seul un gouvernement central autoritaire peut mener rapidement les projets prioritaires et imposer les réformes.
« Cela vaut le coup pour l'Inde d'étudier comment la Chine est gouvernée, de prêter attention à l'amélioration des conditions de vie des Chinois », déclare ainsi Lin Minwang, professeur de la China Foreign Affairs University. Selon lui, les syndicats ouvriers en Inde ont « bien trop de pouvoir », et les autorités indiennes doivent surmonter trop d'obstacles pour exproprier des terres. « L'Inde jouit de la démocratie mais peut-être qu'à ce stade, ce n'est pas la solution la plus adaptée », assure-t-il.

« Le back-office du monde »
Pas sûr que l'argument porte aux oreilles de Modi, démocratiquement élu et qui insiste plutôt sur les choix de développement distincts opérés par les deux pays. « Vous êtes l'usine du monde, nous sommes le back-office (services d'assistance) du monde. Vous avez mis l'accent sur la production, le matériel ; l'Inde s'est concentrée sur les logiciels, les services », a-t-il plaidé à Shanghai.
La vingtaine d'accords annoncés durant la récente visite de Modi impliquent surtout des financements chinois dans des projets d'infrastructures indiens. Mais des firmes technologiques chinoises, comme le fabricant de smartphones Xiaomi, voient également en l'Inde un marché stratégique, porté désormais par une dynamique économique revigorée. Car la croissance indienne devrait atteindre 7,5 % cette année, selon le Fonds monétaire international, loin devant les 6,8 % anticipés pour la Chine. Celle-ci subit au contraire un brutal ralentissement, sur fond de sévères surcapacités industrielles et de chute des exportations.
(Source : AFP)

Il y a 35 ans, la Chine et l'Inde étaient à PIB égal. Depuis, le « miracle » économique chinois – dont le Premier ministre indien Modi admire volontiers les réussites – a creusé l'écart, dopé par les capitaux étrangers mais surtout par son régime de parti unique, soutient Pékin.En 1980, les produits intérieurs bruts (PIB) des deux géants asiatiques étaient...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut