Pour une fois, éloignons-nous des débats immédiats pour prendre une perspective de très long terme. Un volumineux travail de la Commission (The 2015 Ageing Report) tout juste publié invite à considérer les tendances démographiques à l'horizon 2060 et à voir les implications au plan économique (croissance potentielle) et financier (dépenses de retraite et de santé). Si la France est souvent brocardée pour ses insuffisances (trop d'État, trop de déficit, manque de compétitivité), il y a un point où on lui accorde volontiers l'avantage sur nombre de ses voisins, c'est sa vigueur démographique. Le taux de fertilité, la croissance de la population, la part des vieux dans la population totale placent la France dans la même catégorie que le Royaume-Uni, loin de l'Italie ou de l'Allemagne. L'âge médian des Allemands, comme celui des Japonais, est de 46,1 ans ; celui des Français est de 40,9 ans. À l'inverse, la France a un taux de participation plus faible et un âge effectif de sortie de la population active plus précoce, signes que la qualité du système éducatif pourrait être améliorée et que le régime des pensions pourrait être moins coûteux.
La Commission fait des projections de population et examine l'impact que cela aura sur les dépenses de santé, de dépendance, de retraites ou d'éducation. Dans son scénario de base, les dépenses totales liées à l'âge baisseraient de 1.7pts de PIB d'ici à 2060 en France (31,1 % du PIB en 2013). Cela tiendrait surtout à la composante « retraites ». Le taux de dépendance va s'accroître comme ailleurs, mais d'autres effets joueront en sens inverse : âge plus tardif de départ en retraite, baisse du taux de remplacement (retraites moins généreuses), hausse du taux d'emploi. Par comparaison, les dépenses liées au vieillissement augmenteraient sur le même horizon de 1,5 pt de PIB en zone euro, et de 5 pts en Allemagne.
Cet article est réalisé par Fidus
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