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Culture - Portrait

Bob Ostertag, créateur va-t-en-guerre

L'artiste expérimental américain Bob Ostertag, un pur artisan du son électronique, se produit ce soir au Beirut Art Center accompagné par Mazen Kerbaj et Sharif Sehnaoui.

Les branchements fous de Bob Ostertag, toujours à la recherche d’un nouveau son. (DR)

Certains musiciens sont menés par la mélodie, d'autres par le rythme, lui, c'est la texture du son qui l'intéresse. « C'est ma muse », avoue Bob Ostertag en souriant. À 58 ans, les tatouages de sa jeunesse commencent doucement à s'effacer, mais son regard est toujours aussi curieux et aiguisé. Crâne rasé, chemisette beige et bouc grisonnant, l'Américain ressemble à un rider de chopper en vacances. Plus de vingt albums en trois décennies d'activité, bientôt un cinquième livre édité, l'artiste ne chôme jamais.
Même si c'est sa première visite, le pays du Cèdre ne lui est pas inconnu. En 2006, il avait travaillé avec le réalisateur québécois Pierre Hébert pour créer l'œuvre Special Forces, à propos de la guerre au Liban. « Ce qui m'intéresse, c'est de créer dans l'adversité, ce qui me fait souvent aller vers la guerre. » Il n'avait pu être présent à cause d'un problème de visa, mais, enregistrée, la performance avait tout de même été projetée dans le cadre du festival « Irtijal ». Cette fois-ci, l'artiste est bel et bien présent à Beyrouth, pendant une semaine, en chair et en os.
Une grande partie du travail de Bob Ostertag est inspirée par les luttes sociales. Entre 1980 et 1988, il a même complètement arrêté la musique pour aider des groupes révolutionnaires en Amérique centrale. Parti pour enregistrer un album au Nicaragua en 1979, il avoue s'être laissé emporter par les évènements, mais ne regrette rien. Aujourd'hui, l'ancien idéaliste a pris du recul. « Au début de toute révolution, il y a ce magnifique moment où l'on croit que tout est possible... » confie-t-il avant de rappeler que la guerre civile du Salvador a fait plus de 100 000 morts en douze ans. Il n'y est jamais retourné, mais compte tout de même s'y rendre l'été prochain. Un aller sans retour, pour l'instant, il verra bien ou la vie le mènera.
Pour Bob Ostertag, les révoltes éclatent parfois au coin d'une rue. Comme ce jour de 1991 où il capte avec son magnétophone le boucan provoqué par une manifestation – qui tourne à l'émeute – pour les droits des homosexuels à San Francisco. Inspiré par ce moment inopiné, il compose alors l'album All the Rage pour le Kronos Quartet. Lui-même gay, il déplore que deux hommes ou deux femmes ne puissent pas s'embrasser librement dans les rues de Beyrouth. Pourtant, le musicien estime qu'il n'a pas son mot à dire en tant qu'américain. « Nous n'avons pas à imposer la culture gay américaine aux autres. Aussi, je ne veux pas faire partie de cette communauté mainstream. Avant, c'était une contre-culture, maintenant, ils luttent pour s'intégrer à l'armée et pouvoir se marier. Tout le contraire de ce que nous voulions au départ ! » s'exclame Bob Ostertag.
Inspiré par la romancière Susan Sontag, le poète James Magee et le musicien Prince, Bob Ostertag s'est toujours davantage amusé en distordant le son grâce aux pédales qu'avec une guitare. Dans sa recherche perpétuelle de l'instrument parfait, il abandonnera ce soir ses traditionnels synthés pour jouer avec deux iPads. Sans aucune répétition, ce sera une improvisation pure et dure à laquelle il se livrera avec Mazen Kerbaj à la trompette et Sharif Sehnaoui à la guitare électrique. La performance rebutera les amateurs de mélodies et remplira de joie les auditeurs voulant se noyer dans un océan de sons.

Certains musiciens sont menés par la mélodie, d'autres par le rythme, lui, c'est la texture du son qui l'intéresse. « C'est ma muse », avoue Bob Ostertag en souriant. À 58 ans, les tatouages de sa jeunesse commencent doucement à s'effacer, mais son regard est toujours aussi curieux et aiguisé. Crâne rasé, chemisette beige et bouc grisonnant, l'Américain ressemble à un rider de...
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