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Liban - Tribune

Pourquoi le dialogue ?

Le dialogue est le mécanisme idéal pour « contenir » les problèmes, divisions, conflits et guerres dus à son absence dans la vie des sociétés et des nations. Les dialogues nationaux, quant à eux, visent à une entente et à une vision commune des choix et des intérêts nationaux. Ils s'imposent comme une nécessité afin de parvenir à une stabilité politique, sociale et économique.
Tout dialogue authentique doit se caractériser par la franchise, la bonne foi et la capacité de comprendre et de respecter les divergences des parties qui y sont engagées. Les parties prenantes doivent donc faire preuve de leur capacité à dialoguer et de leur engagement à respecter les résolutions prises.
Le Liban, État et nation, a été fondé sur le dialogue, la coexistence et l'entente. L'indépendance du Liban est née avec le pacte national non écrit de 1943, qui fut le fruit d'un dialogue, et qui a fondé la neutralité du Liban vis-à-vis des conflits arabes, tout en soulignant son engagement envers les causes arabes, comme ce fut le cas pour la cause palestinienne, apparue ultérieurement.

Depuis 1975, la nécessité d'un dialogue national n'a cessé de s'imposer. Il suffit de citer les séances de dialogue qui se sont tenues à Lausanne et à Genève, en 1983 et 1984. Et, naturellement, le dialogue qui s'est tenu en Arabie saoudite en 1989, et dont le fruit fut le document d'entente nationale baptisé « accord de Taëf » et adopté en tant que nouvelle Constitution. L'alinéa « j » du préambule de la Constitution libanaise stipule qu'« aucune légitimité n'est reconnue à un quelconque pouvoir qui contredit le pacte de vie commune ».
Un processus de restauration de l'État, de stabilité et de reconstruction suit l'accord de Taëf. Il est malheureusement interrompu par l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en février 2005. Sur ce, le président de l'Assemblée, Nabih Berry, juge indispensable, en 2006, d'appeler à un dialogue interne en vue de contenir et d'amortir les retombées et répercussions de ce crime odieux. Sept séances de dialogue sont tenues, à l'issue desquelles sont adoptées d'« importantes décisions » qui, malheureusement, resteront lettre morte.

En mai 2008, le général Michel Sleiman est élu président. Dès le début de son mandat, une attention particulière est accordée au dialogue national. La première séance de dialogue de son mandat se tient le 16 septembre 2008. La Commission du dialogue national voit ainsi le jour, sous le signe de « l'ouverture et de la réconciliation ». Elle met l'accent sur « le consensus visant à sauvegarder la paix civile face aux conflits qui affligent la région. »
Durant la réunion du 6 novembre 2012, la « déclaration de Baabda » est adoptée à l'unanimité. Elle sera reconnue par les Nations unies et la Ligue arabe.
À la dernière séance de la Commission du dialogue national, qui se tient le 5 mai 2014, les partenaires se mettent d'accord pour : affirmer l'importance de la poursuite du travail de la commission ; continuer d'œuvrer pour l'application de ses décisions ; souligner l'importance de la mise en œuvre de l'accord de Taëf ; veiller sur la préservation de la parité et de la convivialité ; encourager le respect des échéances constitutionnelles, présidentielles et parlementaires ; éviter le vide à la magistrature suprême, et ce en assurant le quorum requis.
Malheureusement, certaines parties prenantes au dialogue ne s'y sont pas conformées.
Parallèlement, un « comité directeur » pour le dialogue regroupant plusieurs personnalités indépendantes dans les secteurs politique, académique, juridique et autres est constitué par le président Sleiman. Il tiendra 142 réunions durant les six ans de son mandat. Ce comité aura eu le mérite d'esquisser les grandes lignes nationales inclusives d'un dialogue national.
Certains s'interrogent sur son utilité et sur l'application de ses résolutions. À ceux-là, il suffit de répondre que si la situation interne et les événements régionaux retardent leur mise en œuvre, cela ne signifie en aucun cas que ces résolutions sont inappropriées ou contraires à l'intérêt national. Du reste, tous les accords conclus, à commencer par le pacte national, ont été le fruit de dialogues.

Pourquoi le dialogue... aujourd'hui ? Il est évident que vu la composition multiconfessionnelle et multiculturelle du Liban, et son cachet pour ainsi dire « multiminoritaire », le « dialogue national » s'impose comme une nécessité et une culture et qu'il doit être institutionnalisé et intégré dans notre conscience nationale.
Mais ce dialogue ne peut, en aucun cas, se substituer aux pouvoirs législatif et exécutif de l'État. Au contraire, il sera là pour les stabiliser et les renforcer. La « démocratie consensuelle », qui est une démocratie « à la libanaise », ne peut être soutenue et appliquée que par un dialogue continu.
Comment le dialogue se poursuivra-t-il ?
La réponse est simple et claire : par l'élection d'un président de la République qui relancera le dialogue national au palais de Baabda; un dialogue susceptible de restituer le bon fonctionnement des institutions sous l'égide de notions et de principes nationaux bien déterminés et dans un cadre national « bénéfique » et non « paralysant » comme c'est le cas à l'heure actuelle ; un dialogue susceptible de refléter le caractère multidimensionnel interactif de la nation et de redonner à l'État son prestige et ses capacités, et à chaque citoyen libanais sa dignité et sa fierté.

(*) Ancien député et ministre, Nazem Khoury a été conseiller du président Michel Sleiman tout au long de son mandat. Il présidait le comité directeur pour le dialogue.

Le dialogue est le mécanisme idéal pour « contenir » les problèmes, divisions, conflits et guerres dus à son absence dans la vie des sociétés et des nations. Les dialogues nationaux, quant à eux, visent à une entente et à une vision commune des choix et des intérêts nationaux. Ils s'imposent comme une nécessité afin de parvenir à une stabilité politique, sociale et économique.Tout dialogue authentique doit se caractériser par la franchise, la bonne foi et la capacité de comprendre et de respecter les divergences des parties qui y sont engagées. Les parties prenantes doivent donc faire preuve de leur capacité à dialoguer et de leur engagement à respecter les résolutions prises.Le Liban, État et nation, a été fondé sur le dialogue, la coexistence et l'entente. L'indépendance du Liban est née avec le pacte...
commentaires (3)

Votre Excellence, Cet article que j'ai lu et relu m'avait attire parcequ'il recommande le dialogue dont je suis un partisan inconditionnel.N'empeche que lire que 142 reunions se soient tenues durant le terme du mandat Sleiman a grandement refroidi mon enthousiasme.Cela veut dire qu'au rythme de 2 par mois ces reunions, n'ont abouti a pratiquement rien. Pourquoi? Peut-etre que les multiples "postings"dont j'ai innonde votre page personnelle sur facebook expliquent partiellement ce phenomene. C'est vraiment dommage, pour notre Liban, qu'on ne se soit pas assez attarde a les considerer. Non, votre Excellence,ce n'est pas de la suffisance de faire une telle declaration. Je l'appellerais plutot du "SENS COMMUN". Une seule approche peut servir a resoudre nos problemes au Liban,et je n'en demordrai jamais. C'est la "GOUVERNANCE PARTICIPATIVE".

George Sabat

19 h 39, le 08 mai 2015

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Commentaires (3)

  • Votre Excellence, Cet article que j'ai lu et relu m'avait attire parcequ'il recommande le dialogue dont je suis un partisan inconditionnel.N'empeche que lire que 142 reunions se soient tenues durant le terme du mandat Sleiman a grandement refroidi mon enthousiasme.Cela veut dire qu'au rythme de 2 par mois ces reunions, n'ont abouti a pratiquement rien. Pourquoi? Peut-etre que les multiples "postings"dont j'ai innonde votre page personnelle sur facebook expliquent partiellement ce phenomene. C'est vraiment dommage, pour notre Liban, qu'on ne se soit pas assez attarde a les considerer. Non, votre Excellence,ce n'est pas de la suffisance de faire une telle declaration. Je l'appellerais plutot du "SENS COMMUN". Une seule approche peut servir a resoudre nos problemes au Liban,et je n'en demordrai jamais. C'est la "GOUVERNANCE PARTICIPATIVE".

    George Sabat

    19 h 39, le 08 mai 2015

  • Cher ami Nazem Chahid el-Khoury, Pour qu'il ait un dialogue, il faudrait qu'il soit entre des gens honnêtes qui respectent leurs engagements et leurs signatures. Or, la "Déclaration de Baabsa" fut adoptée à l'unanimité y compris le Hezbollah et le CPL. Avant que son encre ne sèche, le Hezb et Michel Aoun l'ont reniée et ont même craché sur leurs signatures. Et vous appelez encore à un dialogue national ? Je vous souhaite bonne chance.

    Annie

    16 h 11, le 08 mai 2015

  • CHEZ NOUS... ATOLL PERDU DANS L'OCÉAN DE LA BÊTISE... LE DIALOGUE... S'IL EXISTE... C'EST POUR GAGNER DU TEMPS... NE PAS S'ENTENDRE... ET CRÉER ET APPROFONDIR PLUS DE PROBLÈMES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION.

    08 h 49, le 08 mai 2015

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