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Liban - TSL

Majdalani : La perspective d’une alliance sunnito-chrétienne effrayait les Syriens

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a écouté hier, pour la deuxième journée, le témoignage du député Atef Majdalani, lors d'une audience de la chambre de première instance, présidée par le juge David Re.
Répondant aux questions de l'avocat de l'accusation, Graham Cameron, le député s'est souvenu « du teint blafard et de l'extrême inquiétude de Yehya el-Arab (garde du corps de Rafic Hariri), après son retour d'une rencontre avec Rustom Ghazalé, le 13 février, dont il ne m'a pas rapporté la teneur. Je me suis alors moi-même inquiété. Sa vue a semé en moi une grande crainte d'un danger qui viserait le président Hariri, surtout que le nombre des agents des Forces de sécurité intérieure affectés à sa protection personnelle avait été revu à la baisse, contrairement à tous ses autres prédécesseurs, qui avaient pour leur sécurité près de 30 à 40 agents des FSI. Ce nombre a été réduit à 6 ou 7 à l'époque de Hariri ».
Atef Majdalani est revenu par ailleurs sur les mises en garde adressées en ce sens par Bassel Fleyhane, la veille de l'attentat. « Bassel Fleyhane est rentré à Beyrouth le 13 février, appelant les proches de Hariri à la vigilance. Il leur a transmis des informations qu'il avait recueillies d'Europe, selon lesquelles une vague d'attentats se préparait dans le pays. Il leur a demandé de prendre ces menaces au sérieux et de redoubler d'attention lors de leurs déplacements ».
Au niveau politique, le député a souligné que « le courant transcommunautaire du président martyr agaçait les Syriens. Le découpage électoral de Beyrouth en trois circonscriptions avait justement pour objectif de bloquer l'ancien Premier ministre dans une seule circonscription ». Il a fait remarquer néanmoins que ce dernier « était confiant d'obtenir la majorité absolue aux législatives de 2005. La perspective d'une victoire de Hariri et de l'opposition aux législatives effrayait les Syriens. Et cette possible victoire de Hariri aux élections pourrait être l'une des causes de son assassinat ».
Le député est ensuite revenu sur une autre source de peur chez les Syriens : une alliance sunnito-chrétienne contre eux. « Le rapprochement entre Hariri et le patriarche maronite le cardinal Nasrallah Sfeir était très important : il s'est reflété très positivement sur la rencontre du Bristol. Rafic Hariri était un grand leader au Liban, surtout au sein de la communauté sunnite, et le patriarche Sfeir incarnait la conscience chrétienne dans le pays. Lorsque ces deux composantes se rencontrent pour réaliser un but commun, nul ne peut les en empêcher. Or, les Syriens avaient peur de cette alliance, qui pourrait aboutir à une décision de leur retrait du Liban. D'où leur tentative alors de créer chez les chrétiens l'impression d'une volonté, chez Hariri, d'islamiser le Liban », a-t-il dit.

L'affaire de l'huile d'olive
Par ailleurs, Atef Majdalani a précisé que « la relation de Rafic Hariri avec les pays arabes était une relation d'amitié très forte, surtout avec l'Arabie saoudite, qui commençait à prêter une plus grande attention au Liban ». Le député a qualifié en outre « l'alliance de Rafic Hariri avec Walid Joumblatt » de « nécessaire », ce dernier étant « le leader des druzes et le chef d'un important bloc parlementaire ».
Répondant ensuite aux questions de la défense, Atef Majdalani a rappelé qu'il s'était présenté aux législatives en 1996, sur la liste de Rafic Hariri, à Beyrouth (qui était encore une circonscription unique). « C'est ainsi que j'ai fait mes débuts en politique, tout en continuant d'exercer mon métier de médecin neurologue », a-t-il expliqué, avant d'ajouter que son nom avait été rayé de la liste, les Syriens ayant préféré lui substituer le nom d'un autre candidat. « Mais, en 2000, je me suis porté candidat sur la liste de Hariri, et, depuis cette date, je suis député de Beyrouth », a-t-il dit.
En réponse à une question sur les dépenses électorales de l'ancien Premier ministre assassiné, Atef Majdalani a affirmé « n'avoir été jamais informé, ni de la part du président Hariri ni de ses proches, de l'argent qu'il distribuait ». Et le témoin d'ajouter : « Nous entendions beaucoup de choses à ce propos, surtout que le président Hariri était humain dans tous les sens du terme. Par exemple, il est arrivé qu'il offre des aides scolaires, pendant une année, à tous les élèves de Beyrouth, sans distinction et sans contrepartie. Cette initiative devait remédier à une époque de difficultés économiques, à la veille de la rentrée scolaire. Ceci est un échantillon de ce que faisait Rafic Hariri, y compris l'affaire de l'huile d'olive, dont il a acheté toute la production aux agriculteurs afin d'en éviter la détérioration. Il entreprenait ces actes à travers des associations, dont l'Association de développement. »
Le contre-interrogatoire de la défense se poursuivra aujourd'hui.

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a écouté hier, pour la deuxième journée, le témoignage du député Atef Majdalani, lors d'une audience de la chambre de première instance, présidée par le juge David Re.Répondant aux questions de l'avocat de l'accusation, Graham Cameron, le député s'est souvenu « du teint blafard et de l'extrême inquiétude de Yehya el-Arab (garde du corps de...

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