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Moyen Orient et Monde - Reportage

Pour les Yéménites, l’arrêt des bombardements ne signifie pas la fin de la crise

Un habitant yéménite se déplace dans la capitale Sanaa endommagée après 4 semaines de bombardements. Mohammad Huwais/AFP

À Sanaa, Aden ou Taëz, les grandes villes du Yémen, les habitants se déclarent surpris par l'annonce saoudienne d'une fin des bombardements, mais ils ne croient pas à une prochaine issue de l'interminable crise que traverse leur pays.
« Le lancement de la campagne a été une surprise, tout comme la fin », relève Assem Assabri, un habitant de Sanaa quelques heures après l'annonce par Riyad de l'arrêt de la campagne militaire entamée le 26 mars. Pour cet homme de 32 ans, cette intervention laisse un goût d'inachevé. Car « la coalition aurait pu imposer ses conditions aux rebelles et les forcer au moins à quitter les villes où ils sont entrés de force ». Il dit craindre que l'arrêt de la campagne aérienne n'offre aux rebelles chiites houthis et à leurs alliés, les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, « un répit pour se réorganiser ». Car, en dépit d'une forte dégradation de leurs moyens militaires par les raids, ces combattants restent maîtres de la capitale et des zones conquises à travers le pays depuis le début de leurs avancées territoriales à l'été 2014. « Je serai tenté de dire que les Saoudiens ont échoué militairement, d'autant plus qu'on ne connaît pas les raisons exactes de leur décision et s'il y a ou non une entente politique derrière », avance un autre habitant de Sanaa, Sameh al-Mithhaji, âgé de 40 ans.
Depuis une semaine, Sanaa est quasiment sans électricité, sans eau et les vivres commencent à manquer. L'activité s'est fortement réduite en raison d'une pénurie du carburant. Avec ses fenêtres soufflées, l'habitation de M. Assabri a souffert, comme des dizaines d'autres, des spectaculaires explosions ayant suivi des raids contre un dépôt de missiles au sud de Sanaa, qui ont fait 38 morts et plus de 500 blessés parmi les civils lundi.

Ils « continueront à s'entre-tuer »
Avec l'arrêt des bombardements, des Yéménites espèrent toutefois que prendra fin l'effusion de sang. « Nous sommes fatigués et ahuris devant le spectacle des victimes dont la liste ne cesse de s'allonger », témoigne Ahmad Amine. « J'en appelle à tous les parties : qu'elles se montrent clémentes avec le peuple (...) et engagent un dialogue sérieux » pour sortir de la crise. Pour Issa Soltaone, « il est devenu évident que la campagne aérienne ne pouvait pas se poursuivre en raison des pertes qu'elle provoque chez les civils ». Mais l'annonce soudaine de Riyad « surprend » cet habitant de Taëz, la grande ville du sud-ouest yéménite qui a été encore le théâtre hier de violents affrontements entre rebelles et partisans du président. « Le plus grand succès de la campagne aérienne est la destruction des arsenaux de l'armée qui est une force familiale et non celle du peuple », relève M. Soltaone, en faisant allusion au fait qu'une bonne partie des forces armées restent fidèles à l'ex-président Saleh, allié aux houthis. Rezuiga Ahmad, une jeune habitante de Sanaa, réclame surtout la fin des « ingérences étrangères. Les houthis ont été aidés par l'Iran et le président Hadi par l'Arabie saoudite, tout en prétendant refuser les ingérences étrangères, ce qui est illogique », explique-t-elle. « On a souffert autant des houthis que de l'opération Tempête de la fermeté des Saoudiens », déplore Mohammad Nasr, qui vit à Aden, la grande ville du sud où les affrontements n'ont pas non plus baissé d'intensité hier. « On a perdu notre travail, nos maisons et la vie est devenue impossible », se désole cet homme de 43 ans. Mais pour Abdel Rahmane Anis, impliqué dans le monde associatif, il est difficile de faire preuve d'optimisme : « L'Arabie saoudite a atteint ses objectifs », mais « les Yéménites continueront à s'entre-tuer », prédit-il.

Jamal AL-JABIRI et Fawaz AL-HAIDARI/AFP

À Sanaa, Aden ou Taëz, les grandes villes du Yémen, les habitants se déclarent surpris par l'annonce saoudienne d'une fin des bombardements, mais ils ne croient pas à une prochaine issue de l'interminable crise que traverse leur pays.« Le lancement de la campagne a été une surprise, tout comme la fin », relève Assem Assabri, un habitant de Sanaa quelques heures après...

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