La présidente du TSL étant en visite à Beyrouth, c'est le greffier du tribunal, le seul fonctionnaire de l'Onu au sein du tribunal nommé par Ban Ki-moon, Daryl Mundis, qui a reçu le groupe de soutien à al-Jadeed. En compagnie du responsable du bureau de l'information et de la communication au sein du TSL, Crispin Thorold, M. Mundis a écouté les membres du groupe un à un. L'avocat et président de l'ONG Justicia, Paul Morcos, a présenté ainsi au greffier un mémorandum au nom des membres du groupe dans lequel il réclame la fin des poursuites contre les médias libanais et leur transfert devant les tribunaux libanais.
Le président du CNA, Abdel Hadi Mahfouz, explique à son tour qu'il est « faux » de prétendre que la chaîne al-Jadeed est passée outre aux notifications qui lui ont été adressées sur la nécessité de ne pas mettre en danger les témoins confidentiels, en rappelant que, selon la loi libanaise, toutes les notifications adressées aux médias audiovisuels doivent passer par le CNA. Or, celui-ci a reçu une première note en ce sens en 2014 et il l'a aussitôt transmise à la chaîne qui a, à partir de cette date, cessé d'évoquer ce sujet. De plus, M. Mahfouz a rejeté l'affirmation selon laquelle la chaîne de télévision voulait faire un scoop à tout prix, assurant qu'il ne s'agissait justement pas d'un scoop puisque les infos avaient été déjà publiées dans d'autres médias, qui, eux, n'ont pas été inquiétés.
Georges Cordahi a expliqué à son tour les appréhensions des Libanais au sujet du TSL, qui soulève de nombreuses questions et des doutes. Selon lui, le TSL gagnerait en crédibilité s'il acquittait les médias libanais. L'humoriste et réalisateur Charbel Khalil a raconté au greffier sa propre vision de ce qu'il a vu dans la salle d'audience. Selon lui, il s'agit d'une scène caricaturale au cours de laquelle le TSL a revêtu un masque terrifiant pour faire peur aux médias, à travers le procès intenté à al-Jadeed. M. Khalil a d'ailleurs réussi à arracher un sourire à M. Mundis. Ibrahim Awad a précisé que le TSL gagnerait à se rappeler qu'il est là pour juger les assassins de Rafic Hariri au lieu de se perdre dans des détails secondaires. Scarlett Haddad a déclaré pour sa part que les journalistes libanais, qui travaillent dans de dures conditions et sont soumis aux pressions et aux tentatives de corruption alors qu'ils sont au cœur d'une région tourmentée et souvent au cœur des batailles, attendent du tribunal qu'il leur rende justice et non qu'il les juge, car, par leur lutte, ils cherchent à agrandir l'espace de liberté et constituent l'espoir de la démocratie dans la région.
Le greffier a alors raconté qu'il a été lui-même journaliste avant de décider de « passer de l'autre côté ». Il comprend donc la position du groupe et par conséquent il se chargera d'évoquer ce sujet avec la présidente du TSL tout comme il communiquera le mémorandum à la défense et l'accusation. Il compte d'ailleurs lui-même se rendre à Beyrouth vers la mi-mai.
Liban
Le groupe de soutien chez le greffier du TSL
OLJ / le 17 avril 2015 à 00h00
C'ÉTAIT UN SECRET DE POLICHINNELLE...
14 h 07, le 17 avril 2015