13 avril : les conditions d’un « plus jamais », selon le courant du Futur

C'est une véritable feuille de route pour le Liban de demain que le bloc du Futur a rédigée, lors de sa réunion hebdomadaire, dans une volonté explicite de tirer les leçons du 13 avril et de la guerre civile. Dans le même élan, le groupe parlementaire a cependant relevé « les grandes et profondes divergences » qui l'opposent au Hezbollah « sur plus d'une question nationale ». Des divergences examinées au cours de la dixième réunion de dialogue entre le courant Futur et le Hezbollah, au siège de la deuxième présidence, à Aïn el-Tiné. Un dialogue dont une source n'a pas hésité à dire qu'il est « sans horizon ».
Malgré tout, ajoute le communiqué publié en fin de réunion, « c'est la volonté de dialogue qui prévaut, sans que cette volonté n'occulte le besoin de dire et redire au parti pro-iranien qu'il doit se retirer de Syrie, d'Irak et du Yémen, et revoir sa politique d'implication dans les guerres livrées par l'Iran dans la région, et dans la défense d'un régime dictatorial qui a détruit son pays et tué son peuple ».
Le courant du Futur s'est dit étonné, à ce stade, de voir le Hezbollah accéder aux dernières volontés du chef yéménite houthi Mohammad Abdel Malak el-Chami et s'est demandé « par quelle autorité » il a été enterré à Beyrouth.
Au sujet du dialogue avec le Hezbollah, le communiqué estime qu'il s'agit, dans les circonstances actuelles, « d'une nécessité », en dépit « de l'écart considérable existant entre les paroles et les actes, au niveau des résultats obtenus, et du surplace qui se manifeste dans plus d'un domaine, alors même que des efforts sont déployés pour réduire les tensions, en préambule à une entente nationale susceptible de paver la voie à l'élection d'un nouveau président de la République ».

La résolution 2216
Plus largement, le bloc du Futur s'est félicité de la résolution 2216 du Conseil de sécurité, considérant qu'il s'agit d'une bonne entrée en matière à un règlement de la crise survenue au Yémen. La résolution, raisonne le Futur, « donne indirectement raison à l'intifada de la dignité arabe qui s'est opposée à l'arrogance perse et ses efforts pour dominer le Yémen et d'autres capitales arabes ». Elle justifie également, indirectement, la décision de lancer la « Tempête de la fermeté », sous la conduite de l'Arabie saoudite, dans le but de « rétablir l'équilibre stratégique dans la région, qui menaçait de s'effondrer ». « Cette décision justifie enfin la nécessité pour la communauté internationale d'assumer ses devoirs et de protéger la paix mondiale », conclut cette partie du communiqué.

Les élites décimées
Dans sa première partie, le communiqué avait déploré la guerre civile qui a fait des centaines de milliers de victimes, entre morts, blessés et disparus, en particulier dans les rangs de la jeunesse, « pilier économique du Liban et promesse d'avenir ».
« Ce n'est pas autrement, ajoute le texte, que le Liban a été détruit, que ses intellectuels et ses élites ont été décimés, que sa croissance économique s'est arrêtée, que le niveau et la qualité de la vie ont baissé et que d'immenses opportunités ont été perdues, ce qui a entraîné l'accumulation de la dette publique (...) et que les occasions d'ingérence extérieure dans sa vie se sont multipliées ».
Les Libanais « doivent donc tirer les leçons qui conviennent de leur guerre afin d'empêcher qu'elle ne se répète », poursuit le texte. Au nombre de ces leçons, celles du « non-alignement » sur les axes régionaux.
Parmi les axiomes et constantes de l'unité nationale, le communiqué du Futur énumère : la coexistence islamo-chrétienne et islamo-islamique, l'acceptation de l'autre, l'attachement à la nature civile de l'État, à la démocratie et au respect des libertés publiques et privées, le rejet et la lutte contre le terrorisme, l'extrémisme et la violence d'où qu'ils viennent, le respect de la Constitution et de l'accord de Taëf, l'attachement au dialogue (...) l'attachement à la paix civile, l'égalité de tous devant la loi, le respect de la légalité internationale, à commencer par le Tribunal spécial pour le Liban, l'application intégrale des clauses de l'accord de Taëf, le respect des résolutions de la conférence du dialogue national, et notamment de la déclaration de Baabda.
Rebondissant par ailleurs sur l'accident mortel dont a été victime l'acteur Issam Breidy, le bloc du Futur s'est dit impatient de voir entrer en vigueur le nouveau code de la route qui préviendrait la multiplication de ces morts absurdes.

Intense activité de l'ambassadeur saoudien
Dans le prolongement du communiqué du bloc du Futur, les observateurs n'ont pas manqué de relever l'intense activité que déploie en ce moment l'ambassadeur d'Arabie saoudite Ali Awad Assiri. Le diplomate a été reçu hier par le président de la Chambre et le Premier ministre, après avoir rencontré au cours des derniers jours les ambassadeurs des États arabes et islamiques de la coalition antihouthis engagée dans les combats au Yémen. D'évidence, cette crise prend de l'ampleur et ses répercussions inquiètent. Elle sera au cœur des entretiens qu'aura Saad Hariri avec John Kerry et les responsables du département d'État, à Washington, la semaine prochaine.
Sur un autre plan, relevons que la prochaine séance du Conseil des ministres, demain jeudi, sera consacrée à l'examen du projet de budget. La polémique autour des nominations à la tête des services de sécurité pourrait se greffer sur cette séance, de même que la menace de grève des enseignants du secteur public, le 23 avril. À l'approche des épreuves officielles de fin d'année, le Comité de coordination syndical tente d'avancer ses pions en ce qui concerne l'adoption de la grille des traitements et salaires, pour laquelle il se bat depuis des années.