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Moyen Orient et Monde - Procession

À Mexico, la passion du Christ se vit intensément

À Iztapalapa, quartier populaire à l'est de la capitale, la semaine sainte se prépare des mois à l'avance, et pour cause : des milliers d'acteurs et de figurants vont, le temps de quelques jours, représenter la Passion du Christ devant plus d'un million de visiteurs venus des quatre coins du pays et du monde.

Dès huit heures du matin, les personnages commencent à faire leur apparition dans les rues d’Iztapalapa. Photos Marisol Rifaï

Le dernier repas, le lavement des pieds, la trahison de Judas... Puis la capture de Jésus, les coups, l'humiliation et le supplice de la croix. Plus de 2 000 ans plus tard, la fête de Pâques est l'occasion pour les fidèles du monde entier de remémorer les derniers instants de la vie de Jésus. Dans un des quartiers de la capitale mexicaine, l'événement a cependant pris une ampleur démesurée.

Pendant la semaine sainte, Mexico, mégalopole de plus de 20 millions de personnes, se vide de ses habitants qui envahissent les stations balnéaires des côtes du Pacifique et des Caraïbes. L'une des 16 délégations de la ville, Iztapalapa, vit pourtant ses moments d'effervescence les plus intenses de l'année. Depuis 172 ans maintenant, les habitants se préparent pendant des mois à célébrer la Passion du Christ, depuis le dimanche des Rameaux jusqu'au vendredi saint, avec le moment le plus attendu par la foule, celui de la crucifixion de Jésus.

La tradition raconte que vers le milieu du XIXe siècle, une épidémie de choléra se propagea dans plusieurs villes mexicaines, emportant sur son passage des milliers de personnes. Les habitants d'Iztapalapa auraient alors imploré El Señor de la Cuevita, le sanctuaire où se trouve la statue de Jésus de Nazareth, de faire cesser le fléau. Le « miracle » a eu lieu, et depuis, en guise de remerciements, le quartier entier devient le théâtre d'une représentation spectaculaire de la Passion du Christ. Cent cinquante personnages principaux et plus de 5 000 figurants de tous les âges, mais obligatoirement habitants du quartier, vont jouer les Romains, les Nazaréens, la Vierge Marie, les disciples de Jésus, les anges... aux côtés de plus de 10 mille policiers mandatés sur place pour assurer la sécurité. Les organisateurs travaillent depuis plusieurs années pour que l'Unesco reconnaisse cette célébration à Iztapalapa comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

L'événement est retransmis en direct à la télévision, mais pour les plus téméraires qui se rendent sur place, la procession commence pour eux à la sortie du métro, à plus d'une heure de marche de l'endroit où débute la cérémonie, car l'ensemble du quartier est fermé à la circulation. Des chevaux, des chèvres et des chiens errants font également partie du paysage et accompagnent les acteurs le long de la procession. Le jeudi saint, Jésus, incarné cette année par le jeune Daniel Agonizantes, 25 ans, arpente les ruelles des huit quartiers d'Iztapalapa pendant plusieurs heures, suivi par une foule compacte mais silencieuse, nullement découragée par le soleil brûlant du début de journée et les pluies torrentielles de l'après-midi. Une fois la nuit tombée, le lavement des pieds puis le dernier repas clôturent cette longue journée, mais c'est le lendemain, le vendredi saint, que tout le monde attend avec impatience.

Dès huit heures du matin, les personnages commencent à faire leur apparition dans les rues d'Iztapalapa pour poursuivre la narration biblique, comme l'ont fait leurs parents et leurs grands-parents avant eux. Les étalages du marché sont remplis de fruits, boissons et glaces pour étancher la soif des visiteurs. Les acteurs habillés en anges se mélangent aux vendeurs à la sauvette, les policiers qui s'approvisionnent en tacos saluent les Romains à cheval et des volontaires de la Croix-Rouge courent à la rescousse de ceux qui n'ont pas supporté la chaleur ou l'émotion. Portant une croix en bois de 90 kilos et une couronne d'épines, Jésus tombe trois fois, avant d'arriver ensanglanté au mont de l'Étoile, l'endroit de sa crucifixion. Il est 16 heures, l'heure de la fin. Enfin, jusqu'à l'année prochaine.

 

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