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Liban - Réflexion

Messarra : La faiblesse de l’État ne justifie pas la révision du système institutionnel

Une lecture de l'Observatoire de la paix civile et de la mémoire au Liban


La réflexion sur la paix civile au Liban doit se réadapter à la situation actuelle, en repensant l'efficacité de ses repères, face à la dérogation aux normes écrites, couverte par le quasi-blocage institutionnel. L'attente d'un miracle politique se vit en cercles infinis de semblants et de faux espoirs de solution proche. Ce terrain brumeux est hostile aux cadres et aux repères traditionnels de la pensée.
Mais son danger n'est pas d'inciter à un renouvellement des repères existants, ce renouvellement étant en tout cas inéluctable, mais de provoquer l'inversement des valeurs dans le sens de la déshumanisation. Quel intérêt aurait par exemple l'incitation à un travail franc de mémoire, la stimulation d'une réconciliation avec l'autre humain, aux identités plurielles, si le pacte national actuel se trouvait renversé par la pratique de certaines parties, sans le cautionnement d'autres ? Qu'adviendrait-il du plaidoyer pour le vivre-ensemble et des aspirations pour un modèle favorable à l'expression libre de chaque individu, de chaque différence, si la peur devenait la seule rétorque à la violence sous toutes ses formes, notamment politique, camouflée par des slogans idéologiques ou abolitionnistes ?
« Réhabiliter l'autorité des normes » est le précepte que pose l'Observatoire de la paix civile et de la mémoire au Liban, afin d'armer de pragmatisme les valeurs humanistes immuables, menacées d'être refoulées. Ce précepte constitue le titre de la dernière publication, aux éditions de la Librairie Orientale, des travaux de cet Observatoire, relevant de la Fondation libanaise pour la paix civile permanente créée dans les années 80, à l'initiative notamment du politologue Antoine Messarra. Comme des guides dans le gris de l'incertitude, des articles de chercheurs, juristes, sociologues, psychologues, acteurs civils et journalistes, membres ou non de la Fondation, défendent l'engagement en faveur du Pacte national. Les articles convergent sur une idée transversale : la distinction entre le système et l'État est un préalable obligatoire à tout raisonnement utile sur la démocratie libanaise. « Le système au Liban est bien fort, mais l'État est faible et s'affaiblit. Nous devons distinguer ces deux niveaux », souligne le professeur Messarra dans l'introduction de l'ouvrage, qu'il a supervisé avec le jeune avocat et chercheur Rabih Kays, en partenariat avec l'association caritative Ramzi Youssef Assaf.
Autrement dit, la faiblesse de l'État ne justifie pas une présomption de la faiblesse du système, et ne suffit pas à induire une révision du système.
Plus encore, selon Antoine Messarra, aucune révision du système institutionnel n'est justifiable, les amendements constitutionnels de 1990 ayant apporté les garanties nécessaires à l'équilibre des pouvoirs. « Le dialogue national et identitaire est clos et saturé après l'Accord d'entente nationale, dit de Taëf », écrit-il, dénonçant des « abus de minorité », qui répondent à des « accords » politiciens, dont le souci est moins de garantir l'efficacité du système, que de camoufler le saccage de ses garde-fous.
La problématique à examiner n'est plus celle de la rédaction du texte fondamental du système libanais, mais de la pérennisation de son esprit. Face au « mal qui ronge la cité », le citoyen est le seul réformateur légitime. Et son action dans l'espace public est étroitement liée à l'affirmation de son individualité, encore à l'état embryonnaire. C'est lorsqu'il substituera la désignation du « prochain » à l'appellation de « l'autre », que la mise en œuvre du pacte national serait garantie.
Réinvention oblige, Antoine Messarra ne paraît plus limiter au consensualisme la lecture des rapports interlibanais. Il défend ainsi une approche plus large, fondée sur une plus grande foi dans l'humanisme libanais, qui commence à faire écho à la philosophie du vivre-ensemble...

La réflexion sur la paix civile au Liban doit se réadapter à la situation actuelle, en repensant l'efficacité de ses repères, face à la dérogation aux normes écrites, couverte par le quasi-blocage institutionnel. L'attente d'un miracle politique se vit en cercles infinis de semblants et de faux espoirs de solution proche. Ce terrain brumeux est hostile aux cadres et aux...

commentaires (3)

Bien parler Mr !!!

Bery tus

14 h 59, le 04 mars 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Bien parler Mr !!!

    Bery tus

    14 h 59, le 04 mars 2015

  • NE JUSTIFIE PAS EST UNE CHOSE... ÊTRE OBLIGÉ DE LE FAIRE EST UNE AUTRE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 51, le 04 mars 2015

  • Trop théorique.

    Halim Abou Chacra

    05 h 57, le 04 mars 2015

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