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Économie - Agroalimentaire

Les producteurs de lait libanais en colère

La grogne enfle chez les producteurs de lait qui se plaignent des prix de plus en plus bas qui leur sont imposés.

Dans le coût de revient d’un kilo de lait de vache, l’alimentation du bovin compte pour 65 % du total au Liban. Photo Melkam Bassil

Le ministère de l'Agriculture a décidé hier de réactiver le comité d'organisation de la filière de lait pour répondre à la colère des producteurs de lait cru. Ces derniers se plaignent de la baisse du prix de vente conseillé du kilo de lait qui est passé la semaine dernière de 1 100 livres libanaises (0,73 dollar) à 1 000 livres libanaises (un peu plus de 0,65 dollar).
L'instauration d'un prix de vente conseillé est une démarche relativement nouvelle : jusqu'en 2012, le prix du lait cru était uniquement déterminé par la confrontation entre l'offre et la demande. En 2012, toutefois, l'ancien ministre de l'Agriculture, Hussein Hajj Hassan, a créé un comité d'organisation de la filière laitière dont le rôle était en particulier de fixer ce prix, de suivre les contrats de ventes entre coopératives et industriels – un circuit qui concerne 75 % de la filière – et de définir des normes pour le lait cru.

 

Pertes de débouchés
Akram Chehayeb justifie la baisse du prix de vente conseillé par une chute de la demande en matière de lait cru. « Le marché local est réduit et les marchés d'exportation ont subi les conséquences des crises régionales. Ainsi, l'Irak, qui importait une grande quantité de lait libanais, n'en importe plus du tout », avait-il ainsi expliqué la semaine passée.
La fermeture de certains des débouchés traditionnels des producteurs libanais de lait cru de vache n'est cependant pas seule responsable de l'excès d'offre par rapport à la demande. Les producteurs dénoncent également la concurrence « déloyale » des importations de lait (entre 63 et 80 % des besoins de la population sont couverts par les importations), notamment UHT ou de lait en poudre, en provenance de l'Union européenne, dont le prix de vente tourne autour de 600 livres le kilo. Ils pointent aussi du doigt la contrebande syrienne.
Les récentes « affaires » qui ont entaché la réputation de la filière s'ajoutent aux problèmes des producteurs. Avec une conséquence immédiate de taille : 20 à 30 % de méventes, selon différents producteurs. La liste de ces « scandales » est longue : labné à la natamycine, un additif alimentaire non autorisé au Liban, lait de contrebande en provenance de Syrie, absence d'homologation pour un certain nombre de laiteries, conditions d'hygiène déplorables... La semaine dernière encore, le ministère de l'Économie, qui a la responsabilité de certains contrôles, prenait la décision de fermer la laiterie Mahari dans le Akkar pour manquement aux règles d'hygiène. « Les consommateurs n'ont plus confiance quelle que soit la marque », déplore Camille Skaff, fondateur de SkafFarm, une marque de labné et de produits laitiers, disponible dans la Békaa.

 

Pouvoir de régulation limité
Pour répondre à cette crise, le ministre a annoncé hier étudier la possibilité d'imposer des taxes supplémentaires sur le lait en poudre. « Nous devons protéger notre production locale. » Akram Chehayeb a également affirmé vouloir imposer les standards internationaux, de type ISO 22 000, à l'ensemble de l'industrie laitière. Aucun plan n'a toutefois été détaillé.
Quelles que soient les mesures envisagées, son pouvoir réel de régulation sur les prix est limité, car la majorité des industriels ne respecte pas le tarif conseillé. « Le ministre n'a pas les moyens de pression adéquats », avance un expert selon qui « le prix réel du marché tourne plutôt autour de 600 livres libanaises, soit 0,40 dollar. Ce qui est insuffisant pour la plupart des producteurs laitiers dont les coûts de revient sont autour de 700 livres libanaises (soit 0,46 dollar) ». « On est revenu à un prix fixé par l'offre et la demande et une confrontation directe entre des intérêts contraires : d'un côté, les producteurs de lait qui veulent vendre au prix le plus élevé ; de l'autre, les laiteries qui entendent acheter au prix le plus bas. Pour l'heure, ce sont les industriels qui l'emportent. »

Le ministère de l'Agriculture a décidé hier de réactiver le comité d'organisation de la filière de lait pour répondre à la colère des producteurs de lait cru. Ces derniers se plaignent de la baisse du prix de vente conseillé du kilo de lait qui est passé la semaine dernière de 1 100 livres libanaises (0,73 dollar) à 1 000 livres libanaises (un peu plus de 0,65...

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