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Moyen Orient et Monde - Vatican

Benoît XVI largement oublié, mais regretté par certains...

La décision de Benoît XVI de s’installer au Vatican plutôt que dans un monastère bavarois avait été perçue par certains comme source de problèmes futurs. Max Rossi/Reuters

Parti il y a deux ans, Benoît XVI a été vite oublié au profit de son chaleureux successeur François, qui a conquis le cœur du grand public, mais il reste au Vatican une référence pour ceux qui aspirent à plus de tradition. Autour du Vatican, les cartes postales en vente dans les kiosques disent bien pour qui bat le cœur des fidèles : le visage austère de Joseph Ratzinger se fait rare, tandis que le grand sourire et les gestes forts de Jorge Bergoglio sont partout.
Le 28 février 2013 dans l'après-midi, un hélicoptère blanc décollait du Vatican pour emmener Benoît XVI vers la résidence pontificale de Castel Gandolfo, au sud de Rome. Âgé alors de 85 ans, le pontife allemand était le premier pape en sept siècles à démissionner, expliquant ne plus être en mesure de répondre aux défis d'un monde en rapide changement. Une décision historique qui a été mal comprise par beaucoup de prélats. Après un règne de huit ans marqué dans l'Église par les polémiques et les scandales (pédophilie, corruption, fuite de documents confidentiels) qui avaient fini par l'user, cet ancien gardien du dogme est devenu « pape émérite » et se consacre à la prière dans un ancien monastère sur la colline du Vatican. Le 13 mars 2013, deux semaines après le départ du pape théologien, l'Église a élu François, premier pape de l'hémisphère Sud, sensation planétaire immédiate grâce à sa capacité de se dégager, en quelques gestes, des pompes vaticanes que son prédécesseur respectait scrupuleusement.
Mais Benoît XVI avait promis de ne pas s'immiscer dans les affaires de son successeur, et il a tenu parole. Suivant un rythme très régulier, il lit et prie beaucoup, reçoit proches, théologiens et prélats, se promène dans les jardins du Vatican, joue du piano. Pour souligner qu'il n'est plus pontife, il a même demandé à des interlocuteurs allemands de l'appeler « père Benoît » plutôt que « Saint-Père ».

« Un grand-père à la maison »
Loyal, il ne critique jamais son successeur. Ce dernier l'appelle parfois au téléphone, l'invite et le salue toujours chaleureusement lors des grandes cérémonies, définissant sa présence au Vatican comme celle d'un « grand-père à la maison ».
Sa décision de s'installer au Vatican plutôt que dans un monastère bavarois avait pourtant été perçue par certains comme source de problèmes futurs. Régulièrement, de longues analyses sont publiées sur un « double pouvoir », une « concurrence » sourde entre deux papes aux positions qui seraient tranchées, progressistes pour l'un et conservatrices pour l'autre. Tous deux ont plusieurs fois fait démentir toute rumeur d'interférence. « Benoît XVI est discret. Quand il apparaît en public, c'est à la demande de François. Il n'en reste pas moins que la situation est totalement nouvelle : un pape à la retraite reçoit des visites à quelques centaines de mètres du pape » en exercice, relève le vaticaniste Andrea Tornielli.
Et le silence ostensible du pape émérite permet à ceux qui l'ont rencontré de s'en prévaloir pour s'opposer subtilement à François, quels que soient les propos véritablement tenus par Benoît XVI. Plusieurs cardinaux conservateurs jouent ce jeu, et le pape émérite semble être aussi devenu la référence de nombreux religieux, y compris de jeunes prêtres, désorientés par ce qu'ils perçoivent comme une confusion doctrinale sous le nouveau pontificat. Face aux initiatives et aux déclarations tous azimuts de François, ces responsables d'Église à Rome, en Afrique, aux États-Unis ou ailleurs citent abondamment les textes de Joseph Ratzinger, regrettent à haute voix sa fermeté doctrinale et se réclament pour certains de son amitié. Et quand François dénonce « l'alzheimer spirituel » et la « fossilisation mentale » qui menacent le haut clergé, il rencontre plus d'adhésions au dehors ou sur les marges de l'Église qu'à l'intérieur d'un appareil qui s'accommodait de la réserve du pape théologien. Selon le vaticaniste du Figaro Jean-Marie Guénois, « la renonciation de Benoît XVI n'est pas encore digérée dans certains milieux catholiques ». « Leur perplexité, dit-il, porte sur la vision de l'Église et du concile Vatican II que Benoît XVI a portée en proche et scrupuleux héritier de Jean-Paul II : une vision que François ne partage pas ».

Jean-Louis DE LA
VAISSIÈRE/AFP

Parti il y a deux ans, Benoît XVI a été vite oublié au profit de son chaleureux successeur François, qui a conquis le cœur du grand public, mais il reste au Vatican une référence pour ceux qui aspirent à plus de tradition. Autour du Vatican, les cartes postales en vente dans les kiosques disent bien pour qui bat le cœur des fidèles : le visage austère de Joseph Ratzinger...

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