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Moyen Orient et Monde - Analyse

Khalifa Haftar, l’obstacle à un éventuel règlement ?

La communauté internationale cherche à réconcilier les rivaux politiques en Libye pour lutter plus efficacement contre l'État islamique (EI), mais cet objectif semble difficile à atteindre vu la complexité du conflit, selon les experts.
Pour sa part, l'Italie a averti que le temps était compté pour une solution politique face à la montée en puissance de l'EI en Libye, à 350 km de ses côtes, et au risque d'un exode massif de migrants depuis ce pays plongé dans le chaos. « De nombreux obstacles » rendent « la perspective de dialogue et d'un gouvernement d'union presque impossible », estime pour sa part l'analyste libyen Mohammad el-Jareh. Et entre-temps « la menace de l'EI est appelée à s'aggraver considérablement ». Plus optimiste, Claudia Gazzini, experte de l'International Crisis Group, estime qu'une solution politique est « difficile mais pas impossible ». Les espoirs d'une telle solution reposent sur le représentant de l'Onu Bernardino Leon pour qui « mettre en échec le terrorisme en Libye ne pourra se faire que par la détermination politique d'un gouvernement d'unité ». « J'espère qu'un accord politique pourra être prochainement conclu », car « les divergences ne sont pas insurmontables », a-t-il dit mercredi au Conseil de sécurité. Les Occidentaux ont écarté l'option militaire contre l'EI en Libye, du moins dans l'immédiat, prônant au préalable une solution politique sous l'égide de l'Onu.

« Ailes dures »
M. Leon doit avant tout trouver les bons interlocuteurs dans un pays sous la coupe de dizaines de milices qu'opposent des intérêts politiques, tribaux, religieux, voire criminels. Car en Libye « chaque région et tribu veut avoir son mot à dire. Il faut donc que la communauté internationale rassure ces composantes et leur fasse comprendre qu'elles auraient toutes leur place dans une nouvelle Libye », souligne Saad Djebbar, un expert basé à Londres. Depuis le lancement du processus du dialogue en septembre 2014, M. Leon n'a pas pu réunir les principaux protagonistes, même s'il a réussi à lancer la semaine dernière des négociations « indirectes ». Ces protagonistes qui se disputent le pouvoir et les richesses du pays pétrolier sont : une coalition conduite par le général controversé Khalifa Haftar, soutenue par le Parlement et le gouvernement d'Abdallah al-Theni reconnus par la communauté internationale qui siègent dans l'est du pays. En face, la coalition de milices de « Fajr Libya » qui s'est emparée de la capitale Tripoli en août 2014 où elle a installé un gouvernement parallèle et remis en service l'ex-Parlement. Pour les observateurs, tout effort de dialogue est vain si Fajr Libya et les forces de Haftar ne s'assoient pas autour d'une même table. Mais jusqu'ici, les « ailes dures » des deux camps rejettent tout dialogue avec la partie adverse. « C'est très difficile (...) », avance l'analyste libyen Khaled al-Hetch. Mais une solution selon lui serait de « donner à Haftar le poste qu'il veut, celui du chef suprême des forces armées. En contrepartie, il sacrifierait le gouvernement Theni pour former le gouvernement d'union réclamé par l'Onu ».

« Ingérences » étrangères
De son côté, la communauté internationale a demandé au Parlement de « faire disparaître Haftar du devant de la scène », a affirmé le député Tarek al-Jerouchi, qui a participé la semaine dernière à une réunion à Tunis avec des diplomates occidentaux et de l'Onu. En l'état actuel, le général Haftar est « un obstacle » à un règlement, souligne Ibrahim al-Karaz, professeur de sciences politiques à l'université de Tripoli. Il dénonce aussi le rôle « néfaste » joué selon lui par des pays de la région. « L'Égypte ainsi que d'autres pays doivent cesser toute interférence dans les affaires libyennes, qui complique le processus politique. » Selon des experts, la coalition de Haftar est soutenue par l'Égypte, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, tandis que Fajr Libya est appuyée par le Qatar et la Turquie. « Ces pays mettent le feu au poudre », renchérit M. Djebbar. Dans ce contexte, les pays occidentaux, qui luttent contre l'EI en Irak et en Syrie, doivent faire preuve de prudence. « La communauté internationale doit, selon Mme Gazzini, rester concentrée sur le soutien aux efforts de dialogue et résister aux appels à la levée de l'embargo sur les armes », réclamé par le gouvernement Theni et l'Égypte dont une vingtaine de ses ressortissants chrétiens ont été enlevés et exécutés par l'EI en Libye.

(Source : AFP)

La communauté internationale cherche à réconcilier les rivaux politiques en Libye pour lutter plus efficacement contre l'État islamique (EI), mais cet objectif semble difficile à atteindre vu la complexité du conflit, selon les experts.Pour sa part, l'Italie a averti que le temps était compté pour une solution politique face à la montée en puissance de l'EI en Libye, à 350 km de ses...

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