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Moyen Orient et Monde

L’expulsion du journaliste d’al-Jazeera, un poids en moins pour Sissi

L'expulsion du journaliste australien Peter Greste, condamné à la prison pour « soutien » aux Frères musulmans, retire une épine du pied du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a besoin de redorer son image après avoir réduit ses opposants au silence.
Les ONG de défense des droits de l'homme et l'Onu ne tarissent pas de critiques à l'égard du nouveau régime, qualifié de « très répressif », de l'ex-chef de l'armée Sissi, qui avait destitué le président islamiste Mohammad Morsi en juillet 2013 puis fait réprimer dans le sang l'opposition religieuse mais aussi laïque et libérale. Si les puissances occidentales ont d'abord dénoncé en 2013 la « brutalité » de la répression, elles ont ensuite mis un mouchoir sur leurs réserves, États-Unis et Union européenne en tête, en réactivant leur aide ou en recevant en grande pompe M. Sissi, élu président en mai.
Mais elles n'ont jamais vraiment relâché la pression sur le sort de trois journalistes de la chaîne qatarie al-Jazeera, Peter Greste, l'Égypto-Canadien Mohammad Fahmy et l'Égyptien Baher Mohammad, condamnés de 7 à 10 ans de prison pour avoir, selon Le Caire, « falsifié l'information » et « soutenu » les partisans de M. Morsi en couvrant leurs manifestations. Dimanche, M. Greste a été expulsé par décret présidentiel et M. Fahmy devrait l'être prochainement. Les capitales occidentales ont aussitôt salué ce qui apparaît comme un geste d'apaisement. « Très clairement, le régime de Sissi voulait en finir avec ce qui était devenu un problème de relations publiques » avec l'extérieur, analyse Issandr el-Amrani, directeur du département Afrique du Nord à l'International Crisis Group (ICG).
« Ils ne veulent rien expliquer, ils ne veulent même plus en parler », commente ainsi un diplomate occidental qui interrogeait ses contacts au gouvernement, assurant même que Sissi en avait « marre » de l' « affaire al-Jazeera ». « Il (Sissi) veut oublier cet épisode, faire en sorte que ce ne soit plus un abcès de fixation » dans ses relations avec l'étranger, commente le diplomate.
Les milieux diplomatiques assuraient depuis peu que, sous la pression des États-Unis et de l'Arabie saoudite, grand pourvoyeur de fonds à l'Égypte, Le Caire et Doha s'étaient réconciliés, au moins en façade, et que cela signifierait un apaisement dans l'affaire al-Jazeera.
De son côté, la chaîne de télévision al-Jazeera a promis hier de « ne pas laisser » en prison son producteur égyptien Baher Mohammad. Heather Allan, une responsable du service en anglais d'al-Jazeera, a affirmé que la chaîne était « très inquiète à son sujet ». Comme on lui demandait si Baher Mohammad était susceptible d'être libéré comme les autres, Mme Allan a répondu : « Non, je ne peux pas dire que je suis confiante (...). Nous n'allons pas le laisser là-bas. » Pour sa part, M. Greste s'est dit hier « soulagé » d'avoir été libéré par l'Égypte puis expulsé, mais a fait part de son inquiétude pour ses deux collègues encore détenus, dans une interview à la chaîne basée du Qatar.

Samer AL-ATRUSH

L'expulsion du journaliste australien Peter Greste, condamné à la prison pour « soutien » aux Frères musulmans, retire une épine du pied du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a besoin de redorer son image après avoir réduit ses opposants au silence.Les ONG de défense des droits de l'homme et l'Onu ne tarissent pas de critiques à l'égard du nouveau régime,...

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