Washington et Kiev font pression sur Moscou

Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé avoir exigé de son homologue russe Vladimir Poutine qu'il arrête d'attiser les tensions dans l'est rebelle de l'Ukraine. « J'ai envoyé une lettre au président Poutine dont un des éléments-clés est non seulement l'exigence de l'arrêt des tirs et du respect des accords de paix de Minsk, mais aussi la libération de Nadia Savtchenko », pilote militaire ukrainienne détenue en Russie où elle est accusée du meurtre de journalistes russes, a-t-il déclaré, cité hier dans un communiqué de sa présidence. M. Porochenko a également salué l'efficacité des sanctions économiques occidentales contre la Russie, dont la devise s'est effondrée en 2014 face au dollar et à l'euro. La note de sa dette souveraine vient en outre d'être abaissée en catégorie « spéculative », ou « pourrie » en jargon financier, par l'agence américaine Standard & Poor's. « Nous devons créer les conditions pour forcer la Russie à négocier et à remplir les engagements qu'elle a pris », a souligné le président Ukrainien.
De leur côté, le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel « se sont mis d'accord » sur le fait que la Russie devra « assumer la responsabilité » de son « soutien matériel aux séparatistes » prorusses dans l'est de l'Ukraine lors d'un entretien téléphonique mardi, selon un communiqué de la Maison-Blanche. « Notre premier choix est la solution diplomatique, qui nous permettra d'atténuer les sanctions. Mais nous sommes préparés à faire plus si nécessaire. À cette fin, nous allons continuer de travailler avec nos alliés pour accroître la pression sur la Russie », a déclaré hier à Kiev le secrétaire d'État américain au Trésor Jack Lew. Et il a répété les conditions pour une levée des sanctions contre la Russie. « Nous l'avons clairement dit dès le début : si Moscou respecte intégralement ses obligations dans le cadre des accords de Minsk, les sanctions contre la Russie pourraient être allégées », a expliqué M. Lew. Sur le plan économique, M. Obama et Mme Merkel ont par ailleurs annoncé la prochaine « finalisation d'un paquet solide de soutien financier pour l'Ukraine » afin de stabiliser son économie, au bord du gouffre et qui a perdu, selon Kiev, 20 % de son PIB en raison du conflit dans l'Est et l'annexion par Moscou de sa péninsule de Crimée en mars. L'Ukraine devrait notamment recevoir cette année deux milliards de dollars de prêts américains à condition de mettre en œuvre plusieurs réformes, notamment en matière de lutte contre la corruption, selon M. Lew.

Quatre militaires morts
Parallèlement, « l'Union européenne s'oriente vers une extension de sa liste noire de personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine, sans aller jusqu'à alourdir les sanctions économiques contre la Russie, a-t-on appris hier de sources diplomatiques. Les ministres européens des Affaires étrangères tiennent aujourd'hui une réunion extraordinaire, après le regain de violences dans l'est de l'Ukraine, notamment le bombardement de la ville portuaire de Marioupol, qui a fait 30 morts samedi. » « Toutes les options sont sur la table », ont indiqué plusieurs sources européennes. Les 28 devraient aussi décider de reconduire la première volée de sanctions visant des séparatistes ukrainiens et des responsables russes, qui vont arriver à échéance en mars, a-t-on appris de source européenne.
Enfin, sur le terrain, quatre militaires ukrainiens ont péri en 24 heures dans l'Est, dont un combattant volontaire tué hier matin dans un nouvel affrontement avec les prorusses à une cinquantaine de kilomètres de Marioupol, selon les Ukrainiens.

(Source : AFP)