Appels de tous bords au soutien à la troupe

Dans la foulée des affrontements qui se sont produits ces jours derniers dans les hauteurs de Ras Baalbeck entre l'armée et les terroristes jihadistes, des appels sont lancés de toutes parts pour un soutien total à la troupe. Mais il existe des nuances : alors que d'aucuns, comme le mufti de la République, Abdellatif Deriane, et le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, réaffirment leur opposition aux armes non légales et à la sécurité privée, d'autres, comme l'ancien ministre Wi'am Wahhab, se félicitent du concours offert par « les alliés de l'armée », tels que le Hezbollah.
Inaugurant une mosquée à Sultan Yaacoub, dans la Békaa-Ouest, en présence de députés et responsables de la région, le mufti Deriane a déclaré : « Nous sommes les gens du centrisme et de la modération. Nous devons faire face à ceux qui nous prennent pour cibles en nous rangeant aux côtés de l'armée et des institutions sécuritaires. Nous ne voulons pas d'armes autres que les armes légales. Toute arme n'appartenant pas à la troupe et qui est utilisée à l'intérieur du Liban est une arme de la discorde. »
« Il n'y a dans la religion ni fièvre ni extrémisme. L'appel de l'islam ne s'adresse pas aux Arabes ni à un peuple déterminé, il est universel. Mais ce qui se passe aujourd'hui, c'est que d'aucuns qui prétendent parler au nom de l'islam font du tort à l'islam et à son Prophète et dénaturent les concepts de cette religion, afin qu'il soit dit que les musulmans ne sont pas des gens modérés », a ajouté le mufti.
« La modération est une position de force face à l'extrémisme et au terrorisme. Les modérés vaincront », a assuré le cheikh Deriane, affirmant que la communauté sunnite libanaise « n'a pas de projet spécifique hors du cadre de l'État libanais ». « Nous sommes une partie de cet État, à l'édification duquel nous avons participé », a-t-il encore dit.
De son côté M. Pharaon a rendu hommage dans une déclaration à la presse à l'armée pour « les sacrifices qu'elle consent face au terrorisme » et appelé les Libanais à « faire bloc autour de l'institution militaire ».
M. Pharaon a eu un entretien au téléphone avec le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, qui l'a informé des détails de ce qui s'est passé sur les hauteurs de Ras Baalbeck. Il a également contacté des responsables et des notables de cette région pour faire valoir auprès d'eux la nécessité de faire preuve de solidarité avec l'armée et de soutenir son rôle de « garante de la stabilité et d'unique protectrice de la souveraineté ».
Le ministre a réaffirmé dans ce cadre son opposition à « toute forme de sécurité privée, qui n'a jamais apporté au Liban que des catastrophes ». « L'armée a démontré sa capacité à remplir parfaitement sa mission. C'est pourquoi tous les Libanais sont appelés à se ranger à ses côtés et à n'emprunter aucune autre voie hors de la légalité », a-t-il dit.
Kamel Rifaï, député (sunnite) de Baalbeck-Hermel et membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a souligné à La Voix du Liban 93.3 « la nécessité de soutenir davantage encore l'armée et de se tenir à ses côtés dans sa bataille contre le terrorisme ». « La région frontalière avec la Syrie est en état d'alerte permanente face à tout mouvement d'éléments armés visant à nuire au Liban », a ajouté M. Rifaï.
Du côté des partisans de Nabih Berry, président de la Chambre, le député Yassine Jaber (Nabatiyé) a noté que l'armée « protège avec le sang de ses martyrs les frontières de la patrie en faisant face au terrorisme takfiriste sanguinaire ». « Tous les Libanais devraient resserrer leurs rangs autour de la troupe qui protège leur unité nationale. Sans elle, le Liban ne se relèvera pas », a souligné M. Jaber.
L'ancien ministre Wi'am Wahhab a affirmé dans une déclaration que l'armée a « prouvé une fois de plus qu'elle est capable de prendre la décision qui s'impose, de remporter la bataille et de protéger les frontières du Liban, lorsque la décision politique et le commandement courageux sont assurés, comme c'est le cas aujourd'hui ».
« Les Libanais peuvent être tranquilles de savoir qu'ils disposent d'une armée capable de faire face aux terroristes, de les abattre et de leur interdire l'accès du territoire libanais, elle et ses alliés issus du peuple libanais, à l'instar de la Résistance (le Hezbollah) qui contribue dans beaucoup de régions à la défense du Liban », a estimé M. Wahhab.
Enfin, Bassem el-Chab, député de Beyrouth (bloc du Futur), a fait valoir qu'en ces jours difficiles, il convient de « soutenir l'institution militaire et de s'abstenir de mettre en doute son action ».
« Il est normal que la troupe ne rencontre pas à chaque fois le succès de la même manière, mais elle a toujours besoin d'un soutien moral face à la réalité dangereuse », a souligné M. Chab, qui était interrogé par La Voix du Liban 93.3. Selon lui, le dialogue entre tous les Libanais est de nature à renforcer le soutien à l'armée. « Certains parmi ceux qui avaient critiqué le dialogue ont perdu la voix après avoir constaté que cette prise de contact (entre le Futur et le Hezbollah) a réduit les crispations sur la scène locale », a-t-il dit.