L’armée a repoussé au prix de lourdes pertes (8 morts) une attaque des jihadistes à Ras Baalbeck

L'armée a mis en échec, vendredi au pris de lourdes pertes, l'attaque par des jihadistes venus de Syrie de l'un de ses avant-postes à Ras Baalbeck. Le nombre des assaillants a été évalué à environ 200, venus des collines du Qalamoun en Syrie.

Dès le déclenchement des combats dans la matinée de vendredi, le commandement de l'armée a perdu le contact routier avec cinq de ses soldats en position dans l'avant-poste de Tallet el-Hamra. La chaîne OTV a affirmé qu'ils étaient neuf. La reprise de cette position a permis la délivrance des soldats encerclés, dont trois ont trouvé la mort dans les combats.

Selon certaines sources, les jihadistes avaient l'ordre de capturer vivants les soldats pour s'en servir comme monnaie d'échange supplémentaire avec les autorités libanaises dans les négociations pour la libération de détenus jihadistes et d'autres avantages de terrain. Forts de l'expérience malheureuse d'août dernier, les soldats ont opposé une indomptable résistance aux assaillants, en attendant la contre-attaque de l'armée.

Instructions aux médias

Selon un communiqué militaire publié au soir des combats, ces accrochages ont fait au total huit morts dans les rangs de l'armée, dont un officier. « L'armée libanaise (...) a perdu un certain nombre de soldats, tombés en martyrs dans des échanges de tirs entre les militaires et des groupes terroristes près de Ras Baalbeck », pouvait-on lire dans le communiqué de l'armée.

Des miliciens de l'État islamique (EI) et du Front al-Nosra, affluant du Qalamoun, s'étaient infiltrés très tôt, vendredi, en territoire libanais, attaquant un poste militaire à Tallet el-Hamra, l'une des collines du jurd, située à 5 km du village de Ras Baalbeck, à majorité chrétienne.
« L'un des avant-postes de l'armée dans le jurd de Ras Baalbeck a été attaqué par un groupe terroriste. Les militaires ont rapidement riposté. Les accrochages se poursuivent », avait déclaré l'armée dans un premier communiqué, priant par ailleurs les médias de « ne diffuser aucune information sur les détails des affrontements dans le jurd de Ersal ».

Tireurs embusqués

En milieu d'après-midi, vers 17 heures, et grâce aux renforts des forces héliportées et de l'artillerie lourde, l'armée réussissait à repousser les jihadistes, dont l'offensive était appuyée par des tireurs embusqués.
« La réponse de l'armée a été très précise, a-t-on indiqué de sources concordantes. Les tirs de canon et de roquettes, ainsi que les raids aériens ont atteint directement les positions des terroristes. »

Alors que la troupe reprenait le contrôle de la colline de Tallet el-Hamra, les passes empruntées par les fuyards ont été bombardées à l'artillerie lourde, entraînant pour eux un surcroît de pertes en hommes et en équipements. Près de trente jihadistes auraient été mis hors de combat ou tués.

Les dépouilles mortelles de six terroristes ont été transportées dans un hôpital de la Békaa-Ouest, affirme l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Des responsables militaires du Front al-Nosra, la branche d'el-Qaëda en Syrie, et du groupe État islamique figurent parmi les jihadistes abattus par l'armée.

Importants renforts

D'autres collines avoisinantes, comme la colline Oum Khaled, ont également constitué un terrain d'affrontement, avant d'être entièrement reprises par l'armée. L'intensité des combats a atteint son apogée entre 14 heures et 16 heures, avant de baisser progressivement, jusqu'à se limiter à des tirs de canon intermittents de l'armée en direction du jurd.
En soirée, des renforts importants de la 4e brigade d'intervention affluaient à Ras Baalbeck, de crainte que l'attaque du matin ne soit qu'une préparation à une offensive plus large.
Hier, l'armée a bombardé à nouveau des islamistes en mouvements repérés dans la région de Wadi Hmayed, dans le jurd de Ersal.

Outre les huit morts, un bilan assez lourd pour une bataille de quelques heures, l'armée aurait eu 14 blessés, qui ont été transportés vers les hôpitaux de Ras Baalbeck et du Hermel.
Il s'agit des accrochages les plus violents depuis août lorsque l'armée et des jihadistes venus de Syrie s'étaient affrontés dans la région de Ersal. Depuis, les jihadistes du Front al-Nosra et ceux du groupe État islamique détiennent en otage 25 militaires libanais.