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Moyen Orient et Monde - Offensive des houthis

L’État yéménite au bord de l’effondrement

La démission de Hadi rejetée par le Parlement; quatre provinces du Sud ont décidé de refuser les ordres venant de Sanaa.

Le président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi à Sanaa. Khaled Abdullah/Reuters/Files

Le Yémen a plongé dans un chaos politique total hier soir après la démission du gouvernement suivie de celle du président. Le gouvernement yéménite, nommé il y a moins de trois mois, a présenté sa démission au président Abed Rabbo Mansour Hadi, a indiqué le porte-parole de l'exécutif, qualifiant cette décision d'« irrévocable ». Dans sa lettre de démission, le Premier ministre Khaled Bahah a justifié sa décision par le fait qu' « (il) veut éviter que les membres de (son) cabinet puissent être considérés comme responsables de ce qui se passe et de ce qui se passera au Yémen ». Cet ancien ministre du Pétrole de 49 ans, qui avait été désigné le 13 octobre pour former le gouvernement, évoque son intention de se démarquer du président Hadi, dont il semble contester les concessions faites aux miliciens chiites. Dans la foulée, le président a démissionné, affirmant que le Yémen était arrivé dans « une impasse totale », selon une lettre dont l'AFP a obtenu copie. Mais sa décision a été rejetée par le Parlement qui a convoqué une réunion extraordinaire de ses membres aujourd'hui pour examiner la crise dans le pays, selon un haut responsable yéménite.

 

(Lire aussi : « Il y a toujours une voie de réconciliation dans le jeu politique yéménite »)


La milice chiite quadrille Sanaa

Sur le terrain, les miliciens chiites étaient toujours omniprésents autour du palais présidentiel qu'ils ont pris mardi, en dépit d'un accord par lequel ils s'engageaient à se retirer de ce secteur et de la résidence du Premier ministre, et surtout à libérer le chef de cabinet du président, Ahmad Awad ben Moubarak, enlevé samedi. En contrepartie, le président Hadi s'était engagé mercredi à amender le projet de Constitution. En outre, l'accord prévoyait que les houthis, ainsi que le mouvement sudiste et les autres factions politiques « privées de représentation équitable dans les institutions de l'État, auront le droit d'être nommés dans ces institutions ». En dépit de ces concessions de taille, aucun retrait des houthis n'a été signalé dans la capitale et le chef du cabinet du président n'a pas été libéré.

Par ailleurs, trois hommes armés appartenant à des tribus sunnites de la province de Marib, à l'est de Sanaa, ont été tués hier dans une embuscade tendue par des miliciens chiites, qui ont perdu six hommes, selon un nouveau bilan fourni de source tribale. Le chef de la milice chiite, Abdel Malek al-Houthi, avait menacé le 4 janvier de prendre cette province riche en pétrole et en gaz naturel, que ses miliciens convoitent depuis leur entrée dans la capitale en septembre. Mais les tribus sunnites de cette région, où el-Qaëda est également implanté, n'ont cessé depuis d'affirmer qu'elles s'y opposeraient par la force.

 

(Portrait : Abdel Malek al-Houthi, le leader chiite d'Ansarullah au cœur de la crise yéménite)


Parallèlement, quatre provinces du sud du Yémen, dont celle de Aden, ont décidé de refuser les ordres venant de la capitale Sanaa et adressés aux unités militaires et aux forces de sécurité de ces régions, selon un communiqué de leur comité de sécurité publié hier soir.

De son côté, l'émissaire de l'Onu Jamal Benomar, accouru à Sanaa hier après la recrudescence des violences qui ont fait au moins 35 morts et 94 blessés, a rencontré des représentants des forces politiques du pays. Devant la presse, il a appelé les représentants des forces politiques, y compris ceux des houthis, à « résoudre toute divergence (...) par le dialogue et loin de toute violence ou tout chantage » politique.
Enfin, les États-Unis ont indiqué hier qu'ils observaient la situation au Yémen, dont les événements ont poussé ces dernières heures le président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi à la démission, tout en précisant qu'ils soutenaient une transition politique pacifique.

 

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