USA : un prisonnier musulman autorisé à porter la barbe pour raisons religieuses

La Cour suprême des Etats-Unis s'est rangé du côté d'un prisonnier musulman, lundi, en l'autorisant à porter une barbe d'un centimètre conformément à ses convictions religieuses, que sa prison de l'Arkansas lui refusait pour des raisons de sécurité.

Dans une décision prise à l'unanimité, les neuf juges suprêmes estiment que les autorités pénitentiaires de l'Arkansas (sud) violent la loi protégeant les pratiques religieuses car "elle empêche le plaignant de laisser pousser une barbe d'un centimètre conformément à ses convictions religieuses", peut-on lire dans la décision de la haute Cour rendue mardi.

Gregory Holt, alias Abdul Maalik Muhammad, qui purge une réclusion à perpétuité pour violence domestique, avait demandé à la Cour suprême de l'autoriser à porter une courte barbe, "compromis" selon lui entre la longue barbe que requiert sa religion et la barbe d'un demi-centimètre autorisée dans les prisons de l'Arkansas pour les prisonniers souffrant de problèmes dermatologiques.

La prison le force à choisir entre "adopter une conduite qui viole gravement sa croyance religieuse et contrevenir au règlement qui régit l'apparence physique et risquer une action disciplinaire", estime le juge Samuel Alito, dans le jugement de la Cour. En outre, si la prison a tout intérêt à "réguler les objets de contrebande", elle n'a pas prouvé que laisser une barbe d'un centimètre représentait un danger, "particulièrement en raison de la difficulté à cacher un objet dans une barbe si courte et l'absence de règlement identique s'agissant de la longueur des cheveux", ajoute-t-il.

Quarante des cinquante Etats américains, ainsi que le gouvernement fédéral et la capitale Washington, permettent aux prisonniers de porter la barbe si leur foi le requiert, conformément au premier amendement de la Constitution qui protège la liberté de religion. Mais l'Arkansas rétorquait qu'un prisonnier peut s'en servir pour se déguiser à des fins d'évasion et pour dissimuler toutes sortes d'objets dangereux.

Les neuf juges suprêmes, dont six sont catholiques et trois juifs, avaient examiné cette affaire début octobre. Comme à leur habitude, ils se sont prononcés nettement en faveur de la liberté religieuse. Ils l'avaient fait précédemment dans une affaire de prière récitée en début de conseil municipal et dans le cas d'un employeur qui refusait, au nom de ses croyances, de payer l'assurance maladie pour la contraception.