Tous deux sont des ennemis fondamentaux du Liban. Hier, c'étaient les islamistes sunnites, à coup de voitures piégées dans la banlieue sud de Beyrouth et au nord du pays, avec des innocents absolus, morts ou blessés ; aujourd'hui, c'est l'armée israélienne, avec des raids sur le Golan syrien, avec des miliciens hauts gradés du Hezbollah tués : le parti chiite paie encore une fois dans sa chair le prix de sa non-distanciation, métastasée et affligeante, par rapport à la guerre en Syrie, aussi hystériques que soient les voix et les porte-voix du Hezb dans leur frénétique répétition du pourquoi stratégique, idéologique, organique même, de leur immersion dans le conflit outre-Masnaa. Il le paie dans sa chair, mais aussi, mais surtout, il fait payer le Liban en général, la coexistence sunnito-chiite en particulier.
Le prix est exorbitant. Il s'y emploie par ses actes, bien sûr, mais aussi par ses mots, comme il y a quelques jours, lorsqu'il a menacé de riposter aux raids israéliens en Syrie qui visent tout l'axe de la Résistance, exhibant, comme un enfant tout fier, un nouveau Toy Soldier, ses missiles iraniens Fateh-110 capables d'atteindre tout le territoire de l'État hébreu. Le gouvernement Netanyahu, qui n'a pas fini, notamment dans les territoires palestiniens, d'élever le terrorisme d'État au rang de deuxième religion, n'a pas attendu. À cet insensé et acnéique étalage de biceps, six hommes du Hezb, en visite d'inspection, selon le parti, ont perdu la vie.
Hassan Nasrallah devait prendre la parole hier en soirée. Il ne l'a pas fait. Qu'aurait-il dit ? Rien sinon exactement, à la virgule près, ce qu'auraient exigé les ayatollahs et autres pasdarans à Téhéran. Lesquels, jusqu'à nouvel ordre, ne mettraient aucunement en péril, pour tout l'or (jaune, noir ou blanc) du monde leurs négociations sur le nucléaire iranien avec la communauté internationale, qui reprendront début février, selon Pékin. Qu'aurait dit Hassan Nasrallah à sa rue, désormais uniquement chiite, et c'est là sa plus gigantesque défaite depuis sa noyade syrienne : les Arabes, aussi farouchement opposés soient-ils, et ils le sont, à l'État islamique et autres Front al-Nosra, ne pardonneront jamais au Hezbollah son mercenariat auprès du gang Assad. Qu'aurait dit Hassan Nasrallah, à part lever l'index et la voix, et menacer de nouveau tous azimuts ? Qu'aurait-il dit ? C'est insensé : à moins que les Iraniens ne commettent la plus grosse erreur politique depuis 1979 et l'arrivée de l'ayatollah Khomeini au pouvoir, tout est finalement possible, le secrétaire général du Hezbollah et l'ensemble du parti n'ont plus que le choix des larmes. Plus celui des armes.
Exactement comme un certain Fouad Siniora dont les canaux lacrymaux avaient été copieusement moqués durant la guerre de juillet 2006. Après avoir payé de leur sang pendant toute l'occupation israélienne, les Libanais de la communauté chiite tombent aujourd'hui à un rythme affreux en Syrie. À cause du Hezbollah. C'est inouï.
commentaires (4)
LA GOLAN EST ABANDONNÉ PAR LE RÉGIME SYRIEN DEPUIS PLUS DE QUARANTE ANS. ILS N'OSENT PAS S'Y AVENTURER PAR PEUR DE REPRÉSAILLES. LE HEZB LE FAIT POUR ATTIRER SUR LE LIBAN QUELQUE GUERRE MAJEURE ET DESTRUCTRICE QUE LES AUTRES N'EN VEULENT PAS CHEZ EUX !
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 17, le 19 janvier 2015