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Moyen Orient et Monde - Analyse

El-Qaëda cherche à regagner le terrain perdu dans la mouvance jihadiste

Nasser bin Ali al-Ansi, le leader de la branche Yemenite d'el Qaeida. REUTERS/Khaled Abdullah

En revendiquant l'attaque contre Charlie Hebdo, el-Qaëda a voulu montrer qu'il pouvait frapper un grand coup en Occident et s'en prévaloir pour regagner le terrain perdu dans la mouvance jihadiste face à son rival, l'État islamique (EI), selon des experts.
« L'attaque contre Charlie Hebdo remet indéniablement en selle el-Qaëda dans sa rivalité avec l'EI », affirme Laurent Bonnefoy, spécialiste du Yémen, d'où a été annoncée mercredi la revendication, jugée « authentique » par les renseignements américains. 2014 a été l'année de la remise en cause totale du leadership d'el-Qaëda sur la mouvance jihadiste au Moyen-Orient, en particulier en Syrie et en Irak.
D'autre part, la revendication par el-Qaëda de l'attaque qui a décimé le 7 janvier la rédaction du journal satirique français Charlie Hebdo vise, par son retentissement international, à remobiliser les combattants, à séduire des aspirants jihadistes et à reprendre l'initiative sur tous les terrains, y compris celui de la propagande, affirment des experts.
Après la montée en puissance de l'EI, « el-Qaëda essaie de réagir en menant des actions comme celles de la décennie 2001-2011 », explique Mathieu Guidère, professeur d'islamologie à l'université de Toulouse.
Charlie Hebdo, « c'est une opération de propagande par l'acte » qui peut faire revenir certains jihadistes ayant abandonné le réseau, estime M. Guidère, ajoutant qu'el-Qaëda peut se renforcer, l'EI étant « affaibli par les frappes » internationales en Irak et en Syrie. « C'est le principe des vases communicants », selon lui.
M. Bonnefoy note que « les moyens d'Aqpa sont plus faibles que ceux de l'EI », mais « el-Qaëda continue à représenter une menace, d'autant plus que la rivalité entre les deux organisations peut produire une forme d'émulation ». Selon une autre spécialiste du Yémen, April Longley, de l'International Crisis Group, « la faiblesse aiguë de l'État » yéménite depuis la prise de la capitale Sanaa en septembre par des miliciens chiites « offre de nouvelles opportunités à Aqpa ».
Elle explique que la volonté d'el-Qaëda d'apparaître en première ligne dans le combat contre ces miliciens chiites permet au réseau sunnite de promouvoir un discours « confessionnel » et de « gagner de nouveaux alliés » parmi les tribus sunnites, « non pas en raison de son idéologie, mais plutôt de l'ennemi commun ». Les événements à Paris se sont déroulés « sur fond de grandes manœuvres dans la mouvance jihadiste », confirme Jean-Pierre Filiu, professeur à l'université Sciences Po à Paris.
« Il est donc logique » qu'Aqpa « tente de s'arroger le prestige de leur action », explique M. Filiu. Mais Boubaker al-Hakim, alias Mouqatel, « est devenu dans l'intervalle un cadre-clef de l'État islamique », qui a revendiqué l'assassinat en 2013 des opposants laïques tunisiens Chokri Belaïd et Mohammad Brahmi.
« Nous assistons donc à une surenchère entre Aqpa "historique" et l'État islamique », auquel Amédy Coulibaly, le troisième assaillant de Paris qui a tué quatre juifs dans une épicerie casher, « avait prêté une allégeance explicite et inconditionnelle, confirmée dans sa vidéo posthume », note encore M. Filiu.
René SLAMA/AFP

En revendiquant l'attaque contre Charlie Hebdo, el-Qaëda a voulu montrer qu'il pouvait frapper un grand coup en Occident et s'en prévaloir pour regagner le terrain perdu dans la mouvance jihadiste face à son rival, l'État islamique (EI), selon des experts.« L'attaque contre Charlie Hebdo remet indéniablement en selle el-Qaëda dans sa rivalité avec l'EI », affirme Laurent Bonnefoy,...

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