France: "On était au mauvais endroit, au mauvais moment", raconte un rescapé des frères Kouachi

"On était au mauvais endroit, au mauvais moment (...) on s'est levé pour aller bosser et Fredo s'est pris une balle": Jérémy Ganz, 32 ans, effectuait des travaux de maintenance dans le hall de l'immeuble de Charlie Hebdo le 7 janvier avec son collègue Frédéric Boisseau quand les frères Kouachi sont entrés.

"Qui aurait pu prévoir ça? On s'attend dans nos métiers à être électrocuté, à être brûlé par un problème de chauffage mais on ne s'attend pas à se prendre une balle de kalachnikov", a raconté très ému Jérémy Ganz, mardi devant quelques médias.

Jérémy Ganz travaillait depuis 2006 avec Frédéric Boisseau, 42 ans - la première victime de Saïd et Chérif Kouachi qui ont tué 12 personnes mercredi - pour le groupe de services aux entreprises Sodexo. Ce mercredi matin là, ils étaient "heureux" de travailler ensemble.
Jérémy et Frédéric ignoraient que l'endroit abritait le siège du journal satirique.

"On était allé faire du repérage. On s'occupe du chauffage, de l'électricité, on était allé repérer les lieux pour faire notre travail, tout simplement. C'était rapide normalement", a poursuivi le jeune homme aux cheveux ras, des sanglots dans la voix.
"C'est allé très vite, on a juste eu le temps de lever la tête, il (un des frères Kouachi) a crié +Charlie+, et il a tiré. J'ai juste eu le temps de dire +on est de la maintenance+, j'ai pas vu tout de suite que Fredo était touché. Fredo a crié +Jérémy, je suis touché, appelle Catherine (sa femme)+, je me suis tourné et tout a basculé", a poursuivi doucement le jeune homme.

"Là je me suis dit, ils (les frères Kouachi) vont nous finir. J'ai tiré tant bien que mal Fredo, parce qu'il était quand même costaud, je me suis caché dans les toilettes avec lui, j'ai fermé la porte le plus vite possible, j'ai réussi à joindre personne (...) On s'est parlé. A un moment, j'ai regretté d'être là avec Fredo mais avec du recul, j'étais content d'être avec lui, parce qu'il n'est pas parti seul, il est parti dans les bras d'un ami", a poursuivi Jérémy Ganz.

Quand "j'ai vu les pompiers autour de lui, pour moi, c'était un peu comme des anges gardiens qui arrivaient, j'étais persuadé qu'ils allaient le sauver... Mais j'ai vu dans leurs yeux... Ils étaient sous le choc et là je me suis rendu compte que personne n'était prêt à ça, la police était touchée, j'ai vu de l'humanité", relate l'employé de Sodexo, qui refuse que Frédéric Boisseau "tombe dans l'oubli".