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Liban - Liban

Le dossier des militaires otages se complique

Retour à la case départ dans le dossier des militaires otages. C'est du moins ce qu'a annoncé hier le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, devant une délégation des familles.

Derrière les portraits des otages, une colonne de fumée masquant la façade du Sérail. Photos Nasser Traboulsi

Présidée par Hussein Youssef, le père de l'un des 25 otages détenus par les islamistes, la délégation était venue s'enquérir auprès du ministre des derniers développements. Ils espéraient notamment des éclaircissements sur les informations reçues, selon lesquelles l'État aurait affirmé aux ravisseurs qu'ils peuvent désormais « considérer les otages comme des martyrs ». Les familles ont reçu parallèlement de nouvelles menaces proférées contre leurs fils par l'État islamique.
« La cellule de crise n'a pas décidé de suspendre les négociations et n'a jamais considéré les militaires comme des martyrs », a assuré Waël Bou Faour aux familles. « En tant que Parti socialiste progressiste, nous n'acceptons aucunement ces allégations qui sont infondées. Malheureusement, je peux vous dire que l'affaire est de nouveau au point de départ », a-t-il dit.
Entre-temps, l'État islamique avait notifié les parents qu'il allait commencer à tuer leurs fils si l'État libanais ne relançait pas les négociations. Une nouvelle qui a suscité le courroux des parents qui ont recouru, une fois de plus, à leur réaction habituelle en brûlant des pneus place Riad el-Solh et en menaçant de recourir à l'escalade.
M. Bou Faour leur a précisé que « les menaces ont été proférées sur la base de l'idée que l'État allait considérer les militaires comme des martyrs. En tant que ministre dans ce gouvernement, je puis vous assurer qu'il n'y a rien de cela », a réitéré le ministre.

 

(Repère : Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?)


Les familles se sont ensuite rendues au siège des Kataëb à Saïfi où elles ont rencontré le chef du parti, Amine Gemayel, qui a réaffirmé devant elles sa position relative à ce dossier, qu'il considère comme étant une « cause nationale et humanitaire » par excellence. « M. Gemayel nous a assuré qu'il était en faveur de négociations qui aboutiraient à l'échange », a indiqué M. Youssef à l'issue de la rencontre.
Encore faut-il que les négociations puissent reprendre, puisque, depuis le retrait officiel du Qatar, plus aucun médiateur n'a réussi à reprendre le chemin du jurd de Ersal où se trouveraient en principe les preneurs d'otages.
Le nom du cheikh Wissam al-Masri, proposé par le Front al-Nosra via son site Internet, n'est toujours pas confirmé, encore moins approuvé par l'État libanais. Non apprécié dans les milieux du comité des ulémas sunnites pour avoir signé un accord d'entente avec le Hezbollah il y a quelques années, le cheikh salafiste est un prédicateur à la mosquée Aboul-Anouar à Tripoli.
Dans un communiqué, le Front al-Nosra a confirmé être entré en contact avec le cheikh salafiste qui aurait accepté d'assurer la médiation entre les autorités libanaises et les ravisseurs. Le texte précise que le groupe islamiste « ne conteste pas que le dossier soit géré par son intermédiaire, à condition que les prisonnières soient libérées et que la sécurité des réfugiés syriens et des civils à Ersal soit assurée ». Dans un second communiqué, le groupe islamiste confirme la désignation officielle du cheikh al-Masri comme médiateur et s'engage à suspendre les condamnations à mort des otages à condition d'instaurer un cessez-le-feu à Ersal, de mettre un terme aux arrestations des femmes et de libérer Souja Doulaïmi et Ola al-Oqaïly, les femmes islamistes détenues par les autorités libanaises.
Les milieux du cheikh al-Masri affirment que ce dernier a effectivement remis aux services de sécurité mercredi dernier les conditions d'al-Nosra et sa désignation par le groupe en tant que médiateur. Le cheikh al-Masri n'aurait reçu à ce jour aucun feu vert de la part du gouvernement lui permettant d'entamer ses pourparlers. Il reste que Moustapha Hojeiri, un cheikh salafiste proche d'al-Nosra, a démenti le fait que le groupe islamiste ait chargé le cheikh al-Masri du dossier.
Une chose est sûre à ce stade : le comité des ulémas sunnites, qui avait également offert ses services pour effectuer une médiation, a exprimé un avis négatif sur la désignation d'al-Masri, estimant qu'après les derniers développements – l'arrestation d'un des leurs à un barrage de l'armée – « la situation est devenue dangereuse ».
« La désignation du cheikh al-Masri est un indicateur qui n'est pas du tout positif pour le comité des ulémas », a précisé le cheikh Adnan Oumama. Rappelant que le cheikh de Tripoli fait partie de ceux qui ont signé l'accord d'entente avec le Hezbollah, il a souligné que « sa politique et ses orientations ne s'accordent pas avec celles du comité ». Le dignitaire sunnite a également exprimé le mécontentement des membres du comité en raison de « l'absence totale de coordination avec les services libanais ».
Revenant sur l'incident de l'arrestation du cheikh Hussam Ghali alors qu'il se rendait auprès du Front al-Nosra à Ersal, le cheikh Oumama a insisté sur le fait que Ghali avait préalablement obtenu un feu vert explicite de la Sûreté générale et du ministère de l'Intérieur. Il a souligné que des éléments de la Sûreté l'avaient accompagné jusqu'au dernier barrage à Ersal où il a été arrêté. « Si l'État est sérieux et désire réellement faire avancer les négociations, il doit inciter tous les services à œuvrer dans ce sens », a-t-il dit. Le dignitaire sunnite reprochait vraisemblablement aux autorités libanaises de n'avoir pas coordonné entre elles au sujet de la visite du cheikh Ghali.
Dans les faits, ce dernier – qui était accompagné de quatre Syriens – a été arrêté à un barrage de l'armée. Les soldats ont trouvé dans le véhicule deux revolvers avec leurs munitions, une ceinture d'explosif, une mitraillette kalachnikov et des grenades. Selon des informations diffusées par la chaîne LBC, l'enquête, qui se poursuit à ce jour, a montré que ni le ministre de la Justice ni celui de l'Intérieur, et encore moins le directeur de la Sûreté générale n'étaient au courant de la visite du cheikh Hussam Ghali auprès du groupe al-Nosra.

 

Pour mémoire

Un seul mot d'ordre place Riad el-Solh : « Libérez nos fils, sinon ce sera la révolution »

Présidée par Hussein Youssef, le père de l'un des 25 otages détenus par les islamistes, la délégation était venue s'enquérir auprès du ministre des derniers développements. Ils espéraient notamment des éclaircissements sur les informations reçues, selon lesquelles l'État aurait affirmé aux ravisseurs qu'ils peuvent désormais « considérer les otages comme des...

commentaires (4)

MAIS CETTE HISTOIRE DE TROIS LEA...DERS CHRÉTIENS QUI REFUSAIENT TOUT AUSSI L'ÉCHANGE DE PRISONNIERS POUR LA LIBÉRATION DES OTAGES "CHOQUE" ! PATRIARCHE RAÏ, NETTOYEZ LES ÉTABLES !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 45, le 16 décembre 2014

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Commentaires (4)

  • MAIS CETTE HISTOIRE DE TROIS LEA...DERS CHRÉTIENS QUI REFUSAIENT TOUT AUSSI L'ÉCHANGE DE PRISONNIERS POUR LA LIBÉRATION DES OTAGES "CHOQUE" ! PATRIARCHE RAÏ, NETTOYEZ LES ÉTABLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 45, le 16 décembre 2014

  • UNE HONTE POUR L'ETAT LIBANIS ! FAITES L'ÉCHANGE POUR EN FINIR ! ET N'ACCUSEZ SURTOUT PAS LES CHRÉTIENS... ILS NE SONT PAS EUX QUI METTAIENT DES LIGNES ROUGES POUR NAHR EL BARED Où LES PRISONNIERS DONT IL S'AGIT DE LIBÉRER LEUR ÉTAIENT DES 7ABAYEB HIER ET TAKFIRISTES AUJOURD'HUI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 13, le 16 décembre 2014

  • Pauvres soldats ! Que de confusion, que de tumulte, que d'irresponsabilité, et maintenant que de cheikhs dans leur affaire ! Un labyrinthe.

    Halim Abou Chacra

    05 h 25, le 16 décembre 2014

  • Il est vraiment utile de rappeler que la sort aurait été toute autre pour les soldats de cette armée-là, si la "Douce France" ne s'était pas déjà retiré avec tous ses régiments de "zouaves sénégalais"....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 41, le 16 décembre 2014

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