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Moyen Orient et Monde - Législatives

Pari (presque) totalement réussi pour Abe

Le parti du Premier ministre japonais a remporté une large victoire aux élections, mais le très fort taux d'abstention (48 %) a un peu gâché la fête.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe dont le parti vient de remporter une large victoire aux législatives. Issei Kato/Reuters

Le parti du Premier ministre japonais Shinzo Abe a remporté hier une large victoire aux élections législatives que le chef du gouvernement conservateur avait provoquées et transformées en référendum pour ou contre sa politique économique basée sur les abenomics. Selon les résultats fournis par la chaîne de télévision publique NHK lundi à 01h35 heure locale et rapportés par l'AFP, le Parti libéral-démocrate (PLD, droite) a obtenu entre 290 et 292 des 475 sièges en jeu, contre 295 dans la précédente assemblée qui en comptait 480. Il n'a pas réussi à franchir la barre rêvée des 300 sièges de la Chambre basse, mais en conserve néanmoins plus des deux tiers (équivalant à 317 sièges) avec les 35 sièges (au moins) contrôlés par son allié centriste Nouveau Komeito, quatrième formation en nombre de députés.
Ce parti aurait pour sa part obtenu entre 31 et 36 sièges, contre 31 députés sortants. Le PLD en avait 295. Et les autres médias donnent des chiffres proches, tout en étant plus affirmatifs quant à la garantie pour la coalition PLD/Nouveau Komeito de garder les deux tiers de la Chambre des députés, majorité permettant de valider des lois même en cas de désaccord du Sénat, lequel est de toute façon également dominé par le PLD.
À vrai dire, la victoire de la formation de M. Abe ne constitue pas une surprise, tant l'opposition, divisée, était tout sauf en ordre de marche. En effet, émiettée et prise au dépourvu par un scrutin qui, selon elle, n'avait pas de raison d'être, elle n'est pas parvenue à entamer la suprématie du PLD qui domine la vie politique nippone depuis six décennies, à quelques courtes années près. Et d'après la NHK, le Parti démocrate du Japon (PDJ, centre gauche), deuxième formation du pays, ne recueillerait qu'entre 73 et 75 sièges, ratant la barre des 100 espérée (contre 62 députés sortants).

Une victoire qui oblige
Ainsi, près de 105 millions de Japonais étaient convoqués hier pour voter, mais l'enthousiasme n'y était pas, en raison du manque d'enjeu et d'une météo défavorable dans une partie du pays. Et si M. Abe peut certes s'enorgueillir d'avoir remporté son pari, la participation que le scrutin a suscitée ternit quand même le tableau. En fait, jamais l'abstention, près de 48 %, n'avait été aussi forte. Elle est d'environ 7 points supérieure à celle des législatives de décembre 2012, qui avaient déjà été boudées comme jamais par une population de plus en plus dépolitisée. « C'est très dommage, c'était déjà un plus bas historique la dernière fois, on aurait aimé l'élever », a regretté M. Abe sur la chaîne NHK.
Pour sa part, le chef du gouvernement, lui-même réélu député dans la préfecture de Yamaguchi, avait parcouru environ 14 000 km à travers le pays pour faire campagne ces deux dernières semaines, écartant savamment du débat les sujets qui fâchent (relance des centrales nucléaires, réinterprétation de la Constitution pacifiste).

Où sont les femmes ?
« La coalition a remporté la majorité, il lui appartient désormais de répondre aux attentes des électeurs avec humilité », a-t-il déclaré hier soir avec une modestie inhabituelle. « Les élections législatives désignent la couleur de l'exécutif, et je pense que cette fois elles ont salué les performances du gouvernement Abe depuis deux ans », a-t-il poursuivi. En dissolvant la Chambre basse, il dit avoir voulu demander à la population son avis sur la poursuite de sa politique des « abenomics » censée redresser l'économie. Pour rappel, depuis sa mise en œuvre fin 2012, cette stratégie a dans un premier temps eu des effets positifs (baisse du yen, retour d'une inflation modérée et regain de croissance), mais elle s'est essoufflée ensuite et le Japon est retombé en récession au troisième trimestre de cette année. Dans ce contexte, « la victoire va renforcer le capital politique de M. Abe et lui permettre de s'attaquer à des questions difficiles plus confortablement », a estimé Yoshinobu Yamamoto, professeur de sciences politiques à l'Université de Niigata.
« Nous pouvons amorcer un cercle vertueux grâce à l'augmentation des salaires que nous allons demander l'année prochaine et qui devrait aussi se poursuivre l'année suivante avant la prochaine hausse de la taxe sur la consommation que j'ai reportée à avril 2017 », a estimé M. Abe sur la chaîne NHK, renvoyant ainsi au secteur privé une partie de la tâche à accomplir. Cela dit, pour les économistes, la question-clé est de savoir s'il saura mettre en œuvre les réformes structurelles promises, difficiles à réaliser mais jugées indispensables pour relancer durablement l'activité du pays.
Enfin, même si Abe n'a cessé de promouvoir ces deux dernières années une société où « brillent les femmes », ses beaux discours peinent à se traduire dans les faits puisqu'elles ne seront qu'une poignée à siéger au sein de la nouvelle Chambre basse. En effet, le PLD avait investi pour ces élections seulement 11,9 % de candidates.
Enfin, la Maison-Blanche a réagi en déclarant dans un communiqué : « L'alliance entre les États-Unis et le Japon est la pierre angulaire de la paix et de la prospérité en Asie Pacifique », se félicitant des « qualités de dirigeant » de M. Abe « sur un large éventail de sujets régionaux et mondiaux ».

Le parti du Premier ministre japonais Shinzo Abe a remporté hier une large victoire aux élections législatives que le chef du gouvernement conservateur avait provoquées et transformées en référendum pour ou contre sa politique économique basée sur les abenomics. Selon les résultats fournis par la chaîne de télévision publique NHK lundi à 01h35 heure locale et rapportés...

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