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Scan TV - Pas très cathodique

Zapping culturel

Funérailles en grande pompe de Sabah au centre-ville.

Elle était belle, mais un peu trop aseptisée, surfaite, cette image d'unité médiatique affichée par les chaînes de télévision libanaises lors de la dernière guerre menée par Israël contre Gaza. C'était le 21 juillet dernier, et, pour la première fois dans l'histoire du Liban, huit chaînes de télévision, que tant de facteurs opposent à tous les niveaux– même dans l'information, c'est-à-dire dans la description linéaire des mêmes faits! – avaient décidé de s'associer pour présenter en soirée un journal commun, sous le titre «Palestine: tu n'es pas seule», en signe de solidarité avec la population de Gaza.
Aussi louable que soit cette initiative, elle n'aura pas contribué à rapprocher d'un iota des chaînes plus que jamais prisonnières de leurs images de marque respectives et de leur public, dans un pays-paradoxe où le pluralisme politique, culturel et socio-communautaire n'empêche pourtant pas un monolithisme quasi absolu au niveau des clivages socio-politiques profonds. Or les médias, dont la fonction latente devrait en principe être celle d'ouvrir une infinité d'horizons aux téléspectateurs, finissent par créer ou conforter l'existence de véritables bulles, contribuant ainsi à abolir, au passage, ce qui reste encore comme espaces communs au sein de la Cité. C'est là l'une des formes du délitement général, et notamment médiatique, dont ont fait état les différents ministres de l'Information qui se sont succédé ces dernières années. D'une quasi-uniformisation de l'information sous l'occupation syrienne, due à la censure et l'autocensure au nom du dogme baassiste de la «liberté responsable », les chaînes de télévision sont passées aujourd'hui dans une sorte de pluralisme chaotique, se comportant comme les réseaux sociaux, où les informations sont triées sur mesure de manière à ne jamais trop sortir le téléspectateur du carcan politico-culturel dans lequel il se trouve.
Un exemple concret de ce fossé médiatico-culturel vient de se poser, tout récemment, sur notre petit écran. Les chaînes de télévision locales, dans leur quasi-intégralité, ont ainsi couvert de manière extensive les funérailles-marathons des deux géants de la scène artistique disparus la semaine dernière, Sabah et Saïd Akl. Tant et si bien que ces adieux ont pris la forme d'une sorte de révérence commune à un passé mythique, doré, du Liban, incarné par les deux figures légendaires. Une sorte de célébration aussi d'une unité nationale et culturelle autour de l'art, et loin des clivages politiciens ou idéologiques. Les images de l'adieu populaire et national à Sabah, par exemple, rappelaient, par certains aspects, celles, impressionnantes, des funérailles du Amid du Bloc national, Raymond Eddé, en mai 2000.
Seule ombre triste au tableau, pourtant, dans cette célébration nostalgique d'un Liban en voie de disparition, l'occultation des deux cérémonies par la chaîne du Hezbollah al-Manar.
Pour Saïd Akl, c'est, au contraire, le démon de la guerre, avec son lot de haines et de divisions, qui a une fois de plus été ressorti. À l'heure où il était question d'enterrer un grand poète qui a su, par sa verve poétique, porter le Liban culturel au plus haut niveau dans le monde, certains s'occupaient en effet à exhumer des diatribes vieilles de 32 ans, propres à une époque où la violence et la haine de tous contre tous étaient le moteur de la vie quotidienne, le pain quotidien de la quasi-totalité des parties et des composantes libanaises.
Mais si l'on peut comprendre, sans vouloir trop être exigeant, le fait que le Hezbollah et son organe télévisé n'aient pas voulu pardonner à Saïd Akl son discours martial d'il y a trente ans – d'autant que ce discours peut paraître choquant aujourd'hui pour une bonne partie des Libanais, notamment pour l'auteur de ces lignes –, cela n'explique pas pourquoi le même sort – un mépris souverain – a été réservé, quelques jours auparavant, à la diva Sabah.
L'ambiance festive des funérailles était-elle insupportable, parfaitement incompatible avec l'austérité d'al-Manar ? Ou est-ce là parce que l'objet de cet ultime hommage était une femme, qui plus est dont le mode de vie ne sied pas aux valeurs culturelles et à la vision de l'homme prônées par la «résistance»?
Autant de questions légitimes qui auront traversé l'esprit de plus d'un téléspectateur averti au cours des derniers jours.

Elle était belle, mais un peu trop aseptisée, surfaite, cette image d'unité médiatique affichée par les chaînes de télévision libanaises lors de la dernière guerre menée par Israël contre Gaza. C'était le 21 juillet dernier, et, pour la première fois dans l'histoire du Liban, huit chaînes de télévision, que tant de facteurs opposent à tous les niveaux– même dans l'information,...

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vous vous etonner? c'est la plus grande preuve que al manar et consort sont iranien et non libanais !!!

Bery tus

15 h 09, le 06 décembre 2014

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Commentaires (3)

  • vous vous etonner? c'est la plus grande preuve que al manar et consort sont iranien et non libanais !!!

    Bery tus

    15 h 09, le 06 décembre 2014

  • Mais voyons ! Vous voulez qu'al-Manar s'abaisse à ces "choses insignifiantes", les funérailles de Sabah et de Said Akl ? Parlez plutôt de choses grandioses, comme étaient les discours extravagants de l'inénarrable Ahmadi Nejad, par exemple.

    Halim Abou Chacra

    06 h 00, le 06 décembre 2014

  • Il ne faut pas chercher profondément les "théories!?" fakkîhdio-libanistes, qui se résument, dans cet abîme, en 2 bêtes "théories?" : la 1ère, fakkihdiotiste, qui établit l'embargo sur l’Arack…. et Sabâh ; et la 2nde, Saïîd Äaëéliste sur l'éducation phénicisto-libaniste du public, qui abolit l'incrédulité ! Si l'on rendait ainsi + ardue à leurs Libanais(h) pâmés la jouissance d’1 Diva-eau de vie, on leur versait avec d'autant + d'abondance l'eau de la vraie vie libaniste. Si, en établissant 1 embargo sur cette boisson éthylique et sur 1 Diva…. toutes 2 nationales ; les fakkîhdiotistes proclamaient l'intangibilité de leur système archaïque et rétrograde détesté ; les libanistes phénicistes Saïîd Äaëélistes, eux, s'efforçaient, au moyen de leur "théorie?" sur l'enseignement de la "populace", de s'assurer de l'ancien état d'esprit de ces "masses". On est surpris de voir ces phinikïyéàRiens, "marchands-apôtres" du voltairianisme, confier à leurs ennemis, les "Clergés", le guidage de l'esprit sûr "araméanisé" selon eux, de leurs Libanais(h)…. niais. Mais si ces fakkihîstes et libanistes pouvaient diverger en ce qui concerne la Wilâïyâh des uns et la Mouttassarifïyâh des autres, ils comprennent par contre que leur "bonne domination" imposait l'unification de tous les moyens d’abrutissement de leurs 2 "théories!" retorses ; et qu'il fallait compléter les moyens d'asservissement de ce pathétisme walïyoulfakkihiste par ceux de cet autre ébaubisme puéril "bala äaëél" Saïîd Äaëéliste.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 04, le 06 décembre 2014

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